Je me tourne vers Javi et pousse un lourd soupir. Il faut que je devienne méconnaissable. J'observe mes beaux cheveux bruns qui toutefois sont bien abîmés, il fallait que je passe par le coiffeur de toute façon. Javi peut me les couper, il faut que je change de tête après tout. Après avoir décoloré mes cheveux, elle me les passe aux ciseaux.

— Tu devras patienter demain pour ton nouveau passeport et ta carte d'identité, Thierry me dit. Il sort l'appareil photo et me guide vers la cuisine, là où le mur est blanc. Il tire quelques photos avant de quitter la maison.

— Ca va aller vite, ne t'inquiète pas, Javi me dit. Elle m'offre un large sourire tout en ajustant quelques boucles rebelles que Thierry a dû capturer avec l'appareil photo lui aussi. Les larmes aux yeux, Javi lâche un lourd soupire. Elle passe avec sa main sur ma joue. Ses doigts tremblent.

— Jacob est un gars bien, il s'en sortira, princesa.

Des cris de bébé se font tout à coup entendre. Dans d'autres circonstances, je ne me serais pas inquiété. Après tout, un bébé pleur pour maintes raisons : parce qu'il a faim ou froid, ou il a tout simplement besoin d'attention. Ou, dans de circonstances actuelles, parce que quelqu'un s'est introduit dans sa chambre pour s'en prendre à moi, ou à Thierry. Javi prend la babycam, l'écran est noir. Une lueur de peur éclore dans ses prunelles.

Bien que je n'aie pas tenu d'arme à feu dans mes mains depuis de nombreuses années, je charge l'arme à une telle vitesse, comme si je l'avais fait tous les jours pendant des années. Je pose mon index sur mes lèvres, indiquant à Javi de rester silencieuse. Javi chuchote que le bébé se trouve dans la chambre au palier, la première porte à gauche en montant.

Comme quand Asher, Jacob et moi nous apprêtons à voler, je garde la tête froide. Concentrée, j'essaye de monter les escaliers sans faire de bruit. Le bébé a cessé de pleurer. Arrivé au palier, aucune autre porte n'a été ouverte, seul celle du bébé qui est entre-ouverte. Je pousse la porte et je pointe l'arme sur celui qui serait entré par infraction, mais la chambre est vide. Le bébé est toujours couché dans son petit lit. Ses grands yeux marron me fixent.

La fenêtre a été ouverte de force. La babycam a été cachée avec le rideau. La personne ne s'attendait probablement pas à faire face à un bébé. Je prends le bébé dans mes bras avant de fermer la fenêtre. Javi qui attendait en bas des escaliers se précipite vers le palier. Je lui fais signe de rester silencieuse. L'intrus peut encore être dans la maison.

— Javi, reste caché dans le placard du bébé, je lui chuchote. Elle prend son enfant dans les bras.

Je passe dans le couloir, entre dans chaque chambre, mais elles sont toutes vides. Un bruit suspect attire mon attention dans le garage. Alors que j'avais la tête froide il y a quelques minutes, je sens mon cœur battre dans mes tympans. L'arme que je tiens dans ma main droite tremble. J'inspire un bon coup et descends les escaliers. Seul le tictac de l'horloge dans le corridor résonne, ainsi que mon battement de cœur.

À pas d'homme, j'avance vers le garage. Au moment où je voulais ouvrir la porte, c'est la personne qui se trouve derrière qui l'ouvre en premier. Je pointe mon arme sur la personne, qui me maîtrise à une vitesse ahurissante et me plaque au sol.

— Lucille mierda ! Grogne Thierry. Il se lève et m'ordonne de me lever.

— Qu'est-ce qu'il t'a pris ?! Thierry me demande.

Quand Javi et le bébé descendent, une peur explose dans les yeux de Thierry. Il sait ce qui s'est passé, personne n'a besoin de le lui dire. Thierry se tourne vers moi. Il me donne mon nouveau passe port et ma nouvelle carte d'identité. Mia Steele.

— Il faut qu'on y aille, prend le nécessaire. Et Lucille, je me suis débarrassé de la décapotable aussi.

— Merci, je lui dis. C'est presque un chuchotement. Je pose mon regard sur le bébé et ses beaux yeux marron. Il aurait pu mourir aujourd'hui. Javi aurait pu mourir. Thierry aurait pu mourir. J'aurais pu mourir. Je n'avais jamais pensé à la mort de cette façon auparavant.

— Écoute Lucille, Javi et moi savons que ce jour-là arriverait, ou l'un de vous trois se trouverait devant notre porte. On a promis à Jacob de repayer notre dette, même si cela signifie que nous devons prendre des risques, tout comme Jacob a risqué sa vie pour sauver la nôtre.

— On lui doit notre vie, Javi me dit en offrant un faible sourire.

— Le problème maintenant, c'est qu'ils te veulent, Lucille. Les autres veulent sauver Jacob et le faire sortir de derrière les barreaux tout autant que toi. Ils savent tous que si Jacob va passer sa vie derrière les barreaux, il entraîne tout le monde avec lui dans sa chute. Ils vont essayer de tout faire pour travailler avec toi afin de t'aider à sortir Jacob de derrière les barreaux, mais n'accepte aucune des offres, même si elles menacent Javi, le bébé ou moi, d'accord ?

Son conseil était pourtant très clair, pourquoi ne l'ai-je pas écouté ?

Merde quoi.


***

Nouveau chapitre!! J'espère qu'il vous plaira! :D 

Laure x

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Dec 29, 2020 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Lui, malgré toutWhere stories live. Discover now