A N T I C H R I S T

• Toxique

- Je t'en prie, ça fait beaucoup trop longtemps que ça dure... Et puis on est au 21e siècle, pourquoi tu veux absolument qu'on se cache ?!

Son interlocuteur continua de le dévisager en silence, avant de soupirer et de croiser les bras sur son torse, d'un coup bien moins tendre mais néanmoins sans mauvaises pensées.

- Oui on est au 21e siècle, mais il y a toujours des gens là dehors qui n'hésiteront pas à nous renvoyer de notre travail ou à nous tabasser si ils savent qu'on s'aime.

Puis Andrew fronça les sourcils, ayant tiqué sur quelque chose.

- Et je rêve ou tu insinues que c'est de ma faute ?

Là, Gabriel hocha positivement la tête, les yeux plein de reproches.

- En effet, c'est de ta faute. Si tu me laissais dire que j'ai déjà quelqu'un, mon patron me foutrait déjà la paix.

Là, Andrew semblait se prendre un coup en pleine tête. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sortit. Et puis de toute façon, Gabriel s'était déjà éloigné pour aller dans une autre pièce, les bras croisés.

Le policier avait en effet toujours mit un point d'honneur à garder ses relations secrètes, puisqu'elles n'étaient qu'avec des hommes. Une règle d'or, au point que pas même son entourage le plus proche était au courant de sa vie amoureuse. Comme dit le dicton, « vivons heureux vivons cachés ». Précepte qui décrivait la vie entière d'Andrew jusque là.

Tout cela s'expliquait par un père très fermé d'esprit, et une éducation qui ne collait pas du tout avec chaque sentiment que le jeune homme pouvait éprouver. C'était donc par peur, et non par choix pur et dur.

D'ailleurs, il la cachait très bien sa peur, même si dans sa tête tout se déchirait.

Peur de quoi ?

Peur de devoir parler et cesser de se cacher, peur de perdre la personne qu'il aimait.

Ne prenant pas plus de temps pour réfléchir, Andrew se décida à suivre les pas de Gabriel après quelques minutes. Ce dernier était allé dans leur chambre, assit au bout du lit, le regard perdu à travers la baie vitrée qui faisait tout un mur de la pièce.

Andrew alla donc s'asseoir à côté de lui, le regard fermé comme s'il s'apprêtait à sacrifier quelque chose.

- Gabriel.

Le concerné tourna simplement la tête vers sa moitié, le regard interdit, attendant que sa moitié prononce les mots magiques.

L'homme à la chevelure d'ébène tomba donc dedans.

- Je suis désolé, je vais faire des efforts là-dessus et y réfléchir sérieusement.

Andrew prenait beaucoup sur lui à cet instant. C'était à contre coeur qu'il prononçait ces mots, qu'il allait songer à son mode de vie, qu'il s'excusait.

L'amour rend bien aveugle.

Quant à Gabriel, il retrouva une lueur de joie dans ses yeux, murmurant.

- C'est vrai ?

Andrew plongea dans ces prunelles bleues, silencieux quelques instants, cherchant simplement ne serait-ce qu'une once d'amour de la part du blond, sans voir grand chose, ce qui lui tordit encore plus l'estomac.

Cependant, il l'aimait, sincèrement, au point qu'il était prêt à tout remettre en cause chez lui même.

Alors le brun hocha doucement la tête, et une main vint se glisser dans la sienne.