Chapitre 22 : Iclarkrau

En başından başla
                                    

Désemparée, Tatiana s'était décomposée, petit à petit, chacun de ses sens décrochèrent. Sa vue se flouta, pour laisser place au vide. Elle ne voyait plus Marina, ni le coucher de soleil ou bien les arbres printaniers, non. Tout ce qu'elle vit, fut la noirceur de ses pensées, de son désespoir. Son ouïe aussi l'abandonna, et tout ce qu'elle pouvait à présent entendre était les petites voix dans sa tête, ricanant, l'air de dire  « tu vois, on t'avait prévenu de ne pas te lancer dans une relation ». Le parfum musqué de Marina disparut, et à la place, l'odeur du désarroi remplit ses narines. Elle était en plein cauchemar. Marina embrassa le bout de ses lèvres, ce qui la fit peu à peu revenir à la réalité. A la dure, atroce et l'effroyable vérité. Celle qui allait les séparer.

-C'est super, je suis fière de toi, réussit à articuler Tatiana, toujours aussi éloignée de la réalité.

-Ca n'a pas l'air de te plaire.

Le sol était en train de se dérober sous ses pieds, la laissant chuter dans une falaise infernale. Bien-sûr que cela ne lui plaisait pas !  Elle ne pouvait pas partir avec la danseuse. Elle le voulait, mais elle ne pouvait pas. Toute sa vie, elle avait vécu en Pologne, son patron Karl, avait besoin d'elle pour la stabilité du musée, leur chaton miel ne pourrait également pas loger dans une auberge de jeunesse, elles devraient par conséquent le laisser à quelqu'un, et pour la jeune femme, il en était hors de question. Mais la raison principale de ce refus, était bel et bien sa maladie, même si elle cherchait à s'en convaincre le contraire. La dégradation de sa santé atteindra son paroxysme en été, et elle ne voulait pas que Marina ait à supporter cela. Les hôpitaux espagnols ne sont pas aussi compétents que ceux polonais, le personnel ne possède pas toutes les dispositions chirurgicale qu'une possible opération demanderait. Et puis, si enterrement il y avait, il devrait se dérouler en Pologne, et les frais de rapatriement sont des plus onéreux, et compliqués. Elle ne voulait pas gâcher l'avenir de son grand amour, surtout que maintenant son avenir lui ouvrait enfin les bras. Une telle occasion était rare et la danseuse devait l'honorer.

-Je ne partirai pas, dévoila enfin Tatiana. Trop d'éléments me retiennent en Pologne, je ne peux pas tout quitter comme ça, je suis désolée, finit-elle, des larmes naissant au bord de ses yeux.

-Mais si tu peux. Pour moi aussi ça sera très dur, mais à deux on s'en sortira. On s'en est toujours sortie non ? Argumenta la jeune femme. Elle espérait plus que tout qu'elle la rejoigne. Son rêve ne serait qu'en partie réalisé, si Tatiana ne venait pas.

-Non, je ne peux vraiment pas, insista-t-elle sur un ton légèrement plus fort, afin de faire réaliser à la danseuse la gravité de la situation. En prononçant ces mots, son cœur se déchira. Elle eut un flash des meilleurs moments passés avec Marina, et elle réalisa que c'étaient peut-être les derniers.

-Mais, trois ans c'est trop long. Je ne peux pas vivre si longtemps sans toi. Même quelques jours passés sans te caresser les cheveux, me semblent être une éternité. Je ne partirai pas alors, j'aurai sûrement d'autres occasions... expliqua Marina, la voix tremblante.

Non. Elle ne devait en aucun cas abandonner son rêve, pour une femme qui ne vivrait plus qu'une poignée quelques mois. Tatiana l'aimait, plus qu'elle n'avait aimé n'importe qui, plus que ce qu'elle s'aimait elle, plus qu'elle n'aimerait n'importe qui.

-Il est hors de question que tu ne partes pas, prononça-t-elle, la voix dure, pour ne pas montrer à quel point cela la chamboulait.

-Non, on est ensembles, c'est une décision qui doit se prendre à deux, insista Marina, en tenant les mains de l'artiste.

-Et bien dans ce cas, il vaut mieux qu'on ne soit plus ensemble, balança-t-elle en éloignant les mains d'albâtre des siennes.

-Quoi ? Tatiana tu t'emportes un peu. Si tu m'aimes autant que je t'aime on trouvera une solution.

Elles n'avaient pas le temps de réfléchir à une décision, les jours de Tatiana étaient comptés, et ceux de l'inscription de Marina aussi. Cette dernière était obstinée et trop amoureuse, elle refuserait de partir si Tatiana n'est pas à ses côtés. Alors, celle-ci prononça les mots les plus faux, les plus lourds de sens, et les plus déchirants qu'elle avait pu prononcer un jour.

-Si je ne t'ai jamais dit que je t'aimais, c'est qu'il y avait une raison. Je ne t'aime pas comme toi tu m'aimes, je suis désolée mais cela doit s'arrêter, dit-elle en partant, sans un regard tourné dans la direction de la danseuse.

Elle ne voulait pas qu'elle voit ses larmes ruisseler sur son visage, elle n'aurait pas été crédible. Ses pas furent lents et lourds. En s'éloignant de la femme qu'elle aimait, sa respiration s'atrophia, et son cœur ne trouvait plus aucune raison de battre. Le monde de Tatiana tombait en ruine, mais il le fallait. Marina ne pouvait pas anéantir sa carrière pour seulement un été de baisers.

Le corps de la danseuse la lâcha, toute sa force semblait avoir quitté son corps. Elle s'écroula sur le sol, les larmes lui arrachant sa bonne humeur, qui n'était maintenant plus qu'un souvenir lointain, qu'elle ne pourrait plus jamais retrouver. Son âme errait quelque part, à des années lumières de la réalité. Elle n'en revenait pas, sa tête n'acceptait pas ce qu'il venait de se passer. Comme, lorsqu'on apprend une mauvaise nouvelle et, bernés par l'effroi et le déni, on se contente de se dire que c'est irréel.  Dans ces moments, notre cerveau refuse de connecter les neurones, pour qu'ils ne puissent pas transmettre l'information dans le reste du corps. Qui sait, peut-être que si notre corps ne l'accepte pas, ce n'était pas si réel que ça ? Pourtant, la réalité était là. Marina, en sanglots par terre, observait la femme qu'elle aimait, mais qui ne l'aimait pas, s'éloigner. Bientôt, celle-ci ne devint plus qu'un minuscule point dans le paysage bien trop verdoyant à son goût, puis disparut complètement, et emporta avec elle, le souvenir de leur amour véritable.

De retour dans son appartement, Tatiana avait le besoin d'évacuer une immense rage. Après avoir détruit la moitié de son mobilier, elle se laissa glisser contre son mur, les points tremblants, non pas de douleur mais de peine. La vie lui avait volé son existence, elle l'avait accepté. Mais maintenant, c'était sa vie qu'on lui avait dérobé. Sa vie avec Marina, sa seule et unique vie.

Alors, elle fit quelque chose qu'elle n'avait pas fait depuis très longtemps. Elle s'empara d'un stylo et d'une feuille de son carnet pour écrire. Ecrire afin de marquer le temps de sa présence, écrire pour que le souvenir de leur amour reste imprégné, écrire pour se sentir plus léger.

« Je crois que je l'aime Mais c'est peut-être une erreur, avec sa carrière. C'est vrai je ne suis personne pour l'empêcher de vivre son rêve et je lui souhaite tout le bonheur du monde. Le monde n'étant pas assez grand pour elle, je lui souhaite aussi celui de Mars, Vénus et Jupiter. J'aimerais d'ailleurs, de tout cœur que ces dernières veillent sur elle. La terre est trop petite, l'univers bien trop grand, pour que le destin n'existe pas. Alors, je lui demanderais de nous réunir une dernière fois, sous la grande ours comme on se le disait parfois. Les étoiles ont toujours été importantes pour nous. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être car on pouvait se perdre dans leur infinité. On pouvait aussi rêver, rêver d'un amour parfait qu'on ne vivra sûrement jamais. Si elle entendait ce que je disais, elle me regarderait avec un air fâché en me disant que ça arriverait un jour. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que c'était déjà arrivé. Je crois qu'une vie entière avec elle n'aurait pas suffit, j'aurais encore des décennies d'amour à lui donner. Mais que pouvais-je bien faire ? Aimer quelqu'un ne signifie pas se l'approprier. Alors, je l'ai regardé partir, et la flamme qui dansait dans ses iris, ne s'est plus jamais éteinte en moi. »

Sa main hurla de douleur à cause de la force à laquelle elle écrasait les mots sur le papier. Elle lâcha le stylo d'un coup, l'encre s'éclaboussant sur le sol traduit le chaos de ses pensées.


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Tell the stars I love you (FINIE)Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin