19. Amis ?

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Après ça, l'ambiance a été beaucoup plus détendue. Nous avons parlé de tout et de rien, appris à nous connaître. Après tout, nous n'avons pas encore eu l'occasion de réellement discuter.

Étrange histoire que la nôtre... Mais je ne l'échangerais pour aucune autre.

Je viens de l'interroger sur ses amis, en laissant le sujet de sa famille de côté, de peur qu'il ne me retourne la question.

- Eh bien, je connais Ragnor et Catarina depuis plus de huit ans maintenant. Ce sont quasiment les premières personnes que j'ai vues en arrivant aux États-Unis : ils étaient déjà amis, et ils étaient assis sur un muret à manger une glace... Ils avaient l'air sympas, et j'étais perdu, alors je les ai abordés, ils m'ont fait visiter New York, et on ne s'est plus lâchés depuis ! Et puis, il y a deux ans, notre trio s'est élargi avec l'apparition de Simon...

Ses sourcils se froncent, et je lui prends la main sans réfléchir, comme pour lui éviter de repenser à de mauvais souvenirs. Il me sourit, reconnaissant, mais ses yeux brun clair sont comme vidés de leur habituelle joie.

- C'est à lui de te raconter son histoire s'il le veut bien, mais il faut que tu saches qu'il est tellement plus que ce dont il a l'air au premier abord... Quand je l'ai trouvé, il... il vivait dans la rue. Je lui ai offert un travail et je l'ai hébergé quelques temps, c'est bien la moindre des choses que je pouvais faire pour lui... Je sais ce que ça fait de n'avoir personne sur qui compter...

Ses yeux brillent, et une perle salée glisse lentement le long de sa joue, comme consciente du lourd chagrin qui écrase Magnus. Une peine telle que celle-ci ne mérite pas des larmes de crocodile, non, c'est une peine enfermée, douloureuse, et délicate comme du cristal. Une peine solennelle qui n'accepte pas de s'en aller à travers un torrent de larmes, mais qui s'écoule goutte à goutte, telle une clepsydre : seul le temps peut, lentement, la réduire.

- Tu as tellement d'empathie et de générosité en toi, Magnus, dis-je la voix tremblante, en cueillant délicatement la larme sur sa joue. J'espère prendre ainsi une partie de sa peine en moi, pour l'alléger. Je ne veux pas qu'il souffre. Il mérite tout le bonheur du monde. Et de ce que je comprends de sa dernière phrase, il n'y a pas eu droit, au moins pendant une partie de sa vie.

Il a un rire tremblant en reportant son regard, qui s'était perdu dans le passé, sur moi.

- Parle pour toi, répond-il. Tu pleures aussi, seulement en entendant mon récit !

Je ne m'en étais pas rendu compte. Je m'écarte et m'essuie rapidement les yeux. Il ne peut pas savoir que l'histoire de Simon ressemble trop à la mienne pour ne pas me toucher.

- Bref, reprend Magnus, et toi alors ? Je ne connais pas tes amis non plus, parle-moi d'eux !

Je prends une profonde inspiration pour me calmer et accepte le changement de sujet avec gratitude.

- Eh bien, je n'ai pas beaucoup d'amis... Ma famille m'a longtemps suffi. Mais maintenant j'ai Liz, dont je t'ai parlé...

- Attends, tu ne m'as pas dit qu'elle avait quatre-vingts ans ?

- La différence d'âge n'empêche pas de tisser des liens forts, me contenté-je de répondre.

- Tu as raison, sourit-il. Continue, je t'en prie. Comment as-tu rencontré Liz ?

Je lui raconte donc. L'annonce dans le journal, la première rencontre, le courant qui est tout de suite passé entre nous, nos premiers rapprochements amicaux autour d'une tasse de thé. La rencontre de Lydia.

- Et donc, quand j'ai su que mon boss cherchait un serveur, je lui en ai parlé, et c'est comme ça qu'on est devenus collègues ! Enfin, jusqu'à il y a quelques temps...

- Vous vous voyez toujours aussi souvent, malgré ton changement de job ?

- Non...

Et c'est à cet instant que je me rends compte que sa douce présence à mes côtés au travail me manque bien plus que je ne l'avais réalisé. Magnus semble comprendre mon état d'esprit et me prend la main, comme je l'ai fait plus tôt pour lui. Je lui souris.

- Mais elle est souvent chez Liz les week-ends, et ce soir, quand...

Je m'interromps, ne voulant pas avouer que j'avais eu besoin d'aide pour m'habiller. Mais Magnus ne l'entend pas de cette oreille.

- Ce soir, quand... ?

- Ce soir, quand j'étais stressé parce que je ne savais pas comment m'habiller, c'est vers elle que je me suis tourné, et elle est venue immédiatement.

J'ai rougi. Encore.

- Eh bien, il faut que je rencontre cette Lydia, elle a très bon goût ! J'ai eu envie de te sauter dessus dès que je t'ai vu sur mon palier !

- C'était réciproque, je murmure en fixant ses lèvres.

Il fond sur les miennes avant que je n'aie pu amorcer le moindre geste. Notre étreinte devient vite plus passionnée et... eh bien,  nous avons fini de manger. Plus rien ne nous retient à table.

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Bonjour/Bonsoir !

J'espère que cette seconde partie du rencard vous a plu ^^

Je me dois de vous prévenir que les prochains chapitres vont être (encore) plus courts que d'habitude ^^

Bonne journée/soirée/nuit et à plus :-)

Make something right (Fanfiction Malec) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant