XIV

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Alors que je voyais enfin le bout de ce long tunnel, des pas se firent entendre derrière nous.

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Hôpital, lundi 3 avril, 12:00.

Le regard de Lisa s'assombrit aussitôt. 

- Papa je suis désolée...

- Je prends des risques pour toi, et tu me mens ? articula le docteur O'Connor avec un calme étonnant.

- S'il te plaît, oublions tout ça, laisse Louise avec Alaric. Je ne veux que Gabriel, papa s'il te plaît, le supplia-t-elle.

Son père commença à hausser le ton mais quelqu'un coupa leur conversation en venant toquer à la porte.

- Tu as fait souffrir trop de gens Michael. Tu ne mérites pas d'être libre. Alors aujourd'hui, tu seras arrêté pour tentative de meurtre sur Louise Muller, et pour le féminicide de ton épouse.

- Harvey comment oses-tu parler de tout ça devant ma fille ! C'était il y a plus de vingt ans tu comprends ? s'offusqua O'Connor.

- Ce qui m'étonne surtout c'est que cette fille, commença Lyshana en pointant Lisa du doigt, va s'en sortir indemne !

Je lui donnai un coup de coude pour la faire taire. Lisa se décomposait peu à peu, se rappelant sûrement le terrible souvenir de la mort de sa mère. Au milieu de ce long silence, les sirènes de police se firent de plus en plus entendre.

C'était la fin de cette histoire.

Le médecin coupable ne bougeait pas, il souffla comme s'il venait d'être déchargé d'un énorme poids. Il lança un regard vers la fenêtre. Non ça serait trop simple, il méritait pire que cela. Nous l'encerclions, Harvey ne cessait de répéter « c'est trop tard, tu as eu le temps de changer et tu ne l'as pas fait. ». Il avait raison, tout le monde avait le temps de changer.

Il n'y a que les idiots qui ne changent pas.

Son regard perdait de plus en plus de sa vivacité, il était éteint et il n'osait le lever vers sa fille, de peur de voir son regard accusateur. Jamais de ma vie je me réduirai au point de décider pour mes enfants. Lisa avait 26 ans, elle était assez grande pour savoir ce qui était bon pour elle. À cet âge de la vie, les parents restaient un soutien et parfois on aimerait être à nouveau un enfant pour se laisser guider par l'amour qu'il pouvait nous apporter. Être adulte venait à profiter de l'amour de nouvelles personnes sans cesser d'oublier l'amour éternel de ses parents. Aussi, il était possible de perdre un mari, une petite-amie ou même un meilleur ami, mais pas sa famille. La famille, ce groupe de personnes qui vous soutient depuis le berceau. Et voilà qu'à 26 ans, Lisa faisait une croix sur sa famille pour se consacrer à son amour de toujours : Gabriel.
Les images semblait passer au ralentit. Lisa pleurait dans les bras de l'homme à la chevelue dorée tandis que son père se faisait embarquer sans se débattre sans cesser de prononcer des excuses.

Mais comme a dit Harvey : « C'est trop tard ».
Trop tard pour des excuses.

Je pouvais entendre Lisa chuchoter en boucle : « Je vais me dénoncer, je vais le dénoncer... ». Le choix lui revenait, je voulais simplement vivre loin de tout ça en espérant avoir rétablit la justice. En marchant dans les couloirs de l'hôpital, Lyshana me murmura :

- Un avocat ne fait pas de favoritisme ! Cette fille doit aller en prison avec son père, elle a tenté de te tuer, c'est injuste qu'elle s'en sorte.

- Et si je ne voulais plus être avocate ?

*

Alaric regardait les voitures de police défiler devant l'hôpital. Pour le sortir de sa contemplation, je toquai à la fenêtre sur la portière opposée. Il tourna brusquement la tête en ma direction et souffla de soulagement en me voyant. Il ouvrit rapidement la voiture et me laissa entrer à l'avant de la voiture pendant que Lyshana prenait place à l'arrière.
Nos lèvres se rencontrèrent enfin. Sans la pression, l'angoisse ou la douleur.

- Évitez de me faire un enfant dans cette voiture ! lâcha Lyshana.

'Ric se permit de rire et se détacha de moi en passant une mèche de cheveux derrière mon oreille. C'était si bon de le retrouver. Je me rendais compte que mon cœur battait toujours aussi vite en sa présence. Peu importe le nombre de jours qui s'étaient écoulés, les épreuves que nous avions dues surmonter, mon cœur battait la chamade en présence d'Alaric Willow. Ce dernier nous demanda alors :

- La police était là pour Lisa ?

- Non, pour son père à vrai dire.

- Mais Lisa elle -

- Lisa va mener la vie qu'elle a toujours rêvé de mener, auprès de Gabriel, le coupai-je. Lyshana et moi les avons surpris en train de s'embrasser.

- Mais enfin Louise, c'était une vraie folle ! Elle nécessitait un suivi psychologique !

- Alaric ! Tu n'es personne pour décider de sa vie, Gabriel l'aime et c'est tout ce dont elle avait besoin. Ce qu'elle nous a fait subir est entièrement à cause de son père.

Je me surpris à la défendre mais c'était plus fort que moi. Alaric avait du mal à le comprendre mais avec le temps cette histoire resterait à jamais derrière nous.
Lyshana descendit de la voiture et rejoignit sa maison sous un vent étonnamment doux de printemps. Il faisait danser les feuilles des arbres et j'ouvris la fenêtre pour sentir ce vent dans mes cheveux. La musique de la radio comblait l'arrière-plan et je regardai le paysage défiler. Alaric ne semblait pas vouloir s'arrêter de rouler. Ça ne me dérangeait pas, c'était comme un long chemin qui séparait notre passé de notre avenir. Il fallait profiter de cette transition, qu'elle se fasse en douceur. La nuit commençait lentement à tomber. Le soleil ne voulait pas se coucher, il voulait faire durer cette journée encore longtemps. Mais la nuit, qui pensait comme moi, n'était pas du même avis. Vite que cette journée se finisse pour que nous puissions passer à autre chose.

Va te coucher Soleil.
Ne soit pas égoïste.
Fait place à la nuit noire et aux étoiles.

Je commençai à m'endormir lorsque le bruit du freinage me réveilla.

Tout est finit à présent.

Je profitai de chacun de mes gestes, savourai chaque pas fait dans cette nuit fraîche. Le vent venait me chuchoter aux oreilles. Une main se posa dans mon dos et me guida vers l'intérieur d'un immeuble. Nous y revoilà, dans ce lieu où tout avait commencé, mais qui avait aussi permis d'en finir. Le duplex était silencieux et plongé dans le noir le plus complet. Alaric n'osait pas allumer la lumière ne voulant pas briser la pureté de la nuit. Il prit ma main et, pour la première fois me montra sa chambre

Tout semblait reprendre depuis le début
Il était toujours là,
Le clair de lune.

Law TOME 2 [PROF//ÉLÈVE ~ terminée]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora