Tell the stars I love you (FINIE)

Chapitre 15 : Mimosa

La sonnette retentit. Anastazia s'empressa d'ouvrir la porte. Son visage se décomposa en voyant la jeune femme qu'elle avait défendu de s'approcher d'elle une heure plus tôt, sur le bas de sa porte.

-Vous plaisantez, j'espère, articula la mère de Marina.

Cette dernière allait la menacer d'appeler la police pour espionnage, quand la voix de Marina résonna dans les couloirs : « Qui c'est ? »

Comme sa mère était incapable de lui donner une réponse, celle-ci descendit les escaliers et regarda la jeune femme qui s'était bien moquée d'elle, se tenant sur le bas de la porte de sa maison. Dans un premier temps, elle n'eut pas de réaction, choquée de sa présence. Ensuite, vint la colère. Elle lui avait donné un faux numéro et l'avait fait remettre l'entièreté de sa vie en question. Puis, sa colère s'étiola pour laisser place au questionnement. Pourquoi voulait-elle la voir ? Si c'était elle que la jeune femme souhaitait voir. La curiosité l'emporta sur tout le reste, et Marina insista pour laisser la jeune femme entrer, ce que fit Anastazia, à contre cœur. Bien que la jeune danseuse ait été bouleversée, elle ne pouvait jamais en vouloir à personne. Elle avait trop bon cœur, et elle savait qu'un jour cela lui causerait du tort.

Marina l'invita à rejoindre sa chambre, pour ne pas être épiée par sa mère bien trop protectrice à son goût.

-J'ignorais que tu faisais partie de la famille royale, commença Tatiana pour détendre l'atmosphère.

-Oh ne m'en parle pas, soupira la jeune danseuse. Même une famille royale ne ferait pas autant attention aux apparences que ma mère, expliqua Marina en entrant dans la chambre de son enfance.

Tatiana fut écœurée devant tant de rose. Même les crayons sur son bureau avaient la couleur des bonbons.

-Oh, waw, c'est très... voyant, se moqua Tatiana.

A cette réflexion, la danseuse se remémora à quel point elle détestait ce trait de caractère chez la jeune femme. Celui d'agir comme si de rien n'était, comme si la situation était un jeu.

-J'étais petite lorsque j'ai choisi cette couleur, je n'habite plus ici maintenant. Mais dis-moi, tu es venue ici dans le but de critiquer la décoration ou bien me donner des explications ? Demanda-t-elle sur un air menaçant.

C'est vrai, Tatiana devait devenir sérieuse, sinon elle allait quitter la maison sans même avoir pu expliquer le fond de sa pensée. Le problème, c'est qu'elle n'arrivait jamais à s'exprimer. Elle était une excellente conteuse lorsque le sujet était de l'ordre de l'art, de la galaxie ou du sarcasme, elle savait s'exprimer en plusieurs langues différentes, polonais, français, espagnol, mais s'il y avait bien une langue qu'elle ne savait parler, c'était celles des sentiments. Comme s'il y avait un blocage en elle, que son cerveau reliait les sentiments avec le danger. Pourtant, il fallait qu'elle coupe ce fil rouge, qu'elle désactive la bombe. Elle s'imagina ce qu'elle pouvait dire : « Alors ton petit ami est le plus gros manipulateur que ce monde ait connu, et je viens te sauver de ses griffes parce que je suis tombée amoureuse de toi au premier regard, et que je veux prendre soin de toi, bien que je risque de ne pas survivre l'été. » A cette phrase, un sourire se dessina sur son visage.

Les yeux de Marina grossirent d'étonnement, son air laissant deviner qu'elle était à court de patience. Le cœur de Tatiana s'accéléra face à cette moue.

Elle était si belle.

La jeune artiste était persuadée que Marina pouvait faire la pire grimace, elle resterait la plus belle femme qu'elle n'ait jamais vue. Elle l'admirait, et pas que pour sa beauté, mais aussi pour ce qu'elle dégageait. Une sensibilité accrue émanait de tous ses membres. Son visage d'albâtre semblait être imprégné de chacun de ses rires, de ses larmes et de sa fatigue. Tatiana l'aimait tellement, elle voulait chérir cet ange jusque la fin de sa vie. Mais elle était effrayée à l'idée de détruire Marina. Mathias était peut-être manipulateur, mais au moins il pouvait s'occuper d'elle tout au long de sa vie, ce qui ne serait probablement pas le cas de la jeune femme. Qui était-elle pour chambouler toute sa vie ? De quel droit pouvait-elle se l'accaparer ? Elle voulait veiller sur elle, certes, mais elle pouvait le faire de loin.

A court de mot, elle enlaça la jeune danseuse dans ses bras, un peu surprise par cette action. Son parfum musqué fit frétiller tous les sens de Tatiana, si bien qu'elle voulut passer l'éternité contre son corps. Mais elle ne pouvait pas. Elle attrapa le visage de Marina qui rougit aussitôt, et lui dit : « Je suis désolée pour le faux numéro, il faisait nuit, j'ai sûrement dû mal noter un numéro. Vraiment, ce n'était pas mon intention. On se regarde un film ? » Finit-elle en pointant du doigt l'énorme télévision accrochée au mur de sa chambre.

Si l'ange gardien de Tatiana avait assisté à cette scène, il se serait frappé la tête d'un gros bloc de béton. Comment pouvait-elle être si maladroite ? Il fallait qu'il trouve un moyen de guider sa protégée afin que celle-ci arrive, pour une fois, à prendre les bonnes décisions. 

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