Santa Katrina

Chapitre 2

" Je ne sais pas comment elle fait ..., soupira Marc,

- Ce n'est pas un estomac ambulant comme toi, me moquais-je,

- Elle est sérieuse au moins, bien plus que nous tous, asséna Isaac, qui avait daigné sortir le nez de son livre le temps du repas, c'est la seule élève que je connais qui est capable de suivre deux cursus d'études en même temps avec autant de réussite dans chacune des disciplines,

- Pourquoi s'échiner à suivre la formation des combattants en plus de celle des informaticiens, demanda Marc en haussant les épaules, c'est déjà assez dur de se maintenir à niveau dans les études d'informatique ...

- Si tu te penchais un temps soit peu  sur tes cours, répliqua vertement Isaac, tu serais capable d'avoir la moyenne partout, il n'y a rien de compliqué...

- Parle pour toi, l'Encyclopédie, renvoya l'intéressé"

Je les regardais se chamailler sans rien dire de plus. Je pensais à Cléo et à se double formation. Il me semblait bien que c'était la seule élève de toute l'académie qui avait été autorisée à suivre une double formation d'informaticienne et de combattante au sein de l'académie du temps Nouveau. Du fait de ses résultats plus qu'excellents, elle parvenait à maîtriser aussi bien les arts martiaux et le combat au corps à corps que les prouesses informatiques les plus incroyables, surtout en matière de décryptage de données. C'était une fille vraiment fascinante et je m'estimais largement chanceuse de la compter parmi mes amis. Nous nous étions attablés à la Taverne du Cheval de Troie, un simili de bistrot de l'Ancien Monde qui avait perdu tout son côté de bar moderne pour revenir aux fondamentaux de la bonne vieille taverne rustique comme on n'en trouvait plus que dans les comptes de fantaisie. La seule différence notoire, étaient les câblages et tours d'ordinateurs qui se nichaient dans les murs et couraient le long des poutres grossière et apparentes qui soutenaient la charpente. Ce ramassis de fils noués par le temps, poussiéreux et datant déjà d'une bonne dizaine d'années desservait une petite quantité d'outils informatique en libre services pour les clients qui n'auraient éventuellement pas la chance de posséder des composants basiques de technologie moderne chez eux. C'était notre lieu de pause de prédilection : en plus d'être essentiellement fréquenté par les informaticien de l'académie, cet endroit possédait une atmosphère inimitable où se croisaient lueurs bleues des écrans, volutes de fumées bleus ou mauves émanant du coin des fumeurs auxquelles s'ajoutaient celles du feu de gaz qui brûlait dans l'âtre d'une énorme cheminée, le tout baignant dans les odeurs divines qui s'échappaient de la cuisine à l'arrière de la taverne. Il n'y avait pas grand monde autour de nous, ce qui n'était pas désagréable. Après Cléo, mes pensées se fixèrent sur mon cours manqué que j'allais devoir rattraper le soir même avec notre professeur de systèmes informatiques. Cette perspective de cours particulier ne m'enchantait guère, mais c'était tout de même bien mieux que d'avoir des lacunes dans mon apprentissages, et surtout un avis négatif sur ma fiche bilan de fin de semestre. Je vis une femme s'approcher de notre table : 

" Salut les jeunes ! Comment qu'ça va aujourd'hui ?!"

C'était Iris, la patronne de la taverne. En plus de s'occuper de tout le côté logistique que demande un tel endroit, elle assurait la préparation des plats en cuisine et le service à la clientèle. Sans elle, il n'était pas exagéré de dire que cet endroit fermerait en moins de deux jours. Elle avait, comme Nemo, cet accent à couper au couteau qui ne s'invente pas, un sourire au beau fixe et des yeux aussi bleu que la mer. Son tablier plein de tâches d'huiles et de sauce couvrait l'uniforme que portaient ceux qui suivaient la formation de combattants lors des premières années d'existence de l'académie. Mais cette mesure qui imposait le port de l'uniforme n'avait pas tenu plus de cinq ans : elle avait été très vite abolie par des élèves désireux de faire voler en éclat les codes sociaux que l'Ancien Monde avait imposé. Iris avait fait partie de cette première vague d'étudiant qui avait suivit les cours de l'académie. Elle s'était mis dans la tête qu'elle deviendrait la meilleure combattante de Santa Katrina pour devenir la première femme diplômé de l'académie. Malheureusement pour elle, lors d'un combat d'évaluation de fin de semestre, elle avait eut la jambe cassée et la mâchoire fracturée par un adversaire bien trop zélé. Cela avait brisé ses rêves de grandeurs, la reléguant ainsi à ouvrir une taverne pour étancher la soif et calmer la faim des élèves informaticiens.