Thomas, mon premier deuil

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Comment parler de mon enfance sans parler de Thomas. Thomas était le fils du cousin de Jacques, mon beau-père. Nous avions le même âge, 6/7 ans. Nous avions également la même passion pour Winnie l'Ourson. La seule différence que nous avions, c'est que Thomas était polyhandicapé. Il ne communiquait, ne bougeait pas. Il était allongé sur un lit médicalisé dans sa chambre décorée intégralement sous la thématique de Winnie l'Ourson. 

Thomas était blond aux yeux clairs. L'handicap était marqué sur son visage mais étant une jeune enfant je n'y portais pas vraiment d'attention. Jouer avec lui était particulier, il me regardait fouiller dans sa chambre en lui montrant ces jouets. Je me régalais en lui faisant des spectacles de peluches, en lui parlant, et surtout, en le faisant sourire. Il avait un magnifique sourire sincère qui exprimait beaucoup d'amour. J'aimais énormément Thomas. 

Mais un jour, lorsque nous lui rendions visite, l'ambiance avait changé. J'entendis des conversations d'adultes, comprenant que son état de santé s'était dégradé. Thomas allait probablement mourir. Comme d'habitude je suis allée dans sa chambre pour jouer avec lui, refusant de croire ce que je venais de comprendre. Thomas avait changé, ton teint n'était pas aussi lumineux que habituellement. Et il ne souriait plus du tout. J'ai pourtant tout essayé pour lui en faire décrocher un. Impossible, malgré tout mes efforts. Il me regardait en s'éteignant petit à petit. Je lui ai parlé, en lui disant qu'il allait aller mieux. Puis nous sommes repartis.

C'est la dernière fois que je voyais Thomas. Ma mère m'a annoncé peu de temps après son décès. J'ai énormément pleuré sa perte. Mon premier décès, un enfant de mon âge.

Son enterrement était un mercredi, m'a mère a refusé de m'y amener. Elle est donc partie seule, me laissant dans ma chambre. J'aurais aimé être présente à ce moment, c'était important de dire au revoir à mon ami. Cette matinée, Teddy était ma seule présence pour recueillir mon chagrin. C'est ce jour là où je l'ai mis dans une boîte à chaussures en lui disant qu'il était mort, avant de le récupérer en larmes.

Une grande armoire se trouvait dans ma chambre, sur laquelle se trouvait des dizaines de peluches. Après Teddy, j'avais ma seconde préférée : Winnie l'Ourson qui tenait un bouquet de fleurs rouges dans l'une de ces pattes. Je me suis promise de lui amener sur sa tombe. Ce jour là arriva presque 10 ans après sa mort. Ma mère a toujours refusé de m'y amener, ce n'est qu'adolescente j'ai pris l'initiative d'y aller avec cette peluche. Elle était pour Thomas, je me devais de lui déposer. Devant sa tombe, je lui parla en espérant qu'il se souvienne de moi.J'ai pleuré et je lui ai déposé la peluche. Thomas, je ne t'ai pas oublié.

Résilience, chronique d'une enfant maltraitéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant