Course Poursuite

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Jim, adossé à un mur de briques sale, regardait de très près "Raf" qui était toujours en possession de son couteau.

- Tu me fais vraiment honte Jimmy.

Il sursauta. Juliette, assise à côté de lui le dévisageait, un rictus collé aux lèvres.

- Tu m'avais promis que tu te trouverai un abris avec des survivants. Tu me l'as juré sur mon lit de mort ! Tu te rends compte petit frère ?!

Le jeune homme savait que ce n'était que la fatigue. Cette hallucination revenait chaque soir depuis qu'il avait quitté la maison familiale. Sans sa famille. Il se recroquevilla sur lui même et pleura en silence. Il n'y avait rien d'autre à faire que d'évacuer sa culpabilité en cédant à cette envie qui le dévorait un peu plus chaque minute : pleurer, le visage caché, comme pour se protéger des horreurs du dehors. Seulement, les horreurs n'était pas absente pour autant. Elles revenaient dans son sommeil, elle le grignotait et empoisonnaient son sang. Le souillait. C'était le mot qui l'avait frappé la première fois qu'il s'était réveillé, pantelant et pleurant. Il resta replié sur lui-même jusqu'à sombrer dans le noir de l'épuisement.

*

Un coup de pied dans les côtes fut ce qui réveilla Jim. Il ouvrit brusquement les yeux et se redressa tout aussi rapidement, persuadé d'être à nouveau attaqué dans son sommeil comme cela lui était déjà arrivé. Mais ce n'était que 'Ripper' qui lui donna un bref coup dans l'épaule.

" - Notre Sauveur est réveillé. Allez, en route princesse, on a encore un bout de chemin jusqu'au labo." 

Sans un mot, Jim se leva et suivit la troupe. Trop faible pour s'enfuir, trop loin des habitations pour se cacher, il était piégé. Il passa donc une grande partie de la journée à supputer sur ce qui le rendait si spécial aux yeux de ceux qui cherchaient un remède. Il n'avait pas, ou pas à sa connaissance, des anticorps particuliers, un groupe sanguin rare ou une résistance génétique aux maladies. Génétiquement, il était même plutôt désavantagé. Sa soeur avait été une des premières victimes de la maladie dans sa région. Les symptômes étaient apparus après une visite à l'hôpital ou elle faisait soigner sa mucoviscidose et, trois jours plus tard, elle gisait sur le sol du salon. Normalement, il fallait plus d'une semaine à l'Averse pour tuer, mais la maladie de  Juliette l'avait rendue plus vulnérable. Jim n'avait pas les insuffisances respiratoires de sa soeur et c'était cela qui l'avait sauvé car, quand il y repensait, il avait tenu le corps de la jeune femme dans ses bras sans pour autant attraper le mal.

Il en était là de ses pensées quand des bruits de coups de feux lointains se firent entendre. La troupe s'arrêta, aux aguets. Seul le bruit du couteau de Raf qui tintait contre d'autres lames rouillées brisait le silence. Il n'y avait aucune planque. Si des contaminés les trouvaient, ils étaient tous morts. Mais les malades atteints au point de s'adonner au cannibalisme ne tenaient pas d'armes à feu. Et leurs pas n'étaient pas réguliers, tapant tous en même temps contre la terre des petits chemins qui sortaient de la ville. Et enfin, les contaminés ne parlaient pas. Ils hurlaient, ils grognaient, mais ils ne parlaient pas. Et encore moins en Russe.

"Amène-toi."

La voix de Ripper fit sursauter Jim qui aurait probablement crié si l'angoisse de découvrir qui se trouvait derrière un petit amas de gravier ne lui nouait pas la gorge. L'homme le tira par le bras et tout le monde se mit à courir aussi rapidement qu'ils le pouvaient sans faire trop de bruit et ainsi alerter les soldats qui se trouvaient derrière eux. Car ils étaient bien des soldats. En tenue vert foncé, tâché de clair, armes en main et casque enfoncé sur la tête. Jim n'avait pas pu voir le drapeau cousu sur leur épaule droite, trop occupé qu'il était à ne pas se faire voir. Mais il aurait mit sa main au feu que la langue qu'ils parlaient était le russe. Mais ça n'était pas cohérant. Pourquoi l'armée Russe irait-elle se faire décimer par des contaminés en France ? Que faisait l'armée Russe aussi loin de son pays et surtout, en si petit nombre ? Ils n'étaient probablement pas là pour sauver qui que ce soit : ils venaient étudier, voir ce qui avait dévasté l'Europe de l'Ouest. Ils devaient avoir leur réponse à présent : leurs vêtements tachés de sang et de bouts de chair putréfiées indiquaient qu'ils avaient du croiser la route de quelques Muets. Certains portaient les marques des combats sur leur visage. Ils avaient des griffures, des morsures et du sang qui coulait d'en dessous leur casque. Pour la plupart, ils risquaient la mort. Soit les Muets étaient contaminés depuis longtemps auquel cas ils étaient un peu moins contagieux mais leur hygiène aurait alors raison de n'importe quel désinfectant, soit ils étaient récent et ces hommes n'allaient pas tarder à avoir de la fièvre, des hallucinations et des vomissements incontrôlables. 
Pour ceux qui survivraient à ces symptômes, la douleur les rendrait fous et ils ne tarderaient pas à attaquer les quelques rares soldats encore debout.

" - Bien, commença Ripper en chuchotant, ces mecs je les sens pas, donc soit en s'en débarrasse, soit on cours, au choix.

- Il faut les buter, sinon ils vont nous poursuivre jusqu'au labo et on va pas s'en sortir.

- Bien vu, mais ils sont armés ces cons là...

- On attend la nuit, quand ils se posent, on les chope un par un...Y'en a un qui s'éloigne ? On l'attrape sans bruit et on lui pique son arme si possible, quand ils sont plus assez pour nous tenir tête, boum, on leur tombe dessus.

- J'aurais le droit de garder mon couteau ?

-Oui Raf, tu auras le droit...

*

Attendre que le soleil se couche fut un supplice pour Jim. Normalement, ses ravisseurs auraient fait une pause mais là, ils ne pouvaient pas se permettre ne serait-ce que de relâcher leur attention. Alors quand l'astre lumineux disparu à l'horizon et que les soldats s'arrêtèrent sur le chemin pour discuter et finalement s'installer dans les bois où se cachaient les fugitifs, le jeune homme, bien qu'épuisé et toujours tourmenté par les questions qu'avaient soulevé son enlèvement sentit quelques muscles de ses épaules se détendre un peu. 

Rapidement, le crépitement d'un feu leur parvinrent. Mais ce n'était pas un feu discret et caché par des pierres comme celui de la nuit dernière, celui que Jim avait observé pendant des heures pour s'endormir à quelques mètres. Celui là était immense, de la fumée s'en échappait ainsi qu'une odeur de viande brûlé quand les Russes tentèrent de cautériser leur plaies en chauffant leurs armes blanches et en les plaquant contre leurs peaux.

Ils ne savaient rien de ce qu'il fallait faire ou non. Allumer un feu si voyant la nuit, en faire se dégager une odeur de chair dans des bois sans aucune visibilité n'était définitivement pas la bonne chose à faire. Si l'on devait les tuer, cela devrait se faire vite, avant que des contaminés, ou encore des humains sains mais mal intentionnés les trouvent. Sinon, et cela, tout le monde le savait, ni les soldats, ni ceux qui les avaient fuit toute la journée ne survivraient.


















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bleh

Contamination (En pause)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن