James sembla surpris par mon assurance, mais j'avais moi aussi changé, depuis Montréal. Et s'il s'attendait à ce que je l'écoute et que j'obtempère sagement, il se fourrait le doigt dans l'œil.

Alors qu'il se redressa pour s'avancer péniblement jusqu'à moi, mon regard intransigeant planté dans le sien, je décidai de me montrer sans scrupules. D'un calme imperturbable, James approcha sa main de ma joue mais, avant même qu'il me touche, j'envoyai balader son bras d'un coup sec. Que s'imaginait-il ? Qu'après presque trois longues années, j'allais lui sauter dans les bras pour l'embrasser ? Lui déclarer ô combien il m'avait manqué et que je l'aimais toujours à la folie jusqu'à pleurer de joie ? Hors de question !

— Madis...

— J'ai attendu, plus de deux ans, espérant tous les jours apercevoir un signe de ta part, mais rien. Pendant des mois, tu as hanté mes pensées, mes rêves, mes souvenirs. James, je te déteste.

Face à mes propos tranchants, clairs et nets, la mine de James se dégrada, comme s'il se confrontait seulement maintenant à la dure réalité. Je le repoussais, comme au début. À la différence que, cette fois-ci, ce n'était pas sa gueule d'ange qui me ferait chavirer. Avec le temps, j'avais fini par oublier les bons moments, pour ne garder que les mauvais, et finalement faire face à l'unique évidence : j'étais tombée dans le panneau.

— Si tu penses une seconde que tout redeviendra comme avant, tu te trompes lourdement. Je ne suis plus ton otage, je ne reçois plus d'ordres, et tu n'as plus aucun droit sur moi. Aucun !

L'ambiance était plombée. Son regard plongé dans le mien, il ne cilla pas. Qu'il le prenne bien ou mal, je m'en foutais, j'étais déterminée à ne plus me laisser faire. Tenant à peine sur ses jambes, James rompit le contact visuel en s'affalant sur mon sofa. Fébrile, il plongea la tête entre ses mains pour rabattre ses cheveux en arrière. Un tic encore bien ancré dans ma mémoire, prouvant à cet instant son mal-être. Mais, contre toute attente, je l'entendis rire. Je haussai les sourcils face à cette réaction pour le moins étonnante.

— Tu as bien changé, trésor.

Encore ce mot...

Touchée de le voir ainsi, je soupirai en prenant place sur le siège face à lui et, doucement, il releva les yeux. Jamais je ne l'avais vu dans un tel état, aussi désespéré et affaibli.

— Je pense que nous avons tous les deux changé, James. Je ne sais pas exactement quel genre d'ennuis tu as, mais s'il le faut, je t'aiderai, malgré tout.

Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres.

— Non, tu ne peux pas m'aider plus que ce que tu ne l'as déjà fait et je ne peux pas rester plus longtemps. S'ils me retrouvent...

Il marqua une pause en soufflant.

— ... je ne veux pas que tu sois mêlée à tout ça.

— C'est un peu tard, James, tu ne crois pas ?

— Désolé, je n'aurais pas dû revenir.

Résigné, le brun se dirigea vers ma chambre. Il récupéra son t-shirt ensanglanté, que j'avais remis sur la chaise après le départ de Florian Soudain, il fronça légèrement les sourcils et, après avoir soulevé les oreillers du lit ainsi que la couette, et avoir même regardé sous le sommier, il se redressa en grognant. Puis, il me fixa, tandis que je le contemplais d'un air bourré d'innocence.

— Madison, où est mon flingue ?

Je lui adressai un sourire triomphant.

— Caché.

— Donne-le-moi.

— Non.

Qu'oserait-il faire, de toute façon ? Impossible de partir sans son arme et, vu son état, je pourrais aisément le mettre à terre. Fière, je me relevai pour m'adosser dans de ma chambre.

Until I Found You T2 [Sous Contrat D'édition]حيث تعيش القصص. اكتشف الآن