Au Commencement...

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Elle avait cette tendance à toujours vouloir sortir lorsque la nuit tombée. Elle voulait profiter des rayons lunaires ou simplement du froid coutumier d'une nuit sans étoile. Elle se promenait toujours seule dans les bois du village. A la recherche, constante, d'un endroit magique, presque féerique, où la nuit brillerait de mille nuances sombres et sauvages. Elle rêvait d'une clairière où s'écoulerait une rivière qui refléterait la splendeur des étoiles et les rayons de la lune. Lorsqu'elle se couchait, dans une clairière ou dans une autre, sur un tapis de mousse fraîche ou de feuilles mortes, elle rêvait toujours de cet endroit et elle rêvait d'y trouver un loup. Un loup, dont le pelage d'argent réfléchirait les rayons lunaires, comme l'eau qui s'écoulait à leurs côtés. Elle rêvait qu'elle passait ses doigts dans son pelage doux comme la soie. Elle rêvait de voir ses yeux, bruns aux reflets d'or, briller sous les rayons de lune. Elle rêvait de s'allonger à ses côtés et de lui raconter sa petite vie, tout en caressant ses poils argentés. Elle l'imaginait réagir à chacune de ses paroles, et fermer les yeux à chaque fois que sa main effleurait sa tête, son museau et/ou ses oreilles. Elle rêvait de courses enivrantes aux travers des arbres, aux côtés de son loup d'argent. Elle rêvait de douceur, d'amour et de sagesse, de la part de la créature qui partageait ses nuits.

Mais aux premiers rayons de soleil, elle se réveillait à l'orée du bois. Elle n'avait aucune idée de la façon dont elle avait pu se retrouver ici, elle n'avait aucune idée de si tout n'était qu'un rêve ou si cela s'était bien passé, mais elle osait espérer que ses rêves deviennent réalité.

Lorsqu'elle rentrait au village, le boulanger la grondait encore et encore pour son retard.

« N'es-tu pas sensée réveiller le coq ? Le cloché est en retard, par ta faute ! Si tu ne réveilles pas le coq, comment crois tu que le village peut se réveiller ?

- Père, excusez mon retard, mais ne pensez-vous pas que ce serait mieux si vous laissiez au coq la possibilité de voir le soleil ? Je veux dire, s'il est dehors, il se fera réveiller par le soleil et il n'aura pas besoin de moi. Et il pourra, tous, nous réveiller et à l'heure.

- Non ! Mon pauvre coq est le seul qui a survécu à l'épidémie ! Et tu sais pourquoi ? Il a survécu parce qu'il-

- ...était encore jeune et fragile donc il était enfermé dans une cage dans le poulailler, à l'écart du reste des poulets...

- Et surtout à l'intérieur, il était à l'intérieur. Je ne peux pas risquer la vie du seul coq qu'il reste dans ce village ! Ce petit là est sensé nous faire une portée de nouveaux coqs !

- Il l'a peut être déjà fait, mais comment pourriez-vous le savoir étant donné que vous volez et vendez les nouveaux œufs, vous n'aurez aucune chance de trouver un coq dans votre pain, père.

- Là n'est pas la question petite peste ! Maintenant dépêches toi de te mettre au travail. Tu n'es pas en avance ! Et tu dois faire des livraisons tôt ce matin, donc vas vite faire ton pain.

- Père ! Puis-je prendre un bout de pain avant de commencer ? Je n'ai pas mangé depuis la collation que m'a accordée mère pour le travail fournis.

- Et bien estimes toi heureuse que ma femme est un grand cœur et qu'elle estime ton médiocre travail. Tu sais très bien que tu n'as pas le droit as plus de deux repas normalement ?

- Oui, père...

- Bien, alors choisis bien quand tu les manges, et ce que tu en fais, car ce n'est pas parce que tu n'es pas celle qui as mangé ton repas, que tu en auras un autre.

- Bien père, j'y vais alors !

- Oh ! Et je ne t'ai rien dit jusqu'à présent, mais ne m'appelle pas "père" ou quoique ce soit du genre, lorsque nous ne sommes que nous deux. Ni même lorsque ma femme est présente ! Ce n'est que lorsqu'il y a du monde, Le Maire ne compte que s'il est accompagné.

- Oui Monsieur, bien compris ! »

Comme tous les matins, la jeune fille courrait partout pour préparer les petits déjeuners des habitants du village, le ventre creux et la tête pleine.

Elle courait ensuite avec la plus grande des précautions pour ne renverser aucuns de ses paniers, et les distribuer à chaque maison du village en réclamant l'argent qui reviendrait ensuite au boulanger et à sa femme.

Après quoi, elle devait aller voir Le Maire, pour sa commande habituelle et ensuite elle devait aller à l'école, dans la ville voisine, elle étudiait à Gargouille, l'école des mages et des sorciers.

Le boulanger n'a jamais voulu l'avoir comme fille, et n'a jamais eu les moyens de payer des études à qui que ce soit, même pas lui-même.

Le Maire était celui qui lui payait ses études, en échange de sa commande habituelle. Il était aussi celui qui avait décidé qu'elle étudierait dans cette école.

La jeune fille voulait étudier à Castle, l'école des dresseurs et éleveurs, on y formait même les futures chevaliers de la garde royale.

Mais elle ne s'en plaignait pas, au moins elle n'avait pas finit à Woods, quelle était cette école au nom étrange ? Woods avait des apparences fascinantes et de l'extérieure elle faisait rêver, mais une fois à l'intérieure on avait deux possibilités de voies radicalement opposées. Cet établissement, était divisé par la grande disparité, qui régnait entre les deux mondes professionnels, dans lesquels aspiraient les uns et les autres en y entrant. Cette école proposait, un examen d'entrée, pour savoir si tu étais fait pour être dans la haute société ou au service de ces personnes.

Alors certes elle n'avait pu s'inscrire dans l'école de ses rêves, mais au moins elle ne risquait pas d'être une servante et encore mieux ; elle ne risquait pas d'être une princesse. Et elle ne mentait pas en disant qu'elle apprenait beaucoup de choses dans cette école. Elle avait appris beaucoup de sortilèges et de potions. Son école avait la seconde plus grande bibliothèque du pays et la jeune orpheline, fille du boulanger, aimait passer le plus clair de son temps dans les longues allées sur trois étages de cette pièce d'archives et d'œuvres.

Elle était première de sa promo depuis son entrée, qui date d'il y a déjà cinq ans. Évidemment elle avait plein de faux amis dans son école, des personnes qui ne veulent pas bosser mais qui veulent de la reconnaissance. Elle s'est aussi fait des ennemis à cause de ça. Mais elle s'en moque, la seule chose qui l'intéresse vraiment, s'est son loup d'argent et ses vrais amis, ceux qui ont toujours étaient à ses côtés depuis son entrée dans l'école. Pourquoi n'étaient-ils pas là avant ? Tout simplement parce que dans cette région du pays, à savoir Les Grandes Plaines Griffons, qui se situent dans le sud, les villages étaient tous très éparpillés et il n'y a qu'une grande ville et qu'une école de chaque catégorie, donc ses camarades viennent de loin.

Castle, Woods et Gargouille sont les trois seules écoles supérieures Des Grandes Plaines Griffons.

Gargouille, est la plus grande école de magie de tout le continent.

Écu est la plus grande école de dressage, d'élevage et de cavalerie du pays, cette école se situe au centre du pays, près du château du Roi élu et de la Reine Dirigeante.

Et au nord, dans les Monts Crème se trouvait Daisy ; la plus grande école princière, parce que c'est ainsi qu'on les surnommait malgré ce qu'on y proposait.

Notre jeune héroïne, était super studieuse puisqu'elle devait ramener de bons résultats à Le Maire si elle voulait quitter le village à ses vingt-sept ans, la majorité réglementaire du pays. Elle passait son temps à la bibliothèque à étudier ou à chercher des réponses à ses questions en rapports avec ses rêves. Elle cherchait le lieu de ses rêves dans les livres et les cartes de la bibliothèque pendant la journée, elle le cherchait dans les bois pendant la nuit et elle s'y rendait dans ses rêves.

Obstinée, rêveuse, obsédée, tête en l'air, têtue, coriace et motivée étaient des adjectifs pouvant la décrire. Mais en vérité elle était faible, seule, effrayée, prostrée et perdue, et la seule chose qui lui permettait de tenir était son loup dont elle était obsédée et cette voix qui, tous les matins avant qu'elle ne se réveille, lui soufflée :

« Lu... Reviens-moi, Lu. »

Moonlight & DreamsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant