Réveil

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Jim se leva lentement, ébloui par la lumière du soleil qui filtrait par l'entrée de la cave où il s'était réfugié.
Il se tourna vers la petite fille qu'il avait trouvé, seule, sur le chemin et se pétrifia.
Elle toussait et des pétales de sang s'étalaient sur le sol en béton froid.
Le jeune homme voulut approcher l'enfant qui pleurait de douleur et de peur.
Elle savait qu'elle l'avait. Et elle redoutait le moment où elle devrait mourir dans d'atroces souffrances.
Quand il se trouva sur le point de la toucher, elle hurla. Un cri de douleur qui déchira les entrailles de Jim.
Elle vomit un flot de sang et de bout de chair que Jim ne tarda pas à identifier comme des morceaux de sa trachée.
Comment avait-il pu ne pas voir qu'elle était contaminée. À présent, il ne pouvait même pas l'aider à mourir rapidement sous peine de mourir également.

- A-Aide ! Mal ! J'ai mal !!

Il s'approcha d'elle mais, à ce moment précis, un éclair, un souvenir, passa derrière ses paupières.

Sa grande sœur, Juliette, qui se tordait de douleur sur le tapis du salon qui avait perdu sa teinte bois pour adopter celle du sang de la jeune fille.

Cette pensée le fit reculer brutalement. Il ne put que passer les dix minutes suivantes à regarder la petite hurler, s'égosiller.
Et vint le moment ou ses cris d'agonie cessèrent.
Jim, qui avait fermé les yeux, les ouvrit pour constater avec horreur que la mâchoire inférieure de l'enfant s'était en partie décroché.
Alors, les yeux de la petite fille se révulserent et elle s'écroula.
Le brun se leva lentement, tremblant et en sueur puis sortit de la cave.
Il arriva bientôt dans la rue et perdit connaissance après quelques minutes à fixer le vide et à laisser des larmes s'écouler silencieusement.


Il se réveilla après quelques heures. Sa tête lui paraissait être perforée par des millions d'aiguilles. Il entendait des chuchotements qui ne lui semblaient pas amicaux. Ouvrant lentement ses yeux, il réprima une grimace. Une lampe était braquée sur son visage et l'aveuglait.

- Alors la belle au bois dormant est réveillée ?

- La b-...Tu parles de moi crétin ?

Un rire cynique et des plus désagréables se fit entendre suivit d'un grognement de douleur. L'inconnu venait de frapper Jim avec ce qui semblait être une barre de fer.

- Oui ma belle, je parle de toi.

- Putain mais ferme-là..., lâcha le jeune homme agacé au plus haut point

L'inconnu se pencha alors et sa victime écarquilla les yeux en voyant le visage de son bourreau. Il portait très clairement de nombreuses plaies autour de ses lèvres. Jim sentit son cœur s'emballer. Un contaminé, c'était un malade en phase terminale qui l'avait emmené.

- Écoutes-moi bien, si je veux t'appeler belle au bois dormant, salope où connard, je le fais. Tu n'es pas en position de force en ce moment.

- T'es...Tu l'as choppé !

- L'Averse ? Oui mon grand je l'ai eu. D'ailleurs cela fait plus d'un an que je suis en phase terminale.

Impossible, pensa Jim, la phase terminale ne durais pas plus de trois semaines. Ce délai passé, le malade mourrait et son cadavre se faisait dévorer par le virus.

- Mytho...

- Non, moi c'est Pierre et ton petit nom est...?

- J-Jim.

- Très bien, Jim. Je t'assure que cela fait au moins une vingtaine de mois que je devrais être crevé. Tu ne me crois pas je m'en doute, mais comment expliques-tu que j'ai pu cicatriser si cela ne fait pas plus de six mois que je suis malade ? Dit-il en désignant les points de sutures qui entouraient sa bouche et qui n'étaient effectivement plus que de léger point blanchâtres.

Sans laisser le temps à sa proie de répondre, Pierre enchaîna :

- Enfin, tu sais sans doute que la nourriture se fait rare ces temps-ci. Et je manque cruellement des protéines que m'apportait la viande. Vois-tu où je veux en venir..Jim ?

- Non, s'teuplait. J'peux pas clamser maintenant ! Laisse-moi !

Le jeune homme, complètement paniqué tira sur ses bras pour les découvrir sanglés à la table sur laquelle il était allongé. Il s'agitait comme un damné et hurlait à son ravisseur de le libérer. Pour toute réponse, le plus vieux le força à avaler des gélules aux couleurs inquiétantes. Jim eu alors l'impression d'être enfermé dans un brouillard si épais qu'il en était presque à se sentir en sécurité. Cette sensation disparue aussi rapidement qu'elle était arrivée :                   Pierre venait d'attraper un couteau d'une taille assez conséquente. À la réflexion c'était probablement une machette plus qu'un simple couteau.

- Pas de panique mon ami. La viande morte ne se conserve pas bien du tout. Je ne vais prendre qu'un tout petit bout à chaque repas. Tu vas vivre. 

Alors une douleur cuisante cisailla l'épaule de Jim qui ne put que hurler sa souffrance.



Contamination (En pause)Where stories live. Discover now