Un Loup Nommé Onne

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Le soir, bien après la fin des cours, lorsque la bibliothèque fermait ses portes, la jeune fille rentrait dans son village, elle devait d'abord passer voir Le Maire pour lui dire comment s'était passée sa journée. Puis elle retournait à la boulangerie et aidait à ranger la boutique et faisait l'inventaire des ventes avant d'aller donner les restes aux animaux de la ferme du boulanger. Après quoi elle allait se coucher dans le poulailler et attendait, que les lumières de la chambre du boulanger soient éteintes, pour s'aventurer dans les bois.

Ce soir là, elle avait eu le sentiment qu'elle trouverait l'objet de ses désirs. Et ce fut le cœur remplit d'espérance et la tête pleine d'espoirs qu'elle sortit le coq de sa cage, le laissant dormir au milieu des poules, la porte ouverte.

Elle était là, dans cette forêt dense, et elle courait, elle courait sans vraiment savoir où elle allait. Ses pieds, ses jambes, son cœur et son subconscient la portait vers un endroit qu'elle n'avait encore jamais vu en vrai.

Elle entendit soudainement un grondement au loin. Elle ralenti légèrement, sur ses gardes, et déboula sur une cascade, la rivière en amont s'écoulait avec puissance dans la clairière où elle se trouvait. La jeune femme laissa à nouveau ses jambes prendre le dessus et se laissa guider sur l'une des rives, elle remonta la rivière qui devint plus étroite afin de devenir ruisseau. Au loin on n'entendait plus le bruit du torrent, seuls se faisaient entendre les bruits de la nuit, ceux de la forêt et le gazouillis de l'eau à sa gauche.

Elle fût forcée, par les arbres, de s'écarter du ruisseau. Elle avançait avec ses jambes, les arbres et son subconscient pour seuls guides. Elle s'éloignait de plus en plus de la serpentine d'eau qu'elle convoitait tant.

Mais a un moment donné elle bifurqua d'un coup vers la gauche. Elle se précipita dans les bosquets et les ronces, quittant les sentiers créés par les animaux vivants là, elle s'enfonçait vigoureusement dans un chemin invisible, inexistant et impraticable. Mais au bout de plusieurs longues minutes de lutte interne et externe, elle parvint à un sentier dégagé, qu'elle emprunta à la hâte. Et elle se remit à courir de grès ou de force dans une direction qui lui était connue.

Elle ne s'arrêta qu'une fois arrivée à l'orée de la clairière. La rivière était là en son centre, bien plus étroite encore que lorsqu'elle l'avait quittée en aval. Comme dans ses rêves, toutes les nuances d'obscurité et de pénombre semblaient briller aux rayons de lune. Tout semblait avoir pris des nuances éclatantes de bleu, de noir, de blanc, de gris et d'argent.

Comme une hallucination, une forme sombre apparue sur la rive droite, des yeux brillants et un corps solide et canin. Une bête sauvage comme on en voyait des centaines dans ses bois. Toujours est-il que notre jeune héroïne, au lieu de trouver un moyen de sauver sa peau, avança doucement jusqu'au centre de la clairière, près de l'eau.

Incapable de réaliser que tout ceci était vrai, et qu'enfin elle l'avait trouvé, son paradis tant rêvait, elle s'écroula, une jambe après l'autre, tel un chevalier venant de prendre un coup d'épée dans la poitrine mais qui voudrait lutter jusqu'au bout. Elle était là, à genou dans l'herbe fraîche et humide, en pâture à ce loup qui sortait les crocs.

De son côté, la bête, qui atteignait les 1m30 au garrot, avait observé son repas se laisser tomber en face de lui, personne aux alentours, ce buffet était à lui. Sans plus de cérémonie, il lui sauta à la gorge pour pouvoir la tuer d'une seule morsure.

La jeune fille qui avait fermé les yeux, les rouvrit d'un coup en entendant un gémissement plaintif à ses côtés. Elle n'avait pas compris ce qu'il s'était passé.

Incapable de voir plus que les yeux et la carrure de la bête elle avait pensé qu'il s'agissait de son loup d'argent, et n'avait donc pas prêté attention au pelage de braise de son vis à vis.

Moonlight & DreamsWhere stories live. Discover now