Chapitre II partie 7 La bataille Kaa

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La vitre qui délimitait la zone à ne pas franchir pour les poissons fut comme obéissante à cette magie, elle fut comme inexistante pour Darar, qui la traversa comme une sorte de barrière d'eau. Anthropos ne comprenait rien, il était le témoin d'une magie, bien plus forte que toute magie qui l'a pu rencontrer.
À sa droite comme à sa gauche les poissons se tenaient tels des soldats prêt à mourir au combat, Darar sans tourner la tête, avec sur son épaule son prisonnier avançait tout droit vers l'autre côté, une bulle d'oxygène formait un tunnel long de part en part.
Après une marche d'environ une quinzaine de minutes, Darar sortit de ce tunnel et par la même occasion de cet aquarium.
Et ce ne fut pas un couloir sombre qui les accueillit, mais plutôt une grande pièce, bien éclairée, au milieu de laquelle se tenait une grande table d'or et d'argent sur laquelle était inscrit en son milieu en une langue qui était familière à Anthropos « Quisreusnihilvivre, nunquammorihod (Qui se rend coupable de ne rien faire pour vivre doit mourir aujourd'hui pour ne plus vivre demain) » que voulait bien dire cette citation ? Mais d'autres préoccupations agitaient l'esprit d'Anthropos.
Darar le posa à terre et le libéra de ces lianes.
« Vous êtes ici dans l'une des cités de l'aube et du crépuscule, elle est la cité qui nous a permis de sortir des ténèbres, nous avons ici, formé la plupart de nos esprits endormis, et si vous faites appel à votre mémoire, vous ne serez pas surpris de n'être pas si étranger à cet endroit.
Nous allons faire le tour du propriétaire et je réveillerai en vous des souvenirs enfouis ».
Et les deux hommes se mirent à ouvrir les différentes portes qui jalonnaient la grande pièce circulaire, six précisément.
La première porte fut la porte du passé, elle recélait les trésors de l'histoire des Mouhrans, la franchir c'était s'immerger dans le passé et risquer d'y être prisonnier. Derrière la porte l'on apercevait une vie qui continuait à se dérouler, un monde parallèle qui rejouait mainte et mainte fois la même histoire, Darar expliquait à Anthropos que le but des Mouhrans était d'exterminer la race des humains pour pouvoir réécrire leur histoire.
Jadis dit-il « nous vivions sur une île, car il faut savoir que les Mouhrans ont peur des vastes terres, il leur faut pouvoir avoir accès à la mer pour fuir les terres en cas de danger, c'est pourquoi tous les peuples Mouhrans vivent sur des îles.
Je disais nous vivions sur une île paisiblement, nos lois sont assez particulières, elles se font et défont sur la loi du dominant régnant. Pendant des années pour ne pas dire des siècles, chaque peuple pillait l'autre pour mieux le dominer, on ne se faisait aucune politesse, mais jamais nous n'allions jusqu'à exterminer l'autre, toujours dans l'irrespect, le déshonneur, l'humiliation du dominé, mais pas plus loin.
Mais un jour une race dont on ne connaissait pas l'existence débarqua sur notre île avec plusieurs navires, des hommes par milliers, armés bien entrainés à la guerre vinrent s'interposer sur le conflit qui concernait nos peuples.
Ils prirent la défense des dominés qui cela dit n'avait rien demandé, les traditions sont l'empreinte d'une culture et le spectre d'un passé. S'affirmant justiciers, ils ont mis fin au conflit nous opposant aux dominés, ils exécutèrent les mâles et les femelles qui leur résistaient, firent des dominé des propriétaires terriens et des dominants des esclaves dans les mines des terres voisines.
Les années passaient et les dominés se plaisaient à servir les nouveaux maitres. Les autres mouraient le plus souvent dans les mines d'or. Mais l'histoire devait s'écrire autrement, nous devions avoir une revanche sur la race des hommes.
Non loin de la terre noire, des Mouhrans creusèrent dans une montagne des souterrains pour assouvir la cupidité de l'homme, alors qu'ils voulaient agrandir le tunnel et découvrir de nouveaux gisements d'or.
Ils arrivèrent sur une grande plaque de marbre qui se cachait derrière une couche de quartz, à plusieurs ils l'a déplacèrent et quelle fut leur surprise quand de l'autre côté une grande pièce dans laquelle se trouvait des pièces d'or à ne plus savoir qu'en faire et des livres au nombre de trois.
L'or chez les Mouhrans n'est pas un minerai de valeur, c'est pourquoi pour acheter leur liberté ces Mouhrans ont montré leur découverte à leur maitre en omettant de leur parler des trois livres.
Ces livres sont le début des œuvres de la laqba. Heureux de leur découverte, les hommes firent de ces Mouhrans des propriétaires terriens sans se douter que plus tard, ils seraient des magjistarveki qui... »
Darar interrompit son récit, il en avait oublié le but de sa venue, referma la porte du passé et se dirigea vers la porte du crépuscule là se dessinait l'espoir et les rêves de chacun et pour Darar l'espoir d'un avenir riche, tourné vers un Nouveau Monde, celui des Mouhrans.
Donc derrière cette porte se cachaient tous les projets mis en place pour mener à bien cet ordre nouveau qui déstabiliserait la race de l'homme.
Anthropos comme un enfant émerveillé ne posait aucune question, il était subjugué par cette magie, la porte du crépuscule était vide de sens à ses yeux, il ne pouvait voir se dessiner les projets des Mouhrans, rien ne lui apparaissait, rien si ce n'était, qu'une porte derrière laquelle une obscurité des plus effrayantes régnait.
La porte de l'aube qui se trouvait tout prêt était la source qui donnera aux Mouhrans la force de vaincre les hommes, là se trouvait les futurs esprits endormis qui infiltreront la terre des hommes pour demain les trahir. Darar était fière d'expliquer comment et pourquoi des hommes ont été choisis pour servir les Mouhrans.
« Je ne suis pas l'investigateur de ce projet, mais je me charge avec grand plaisir de mettre en application toutes les étapes à son aboutissement. »
Ce fut la seule porte que les deux hommes ont franchie et de l'autre côté, des dortoirs longs, très longs à ne plus distinguer la fin.
En face des deux hommes six couloirs dans lesquels se trouvaient des dortoirs qui se distinguaient par des couleurs différentes, la première couleur était le blanc, deux tons de blanc.
Pour le dortoir des nourrissons terne pour les garçons et plus clair pour les filles et ce fut de même pour les autres couloirs rouges pour les enfants, pourpres pour les garçons et clairs pour les filles, vertes pour les adolescents, foncés pour les garçons et clairs pour les filles et enfin bleus pour les adultes,foncés pour les hommes et clairs pour les femmes. Voilà pour la classification, pour expliquer la présence de tous ces dortoirs il fallait qu'Anthropos pénètre dans un des couloirs, là qu'elle ne fût pas sa stupéfaction face à ces corps endormis, sur lesquels était posé des feuilles d'alocasiamacrorrhiza14 appelée plus communément oreille d'éléphant, surprenante
couverture que celle-ci.
Les feuilles étaient si grandes qu'elles recouvraient
entièrement le corps et ne laissaient apparaître que la tête. Comment décrire cette image irréelle de couloir du sommeil qui s'apparente à celle de la mort.
Anthropos avait des bribes de souvenirs qui éveillaient en lui un mal-être, il commençait à comprendre le but de sa venue. Son subconscient venait d'envoyer un message à sa conscience et combien fut douloureuse la réception d'une vérité longtemps effacée, une larme d'émoi coulait sur son visage, elle ruisselait et redessinait les traits d'un être fatigué et combien harassé d'une vie préfabriquée.
Darar sentait que l'esprit endormi venait de se réveiller et qu'il pouvait le façonner de nouveau, pour mener à bien les missions de sélection des élus.

Les héritiers du bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant