Chapitre 20 : Shaula

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Sa psychologue n'avait pas tort, avouer ses émotions, laisser quelqu'un briser sa carapace s'était montré bénéfique, mais pour combien de temps ? Est-ce qu'elles allaient continuer à vivre sur un petit nuage ? Leur amour était-il suffisant face à la fatalité de la vie ? En parlant de sa psychologue, elle avait un rendez-vous après son travail, mais elle avait annulé, trop pressée de retrouver Marina. Cette dernière avait élu demeure dans son petit appartement, le temps que la tempête Mathias se calme.

Comme Marina rentrait avant Tatiana, elle en profitait pour préparer le repas bien à l'avance. Tant Mathias était un excellent chef cuistot, tant la jeune artiste était un cataclysme de la cuisine. A part des pâtes et des omelettes beaucoup trop cuites, elle ne savait pas cuisiner grand-chose. Elle comprenait pourquoi sa bien-aimée connaissait si bien tous les restaurants polonais. Au début, Marina se retrouva dépaysée dans cet appartement. Il était minuscule, comparé à sa maison. Les couleurs des murs étaient ternes et leur épaisseur laissait à désirer. Elle avait hâte de faire déguerpir l'homme de sa maison, afin de retourner vivre dans son havre de paix, avec sa véritable âme sœur.

Après son habituel trajet en métro, Tatiana se réjouit de retrouver Marina. Cette dernière se cachait dans la cuisine, en train de préparer des repas sains, ce dont la jeune femme n'avait pas l'habitude. Elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi Marina perdait autant de temps à concocter ce qu'elle mettrait moins de dix minutes à manger. Tatiana voulait tellement profiter de la vie et vivre à cent à l'heure, qu'elle en oubliait les petits plaisirs du quotidien. Avide de connaissance, elle décida de se porter volontaire pour aider Marina et celle-ci lui proposa de découper les légumes en petits morceaux, une tâche normalement impossible à rater.

A défaut de tables, elles mangèrent sur le fauteuil, devant une émission qui parlait de l'adoption d'animaux en refuge.

-Tu sais quoi ? On devrait adopter un chat, lança Tatiana.

Au regard incrédule de Marina, elle expliqua : « Quoi ? Tu sais que la présence d'un animal réduit le risque de crise cardiaque de 10% et que ses ronronnements favorisent un sommeil réparateur et une diminution de la dépression ? »

-Wow, tu es bien informée. Mais on aura le temps de s'en occuper ? S'enquit Marina, inquiète des retombées.

-C'est un chat, pas un chien. Il est indépendant. Tout ce qu'il a besoin c'est de la nourriture. En journée, il sortira et chassera, et en soirée il viendra nous faire des câlins bien au chaud sur le canapé.

Marina sourit à cette idée. C'est vrai qu'avec Mathias, elle n'a jamais eu l'occasion de s'occuper d'un animal, il les détestait. Il disait à la jeune femme qu'il était allergique, mais avec du recul, cela devait être un autre mensonge.

-Et on le mettra à ton nom, comme ça s'il arrive quoi que ce soit, tu en auras la garde, enchérit la jeune artiste.

-Tu veux qu'il arrive quoi ? Tu comptes me larguer, c'est ça ? Demanda Marina pour la taquiner, mais au fond elle était quand-même envieuse de connaître la réponse. Elle voyait bien à quel point Tatiana tenait à elle, mais elle ne l'avait jamais dit, elle restait toujours prudente avec les mots. Comme si elle avait peur de leur impact.

-Bien-sûr que non, je ne pourrai jamais me passer de ta cuisine hors pair, affirma-t-elle en se jetant dans ses bras.

En réalité, elle pensait plutôt à ses problèmes de santé. Depuis qu'elle avait atteint l'âge adulte, elle désirait un animal pour lui tenir compagnie, mais avec sa maladie, elle ne voulait pas que le chien se retrouve abandonné, sans maître pour s'occuper de lui. Maintenant qu'elle avait Marina, cette peur s'était estompée. En pensant à sa maladie, elle se rappela qu'elle devait peut-être informer la jeune femme, mais elle était tellement heureuse, qu'elle ne supportait pas l'idée d'apporter de l'ombre au tableau. Elle détestait aussi ce regard rempli de pitié, quand elle annonçait la vérité. Les gens étaient désolés et cela l'insupportait, car dans un premier temps ce n'était pas leur faute, et dans un second temps, cela ne la guérirait pas miraculeusement, à part apporter un silence terriblement gênant, ce « désolé » ne servait à rien.

Et vous, si vous étiez malade, que feriez-vous ?

Aucune réponse ne sera semblable, car au cours de notre vie, nous avons tous vécu des évènements qui nous ont forgés, qui ont établis notre caractère, notre façon de voir les choses. Certains trouveront peut-être cela égoïste de cacher l'existence d'une maladie, de continuer à vivre, et d'impacter les autres comme si de rien n'était. Tatiana a longtemps vécu de cette façon, en restant le plus en retrait qu'elle le pouvait, mais sa rencontre avec Marina et les échanges avec sa psychologue lui ont fait réaliser une certaine vérité. Si, à partir du moment où on apprend être condamné, on s'arrête de vivre et on met tout sur pause, par peur de laisser un profond chagrin dans le cœur des gens, autant mourir tout de suite, et s'éviter tous les problèmes qui surviendraient lors de relations.

Peut-on en vouloir à Tatiana, malgré sa maladie, d'avoir gardé le goût de vivre, d'espérer et de rire ?

-Mmh donc tu m'aimes pour ma cuisine c'est ça ? Demanda Marina d'un ton faussement vexé.

-Ta cuisine n'est rien à côté de ton corps majestueux, lui chuchota-t-elle en la couvrant de baiser dans le cou.

Marina se laissa emporter par la chaleur de la jeune femme, et enleva son haut afin que l'impact de leurs deux peaux soit encore plus puissant. Tatiana continua sa course de baisers sur le ventre de Marina, qui s'abandonnait complètement au corps de la jeune femme. Leurs peaux et leurs bouches se heurtèrent d'une violente douceur, leurs mains se joignirent puis se lâchèrent, et l'ombre de leurs corps dansa sur le mur tout le reste de la nuit. 


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