Partie II - Chapitre 5

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Je m'étais réveillée le lendemain d'humeur étrange. Il m'avait laissé petit-déjeuner seule et en fin de matinée, il était venu me trouver dans mon chambre et m'avait fait visiter brièvement la petite ville italienne qu'il habitait.

Notre avion décollait en fin d'après-midi. Je bénéficiais une nouvelle fois d'un certain nombre seule et j'appréciais l'attention qu'il portait à me laisser seule une bonne partie de la journée. Il me laissait suffisamment d'air pour que je ne panique pas, ni que je ne me sente comme une "vraie" prisonnière. Et je crois que c'était là où le pouvoir calculateur d'Ermès était le plus visible.

Lorsque nous étions arrivés en France, une voiture m'attendait, garée tout près du tarmac. Avant de me quitter, Ermès m'avait enlacé, posant possessivement sa main sur ma taille. Je m'attendais à ce qu'il m'embrasse, et au fond de moi, je le souhaitais même, mais il gardait sa promesse et je savais que ce sera à moi de réclamer ses lèvres sur les miennes. 

Il m'avait glissé à l'oreille, de sa voix chaude, un avertissement plein de promesses. 

- Attends toi à avoir des nouvelles de moi dans quelques jours, ma belle. N'oublie pas que je te fais surveiller alors ne tente pas de faire une bêtise que tu pourrais regretter. 

Il avait exercé une pression plus forte sur ma taille lorsqu'il avait prononcé ces derniers mots. J'ignorais quelle était pour lui la définition d'une bêtise. Aller voir la police et dénoncer un mafieux puissant? Aller en boîte de nuit et draguer un inconnu? 

Dans tous les cas, l'imaginer en colère provoquait en moi des sensations contrastées, d'abord l'inquiétude de le voir en furie, mais aussi, l'excitation et la curiosité de voir à quoi pouvait-il bien ressembler lorsqu'il faisait tomber ses propres barrières. 

Ma peau se recouvrait de frisson à chaque moment où mon esprit se remémorait de son regard d'adieu. J'avais l'impression d'avoir été piquée par un quelconque virus qui venait de boulverser ma vie. 

Quand je marchais dans la rue, je scrutais avec attention chaque voiture, chaque homme qui passait. Je devenais folle mais maintenant, je savais que cette folie avait un nom. 

Ermès. 

Toutes ces impressions d'être suivies s'étaient révélées vraies et depuis j'avais l'impression que ma vie avait pris un nouveau tournant. J'ignorais pourquoi, mais malgré toute la dangerosité qu'il dégageait, j'avais envie d'apprendre à le connaître. Je voulais qu'il électrise ma peau et qu'il me fasse perdre dans mes propres désirs. 

Un soir, mon téléphone avait sonné, affichant un numéro inconnu. J'avais à peine eu le temps de décrocher que je reconnus sa voix grave. 

- Bonsoir mon cœur. 

- Oh... 

Je restais silencieuse quelques secondes. Une grande piqûre de désir venait de traverser mon bas ventre. 

- Ermès... Chuchotais-je presque pour moi. 

- Je suis à Paris. Je voudrais te voir ce soir, qu'en dis-tu de me retrouver au Lutetia? 

Sa proposition ressemblait davantage à un ordre plutôt qu'une invitation. Je pris quelques secondes pour répondre, tentant de cerner son jeu.  

- Laissez-moi deviner. Si je refuse, n'y a-t-il pas un risque que je me fasse kidnapper et que je me réveille un de ces quatre matins dans une villa italienne? 

J'entendis un léger rire au bout du fil. 

- Une des choses que j'apprécie particulièrement chez toi est ta clairvoyance, me répondit-il d'une voix suave. 

MajestueuseWhere stories live. Discover now