Je frotte mon cou avec ma main pour me retenir de l'injurier. Je respire un bon coup, puis prends le papier enroulé pour le mettre dans la poche de mon sweat. Sans prononcer un mot, je sors de la grotte et m'étire une fois dehors.

— Tu n'es pas content ?

Mon regard se tourne vers Emma. Elle a l'air peinée, mais quelque chose d'autre m'intrigue. Ses doigts viennent frotter ses bras comme pour se réchauffer et sa peau est bien plus blanche que d'habitudes. Je lève les yeux au ciel en soupirant et retire mon haut que je pose délicatement sur sa tête.

— Prendre des risques pour retrouver un parchemin. J'en ai vu des idioties dans ma vie, mais celle-là, c'est la plus forte ! réponds-je avec un peu plus de douceur.

J'essaie surtout de calmer le jeu. Si je m'énerve encore une fois, elle va vouloir prendre la route seule et je vais y laisser ma vie. Elle enfile mon habit et sourit bêtement quand sa tête sort du trou.

— Merci Samuel.

— Je ne le fais pas pour toi, lui signalé-je en lui jetant un coup d'œil. Ne me remercie pas.

Je commence à marcher en faisant bien attention que mon binôme me suive. C'est vrai que je ne l'ai pas fait pour elle, mais curieusement, j'avais peur qu'il lui soit arrivé malheur. Je ne sais pas si ça à un rapport avec monsieur Morrow, Évangéline, sa mère ou peut-être elle, mais je n'aimais pas l'imaginer dans une situation périlleuse.

C'est finalement après l'heure fatidique que nous arrivons. Il est plus de minuit et c'est madame Klein qui nous accueille.

— Vous allez bien ? s'exclame-t-elle en me voyant blessé.

— Oui, réponds-je.

Je la sens dubitative. Son regard jongle entre Emma et moi, puis elle laisse échapper une pensée qui certifie les miennes. Elle croit qu'il s'est passé quelque chose et que je m'en suis pris à mon binôme au point de me blesser.

— Oui, reprend Emma avec un sourire. Des étudiants s'en sont pris à Samuel, nous retardant, mais on a le parchemin, madame Klein.

Évangéline est surprise, surtout quand la demoiselle sort l'objet de mon sweat et qu'elle lui tend. Emma aurait pu se taire par rapport à l'accident, mais monsieur Morrow et les professeurs l'auraient su d'une manière ou d'une autre.

— Le temps est écoulé malheureusement, mais je vais en discuter avec mes collègues. Retournez dans vos chambres, il est tard.

— Bien maman ! réponds-je avec sarcasme.

Elle peut être cruelle, comme douce et bienveillante comme une mère. Un vrai mystère. Elle tourne les talons, tandis que je me dirige vers le chalet suivi de près par l'irrégulière. Une fois la porte passée, je trouve la maison silencieuse, surtout que je n'ai pas vu Jasper depuis ce matin. Je hausse les sourcils avant de me diriger vers ma chambre et poser ma main sur la poignée.

— Samuel ?

Je tourne mon regard vers Emma, les yeux fuyants.

— Soigne-toi, s'il te plait.

— Ne t'ai-je pas dit...

— Que tu sais te débrouiller seul ? me coupe-t-elle. Je le sais, je disais juste ça comme ça.

Elle hausse les épaules avant de se diriger vers sa chambre et ancrer ses pupilles dans les miennes quand elle passe près de moi. Une odeur de fleurs me chatouille les narines. Je dois rêver. Je n'avais jamais fait attention au parfum qu'elle dégageait.

J'entre dans la pièce et enlève mon t-shirt pour en mettre un autre. Il faudra que je récupère mon sweat aussi. Je défais mon pantalon et enfile un short noir que j'avais fait sécher sur le radiateur. D'ailleurs, il fait un peu trop chaud dans la pièce maintenant.

Je m'allonge sur lit et vu l'heure, il ne me faut pas plus de deux minutes pour sombrer dans les bras de Morphée. La journée a été épuisante et éprouvante dans un sens. Je déteste ça. C'est un calvaire pour moi d'être ici, entre ces quatre murs. Rapidement, ce qui arrivait hier soir, se déroule une seconde fois. Les pensées des élèves me parviennent et usent mon cerveau, ainsi que mon pouvoir. Je ne le contrôle pas et je prie pour y arriver un jour. Certaines réflexions sont désobligeantes, perverses et dégoûtantes, comme d'autres sont fleurs bleues, romantiques et moroses. Sauf qu'elles s'entremêlent et se prononcent dans mon esprit toutes en même temps. Je lutte en vain pour ouvrir les yeux et arrêter ce cauchemar que mon don me fait subir, mais encore une fois, je suis au bord du gouffre et mon corps souffre. Demander à l'aide m'est impossible, mais je ne peux pas combattre désespérément.

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J'ai vraiment pris du plaisir à écrire ce chapitre. J'aime vraiment les points de vues de Samuel, plus froids que ceux d'Emma, c'est dingue ! 

J'espère vraiment qu'il vous aura plu et que mon petit Samuel aura une petite place particulière dans votre cœur. La suite arrive bientôt et c'est la charmante Emma qui vous la racontera, parce que... quelque chose va encore une fois la faire vriller, mais je vous en dis pas plus ! ♥

Les Irréguliers - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant