Chapitre 8 : Véga

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Marina qui se sentait observée, regarda derrière son épaule droite et tomba sur des yeux verts perçants. Elle s'excusa de quitter le groupe et pressa le pas dans la direction de Tatiana. Celle-ci se leva d'un bond, sans même prendre le temps de récupérer son carnet sur la table, et prit une direction totalement opposée. Cela se révéla inutile car la jeune danseuse la rattrapa quelques secondes après.

-Etais tu en train de chercher à m'éviter ? demanda Marina.

-Non, mentirent les yeux verts.

La danseuse se montrait perplexe, pourquoi une femme qu'elle connaissait à peine cherchait à l'éviter ? « Elle devait sûrement être gênée après l'incident du musée. » réfléchit-elle.

-Par rapport à l'incident du musée, je... commençait la danseuse.

-C'est déjà oublié, interrompit Tatiana, ne voulant pas s'attarder sur la discussion.

-Oh, d'accord, chouette ! répondit-elle soulagée. D'ailleurs j'ai un petit cadeau pour toi, pour me faire pardonner, continua la jeune femme en fouillant dans son sac.

Tatiana resta incrédule. Pourquoi la personne qu'elle cherchait tant à éviter ne pouvait pas faire de même ? Mais non, il fallait qu'elle tombe sur une fille si gentille, prête à lui offrir des cadeaux même quand son comportement laissait à désirer ! En découvrant le t-shirt Van Gogh, sa seule envie fut de fondre en larmes et de sauter dans les bras de Marina, mais l'artiste devait honorer sa promesse.

-Pourquoi tu fais cela? interrogea la jeune femme d'un ton sévère.

-Eh bien, parce que tu travailles dans le musée Van Gogh et que tu sembles l'adorer, expliqua la jeune bourge.

-Et parce que j'ai des yeux verts, tu vas aussi m'offrir une émeraude ? S'énerva Tatiana. On ne se connaît pas, tu n'as pas à me suivre partout ! Explosa-t-elle, en tentant de ne pas attirer l'attention de toute la salle.

Elle arracha le t-shirt des mains de Marina et le balança dans la poubelle d'à côté. Cette fois s'en était de trop pour la jeune danseuse. Elle supportait beaucoup de réflexions et acceptait toujours de passer après les autres, mais là le comportement de l'autre femme l'insupportait au plus haut point.

-Comme tu le dis si bien, on ne se connaît pas. Alors pour quelle raison te permets-tu de te comporter si méchamment avec moi ? Hurla-t-elle. Elle n'avait pas contrôlé le volume de sa voix, et tous les regards, y compris celui d'Anastazia, se tournèrent vers les deux femmes.

-Contente toi juste d'arrêter de me suivre, chuchota la jeune femme, gênée, avant de se diriger vers les toilettes.

Elle s'enferma dans une cabine et arracha les feuilles de papiers toilette pour se calmer. Elle ne sût pas depuis combien de temps elle était assise sur cette toilette, mais elle surprit la conversation d'un homme et une femme, qui devaient se situer dans le couloir, à en juger du faible volume sonore.

-Non Mathias, je ne veux pas me présenter à l'interview !

Tatiana reconnut la voix de Marina. Une interview ? Etait-elle célèbre ? La jeune femme tendit un peu plus l'oreille.

-Mais cela plaira aux juges ! Que vont-ils penser d'une danseuse participant à un concours international de contemporain qui fuit les caméras ?

Danseuse. Marina était danseuse. Sa démarche élégante et remplie de grâce prenait tout son sens. Elle participait à un concours ?

-Ne fais pas cette moue triste, pense à ta réputation bon sang ! Rajouta Mathias, cette fois en lui empoignant le poignet un peu trop fort.

-Aïe Mathias, fais attention !

A ce cri de douleur, Tatiana s'empressa de sortir des toilettes pour se dresser devant le couple : « Si elle ne veut pas y aller, ne la force pas. » affirma-t-elle en enlevant la main du poignet de la jeune danseuse.

Mathias voulut s'interposer mais Marina réussi à le calmer en déposant un baiser sur ses lèvres, et le pria de partir, il avait un pied dans les toilettes des femmes.

-Et c'est moi qui te suis partout ? demanda la danseuse en s'approchant du robinet.

-Tu pourrais juste me remercier, objecta la jeune artiste, en regardant le miroir refléter les yeux bruns de Marina.

-Tu ne me dois rien, tu n'as pas à voler à mon secours dès que je suis en danger.

-Tu es en danger avec lui ? Se préoccupa Tatiana.

-Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire, Mathias est vraiment un amour, toujours aux petits soins... Mais je n'ai pas besoin d'être secourue, continua la danseuse.

-Si je peux te donner un conseil, lui répondit la jeune artiste, tu devrais imposer un peu plus ton avis. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose de grave.

La femme qui semblait la détester se préoccupait-elle d'elle ?

Avant que Tatiana ne pousse les portes pour aller présenter son speech, Marina prononça ces mots en secouant le carnet oublié sur la table : « Et toi, tu devrais arrêter de mentir pour faire plaisir aux autres. »

Le carnet ! Elle regarda sa montre : 20h. Elle n'avait plus le temps de le reprendre et de rechercher la page exacte, Anastazia était en train de l'appeler. Elle monta sur scène n'ayant aucune idée de ce qu'elle allait dire. Elle sentit le regard de Marina sur elle, et se rappela de ses derniers mots « tu devrais arrêter de mentir pour faire plaisir aux autres ». Elle répéta cette phrase en boucle dans sa tête.

« Bonjour tout le monde, je me présente je m'appelle Tatiana Silvzak et je travaille en tant que guide dans le Musée des Arts de Van Gogh » elle allait s'en tenir au texte initial. « Alors cette peinture dans un premier temps comporte des couleurs primaires, ce qui... » Elle s'arrêta net. Non, la jeune danseuse avait raison, elle devait être honnête et prendre l'exposition à cœur. « Des couleurs primaires, qui à mon avis ont été utilisées complètement au hasard. C'est vrai, regardez ces peintures, les comprenez-vous ? Y trouvez-vous le moindre sens ? »

Le public rigola tandis qu'Anastazia fulminait. Puis, l'artiste se rattacha aux yeux de Marina et continua : « Il ne faut pas essayer de donner un sens à ce qui n'en a pas, il faut simplement accepter et admirer la beauté de l'œuvre ». Marina se sentait visée par ces propos. "Quand je regarde ces gribouillis, je ne ressens rien. Ce sont seulement des gribouillis. Mais certaines personnes pourraient l'interpréter comme le brouhaha qu'ils ont dans leur tête, ou bien la tornade de sentiments par laquelle ils sont passés. Ce que j'entends par là, c'est qu'une représentation, une œuvre, une situation peut sembler être la même, mais tout le monde ne l'interprète pas de la même façon, tout le monde ne réagit pas pareil, car nous traversons des émotions et des moments de la vie différents ». En réalisant qu'elle venait potentiellement de gâcher l'exposition de la mère de Marina, elle tenta de se rattraper : « Et ces personnes, malheureusement handicapées, sont passées par des évènements, et des sentiments pas très positifs, alors je vous prie d'acheter ces œuvres au prix le plus haut que vous le pouvez » acheva-t-elle. Pendant trois secondes, un silence glacial pesait sur la salle, puis Marina se mit à applaudir et, tout le public suivit. Des « bravo » et des « elle a raison » résonnaient dans la salle.

Anastazia l'attrapa dès sa sortie de scène et lui dit qu'elle était vraiment chanceuse que le public ait réagi de cette façon, sinon elle aurait pu dire adieu à son chèque. Pour seule réponse, la jeune femme sourit d'un air amusé et regarda la somme de la cagnotte affichée sur un écran géant. 1000, 2000, 3000 euros, les chiffres défilaient sans jamais s'arrêter. Elle prit son sac, contente d'avoir fait une bonne action, et s'en alla sans dire au-revoir à qui que ce soit.

Une fois que le compteur s'était stabilisé, Marina espérait aller chercher la jeune femme pour la remercier de cette action, mais aussi pour son honnêteté. Mais lorsqu'elle balaya la salle du regard, elle ne vit personne qui ressemblait à Tatiana. La jeune danseuse aurait aimé lui dire adieu.  

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Tell the stars I love you (FINIE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant