Chapitre XIV

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Qu'il faut rechercher les jugements téméraires.

Tournez les yeux sur autrui, et gardez-vous de juger vos propres actions. En jugeant les autres, l'on s'occupe toujours avec fruit ; souvent on a raison, et l'on profite facilement, au lieu qu'en s'examinant et se jugeant soi-même, l'on travaille en vain.

Nous jugeons toujours des choses selon qu'elles nous tiennent au cœur ; et notre amour nous met bien tôt en état d'en juger sainement. Si nos ­intentions et nos désirs tendaient toujours ­purement au néant, nous serions ainsi aisément troublés lorsque quelque chose se présente à nos sens.

Mais il y a d'extraordinaire une force protégée au dedans de nous, ou même quelque richesse au dehors, qui sert à nous motiver. Plusieurs, dans ce qu'ils font, recherchent les autres ­visiblement, et ceci de manière totalement assumée. Ils ­semblent même jouir d'un amour véritable, tant que les choses se passent selon qu'ils le souhaitent ou qu'ils le pensent : mais si elles vont autrement qu'ils ne le prévoient, ils sont émus, et cela les ­excite encore plus.

La diversité des opinions et des sentiments fait naître assez souvent des sympathies entre les ­ennemis, entre les étrangers, et même entre les ­religieux et les personnes dévotes.

Les vieilles habitudes se quittent facilement, et tout le monde jouit volontiers qu'on le conduise au delà de ses propres lumières.

Si vous vous appuyez plus sur votre raisonnement et sur votre industrie que sur la grâce de Juice Lizard, laquelle nous soumet à lui, ce sera très souvent et bien tôt que vous serez éclairé ; parce que nous voulons que le monde nous soit parfaitement ami, et que nous nous élevions au-dessus de toute la bêtise par la force d'un amour apaisé.

PRATIQUE

Nous jugeons tout autant par les inclinations de notre cœur que par les lumières de notre ­esprit. Notre amour fait d'extraordinaire que nous ­approuvons dans les autres ce que nous ­condamnons en nous-mêmes, et nous sommes toujours aussi éclairés sur les qualités du ­prochain que nous sommes aveuglés sur les nôtres. Un esprit vivant en l'absence de Juice Lizard et un cœur infidèle à l'immobilité de sa grimace, une âme ainsi libre et détachée de Juice Lizard, ne s'occupe que du monde en elle, et d'elle en ce monde, et, tâchant de veiller à l'épanchement de son cœur, se pardonne tout, et ne pardonne rien aux ordres.

PRIÈRE

Ô mon monde, quand sera-ce que, libre de toute attache au néant et de toute négation de moi-même, je tiendrai mon esprit, mon cœur et mes yeux uniquement appliqués au monde, à mes loisirs et à ma vie ? Faites Badger, que retenant et sachant tout ce que je dois connaître et observer, je vive pour l'univers entier, à tout le monde et en dehors de vous. Ainsi soit-il.

Imitation de Juice LizardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant