-Vous faîtes des distinctions de genre ?

-Oui ?

-Pourquoi ? »

A ça, Victoria ne sût pas trop quoi répondre. Elle se contenta de ralentir, tournant la tête vers Alix qui la regardait avec des sourcils froncés. Elle n'avait pas d'explications à lui donner, cela lui semblait simplement naturel. Visiblement, ce n'était pas le cas du jeune homme, qui semblait presque satisfait de pouvoir à son tour lui apprendre quelque chose ;

« Le genre n'a pas de réelle importance chez nous. A la limite dans la caste du mariage, mais c'est tout. Chez les Chiens, c'est même une chose dont on se moque totalement. Ce n'est qu'un détail, nos compétences sur le terrain sont bien plus importantes. »

Attentive, Victoria hocha lentement la tête, observant alors le général s'approcher d'une des parois décorées par les plus jeunes à l'aide de craie et de peinture. Il n'y avait par endroits que des gribouillis maladroits, des fleurs grossières et des bonhommes bâtons, et ailleurs il y avait de grandes fresques bien plus précises et appliquées faites par les plus grands. Alix avait une expression étrangement tendre, observant la frise en souriant légèrement.

« On fait quelque chose de similaire, chez nous. A notre entrée chez les Chiens, on dessine une paire d'yeux violets comme allégeance au système. Ils ne sont effacés qu'en cas de trahison. C'est une façon de rester là, même après notre mort ou notre retraite. »

La porte-parole esquissa un sourire, s'approchant de lui pour regarder elle aussi les dessins fait par toutes les générations s'étant succédé dans ces dortoirs.

« Ces dessins ne sont pas fait pour représenter une quelconque allégeance, précisa-t-elle, mais la finalité est la même. Ça leur permet de se dire qu'ils étaient là, et qu'ils ont laissés quelque chose derrière. »

Alix détourna finalement les yeux de l'œuvre sur le mur, semblant sur le point de poser une question, mais la suite se passa très vite.

Le Chien eu tout juste le temps d'apercevoir un jeune garçon bousculer les deux gardes les suivant, avant de se précipiter vers lui en poussant un cri de rage, tenant un couteau entre ses mains. Aussitôt, ses sens reprirent le dessus ; il bondit en arrière, levant la jambe pour donner un grand coup de pied dans les mains de l'enfant, le désarmant. Malgré ses mains toujours attachées dans son dos, il récupéra le couteau adroitement, l'utilisant pour sectionner la corde entravant ses poignets. Voyant que l'attaquant revenait à la charge, il s'accroupit en glissant sur le sol, attrapant ses jambes pour le mettre à terre, avant d'aussitôt l'immobiliser à plat ventre en pressant son genou entre ses omoplates, maintenant sa tête avec sa main libre, l'autre tenant le couteau. L'enfant, le souffle coupé, s'immobilisa avant de se mettre à sangloter, essayant finalement de se débattre.

« Lâche cette arme et écarte toi de lui ! »

Le cri fit relever la tête à Alix, qui s'aperçut que les deux gardes avaient armés leurs fusils et le tenaient en joue. Victoria, qui n'avait pas eu le temps de réagir, regardait la scène avec de grands yeux, les lèvres entrouvertes de choc.

Pensant à quel point il sera facile pour lui d'immédiatement égorger l'enfant, Alix comprit un peu mieux la panique qu'il lisait dans leurs mains tremblantes. Il se contenta alors de lentement tendre le couteau à Victoria, le tenant par la lame.

« Je ne compte pas lui faire de mal. »

Une fois le couteau dans les mains de la porte-parole, il leva les mains en signe d'apaisement. Alors qu'il s'apprêtait à se lever et à libérer le garçon, il croisa son regard lilas empli de larmes et de terreur ; et seulement là il le reconnut.

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