partie 4

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Chapitre 7 :

Nous avancions dans les couloirs du palais, peu animés malgré l'heure avancée de la matinée. Protégés par mon sortilège d'invisibilité, nous progressions sans être perçus par les gardes en faction devant la plupart des portes. Personne ici à part Karka n'était préparé à lutter contre notre magie ce qui nous conférait un avantage non négligeable. Évidemment, nous n'étions pas seuls et Athénor nous suivait sous sa forme première, prêt à nous aider avec sa magie de trouble des perceptions dès que l'occasion se présenterait.

Pour moi qui n'avait jamais vécu ni même vu le luxe de près ou de loin, découvrir le palais était une véritable expérience. Tout était magnifique : des murs ornés d'une quantité folle de tableaux de grande valeur aux moquettes et aux tapis sur le sol jusqu'aux plafonds tendus de tapisseries ou peints. Même si j'appréciais le spectacle, il ne parvenait pas à me détendre et mes muscles noués témoignaient de mon angoisse. Neïla et Lihan n'étaient pas dans un meilleur état. Nous nous préparions physiquement et mentalement à la confrontation avec le roi qui n'allait certainement pas être de tout repos. Même avec nos pouvoirs respectifs, nous pouvions ne pas faire le poids face à Karka qui possédait un corps et une magie essentiellement négative et très puissante.

Nous arrivâmes à l'entrée de la salle du trône et la trouvâmes ouverte. Ce n'était pas étonnant, c'était l'heure des audiences. Cependant, il n'y avait pas foule puisqu'elle manifestait à l'extérieur et nous pûmes nous faufiler à l'intérieur sans être vus. Maintenir le sort me coûtait beaucoup moins aujourd'hui qu'aux premiers jours et nous pûmes nous avancer sans trop de risques. Je sentais à mes côtés les deux autres devenir nerveux. Nous y étions, le roi Néo était devant nous et semblait occupé à discuter avec ses généraux de la manière dont il fallait repousser la population. Cela me mit en colère.

Ajouté à cela, la pièce était encore plus opulente que tout ce que j'avais pu voir auparavant : le plafond, auquel était pendu de grands lustres, était situé à plusieurs mètres de hauteur. Les fenêtres étaient tout aussi hautes et surtout immenses et la lumière qu'elles laissaient passé éclairait l'or de la pièce, le faisant briller de mille feux. L'ameublement était tout aussi écoeurant de luxe, constitué de fauteuils brodés de fils d'or, de bureaux et de chaises marquetés, de tapis moelleux et surtout, d'un trône sculpté d'or sur lequel Néo venait de s'asseoir avec hauteur, regardant la salle de son piédestal. Le roi n'en avait que faire de ses sujets et au lieu de se préoccuper d'eux, il vivait dans un luxe inouï, les laissant mourir de faim. Même si en vérité, c'était Karka qui possédait Néo, je devinai sans mal qu'il n'aurait pas mené un train de vie différent s'il avait été sain d'esprit.

J'étais profondément en colère et Lihan éprouvait la même chose semblait-il. Même Neïla qui avait toujours vécu dans une certaine aisance trouvait cela anormal. Tout ce qui était dans cette pièce pouvait nourrir un village pendant quelques années ! Ce constat m'ôta toute la retenue qu'il me restait et je nous rendis visibles.

Juché sur son trône, Néo et Karka à travers lui ne mirent pas longtemps à nous voir. Dans la pièce, tout le monde se figea. La rumeur, devenue révolte, avait fait parler de nous et s'il pensait encore à un prétexte des habitants pour protester, il ne pouvait plus douter de notre existence.

— Pourquoi les gardes ne vous ont-ils pas retenus ?

C'était vraiment la première chose qui lui venait à l'esprit ? De plus, la réponse semblait évidente.

— Karka est au fond de lui, nous chuchota Athénor. Il ne se montre pas encore. Vous ne pouvez pas l'attaquer.

N'obtenant aucune réponse, Néo se tourna vers ses sous-fifres.

Les 4 ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant