CHAPITRE 21 - Foule d'émotions

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I said, ooh, I'm blinded by the lights
No, I can't sleep until I feel your touch
I said, ooh, I'm drowning in the night
Oh, when I'm like this, you're the one I trust

- Blinding lights, The Weeknd


15 octobre 2009, Florence.

Le reflet que me renvoyait le miroir depuis dix minutes ne me convenait pas. Pas du tout même. Le stress me donnait des bouffées de chaleur et ruinait le maquillage que j'avais mis une éternité à réaliser. Cette humidité désagréable commençait à faire frisotter des petits cheveux par-ci par-là. Une plaque rouge difforme s'était formée dans mon cou et menaçait de s'étendre jusque dans mon décolleté. J'avais presque l'impression de sortir de la salle de sport alors que je ne bougeais pas d'un pouce depuis un moment.

Était-ce réellement humain de paniquer autant pour une soirée étudiante ?

Milo, le bel étudiant qui m'avait accueillie lors de mon premier jour à l'université, m'avait invité à une fête qui devait avoir lieu dans son appartement. Je ne l'avais pas revu depuis cette première rencontre mais nous avions échangé nos numéros de téléphone et avions conversé durant mes premières semaines à Florence.

Il m'avait envouté dès son premier sourire et le revoir pour cette soirée me mettait presque mal à l'aise. Je n'avais pas pour habitude d'avoir des coups de cœur comme celui-ci, les garçons ne m'intéressaient pas forcément. J'étais habituée à être le cœur de pierre de mon petit groupe d'amies, celle qui renvoyait bouler tout le monde dès qu'elle était abordée. La timidité qui m'avait envahie avec Milo m'horrifiait. Et si ça se passait de la même manière ce soir ?

Je réprimai un frisson et tentai de reprendre mes esprits. Tout se passera bien.

Avant de sortir de ma chambre universitaire, je jetai un dernier regard au miroir. J'étais vêtue d'une robe noire, simple mais sensuelle, en espérant obnubiler le regard de Milo pour toute la soirée.

Je rassemblai le peu de courage qui me restait et marchai dans les rues de Florence en direction de l'appartement de l'hôte de la soirée. Après une quinzaine de minutes, j'arrivai en bas de l'immeuble. Les festivités avaient déjà débuté et la musique résonnait dans la ruelle vide. Les fenêtres du deuxième étage étaient toutes ouvertes, telles une indication pour les arrivants du lieu de la fête.

J'entrai dans le petit hall et gravis les marches de pierre, le claquement de mes bottines à talons me mettait doucement en confiance. Oui, je pouvais être sexy. Oui, je pouvais plaire à ce bel étudiant.

Je poussai la porte d'entrée qui n'était pas fermée à clé et fus engloutie par une foule d'Italiens. Alors que la porte se claquait derrière moi, j'eus l'impression de pénétrer dans une bulle où les sons, les lumières et les odeurs s'entrechoquaient. Dans un état presque second, je tentai de décrypter ce qui se déroulait autour de moi.

De la musique techno donnait le rythme aux corps qui se déchainaient sur le parquet ancien. Quelques rires et cris ponctuaient les chansons, tels des instruments s'ajoutant à la symphonie de cette soirée. Une forte odeur de sueur, d'alcool et de fumée de cigarette embaumait le petit salon, me donnant légèrement le tournis.

J'aperçus les fenêtres ouvertes et, guidée par l'air frais que je sentais très légèrement, je traversai la foule de corps dansants tant bien que mal, assaillie de toutes parts par des coups de hanche et de coude. Enfin, le Saint Graal s'offrit à moi et j'inspirai un grand coup l'air frais de l'extérieur. Je m'accoudai à la petite rambarde et réfugiai mes yeux agressés par la lumière intérieure dans la noirceur de la nuit.

Un seul êtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant