Naissance

144 13 0
                                    

Je suis née un mercredi en Février 1995, dans une ville au Sud de la France. Bien avant ma naissance, mon contexte familial était déjà particulier. Mon père et ma mère se sont mariés 7 ans avant ma naissance. Entre temps ils ont divorcés, ils se sont séparés avant de revenir ensemble durant quelques mois. Je n'ai jamais compris la situation de mes parents à ce moment, mais tout ce que je sais c'est que ma conception n'était pas désirée de la part de mon géniteur. 

Vers l'âge de 7 ans, il m'a expliqué que ma mère aurait eu un stérilet, qu'elle aurait secrètement enlevée, avant de "piéger" mon père afin qu'il ne la quitte pas. Au début, il ne souhaitait pas me reconnaître et s'est séparé d'elle durant la grossesse. Le plan de ma mère a échoué. Je pense que c'est à ce moment qu'elle s'est inconsciemment dit qu'elle allait me le faire payer. Du moins, je préfère penser que cette pensée était inconsciente. 

Il est 17 heures quand je viens au monde sous le nom d'Andréa. 

Ce jour là, ma grande sœur Valérie, qui avait 7 ans à l'époque, était sur la route avec mon père. Elle habite avec lui depuis le divorce, dans la montagne à 2 heures de chez nous. Elle venait occasionnellement pour passer quelques jours chez ma mère. D'après elle, mon père qui avait appris ma naissance, a refusé de venir me rencontrer à la maternité. Il a amené Valérie à mes tantes maternelles avant de repartir. Sur le chemin vers la maternité, mes tantes lui ont appris un nouveau mot : Félicitations. Dyslexique (comme moi), c'était une épreuve linguistique ! Elle ne cesse de me raconter la joie et l'émotion qu'elle a ressenti lors de notre rencontre. Depuis ce jour, elle me porte énormément d'amour et est fière d'être ma sœur.

Quant à ma mère, je n'ai aucune idée de ce qu'elle a ressenti ce jour là. Elle ne parle jamais de ces émotions. Le destin a fait que je naisse la veille de son anniversaire. J'ai le souvenir de lui avoir dit quelques années plus tard : " J'étais ton cadeau d'anniversaire ". Elle m'avait répondu froidement que je ne l'étais pas. C'est tout ce qu'elle a réussi à m'exprimer sur ma naissance.

Résilience, chronique d'une enfant maltraitéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant