Chapitre 20

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Pdv zéro

Avec la tournée qui approchait à grands pas, Levi avait dû rentrer plus tôt que prévu, et même si [t/p] s'attendait à sentir son coeur se déchirer quand elle quittera sa maison, elle était finalement plus excitée qu'autre chose. Retourner en ville signifier tout recommencer à zéro. Se reconstruire.

Cela lui faisait indéniablement peur, mais elle avait sa mère, Levi, ses amis, et contre toute attente, son père semblait enfin la comprendre. Il ne lui avait pas parlé, mais la veille, pour la première fois depuis leur arrivée, il avait dîné avec eux. Ce n'était pas grand chose, certes, mais pour elle, c'était le signe qu'il lui ouvrait les portes. Il ne lui avait pas encore donné la permission d'entrer, mais c'était un début.

Le trajet de retour avait semblé très court à la [c/c]. Peut-être était-ce la hâte de déménager dans l'autre appartement de Levi, ou encore l'appréhension qu'elle ressentait envers le lendemain, ou tout simplement le sommeil qui l'avait emporté dès qu'elle avait bouclé sa ceinture, mais ce qui devait être plusieurs heures lui avait semblé ne pas dépasser les quarante minutes.

Levi l'avait déposé chez Petra, qui s'était apparemment occupée de rentrer l'endroit adéquat aux besoins de la jeune femme, et lui avait envoyé ses affaires avec un coursier. Elle se sentait très mal de penser ainsi, mais elle aurait réellement souhaité avoir Levi avec elle en cet instant. Au final, ce n'était pas l'initiative de tout recommencer qui la rendait si enthousiaste et heureuse, mais le fait qu'elle le ferait avec le brun à ses côtés.

L'appartement était relativement petit, avec deux chambres avec une salle de bain chacune, une troisième beaucoup plus petite, une cuisine et un grand salon. Ce qui plaisait énormément à [t/p] était sans aucun doute la pièce qui était probablement supposée faire office de bureau et que la rousse avait aménagé de façon aussi originale que vivifiante. Les étagères, les oreillers, le canapé, la table basse, le secrétaire, tout était d'un jaune éclatant, avec des touches de rose, de bleu, de vert, de blanc et d'orange. Cette chambre donnait l'impression instantanément d'être chez soi.

Ce qui surpris la [c/c] pourtant fut sans contestant la visite imprévue du jeune homme qui hantait ses pensées vers la fin de l'après-midi. Le temps de prendre un bain, de se reposer et de passer au studio, il devait être dix-huit heures et demi quand il toqua à sa porte.

-"J'ai apporté le dîner."lui lanca t-il en guise de bonsoir.

Et ce fut ainsi tout le mois qui suivit. Chaque soir, Levi venait lui tenir compagnie. Parfois, ils regardaient un film ou se laissaient bercer par le silence en lisant chacun de son côté quelque chose. Il arrivait qu'ils aient des conversations sans queue ni tête pendant lesquelles [t/p] tentait par tous les moyens de le convaincre qu'il fallait parler aux plantes et respecter leurs sentiments, ou encore qu'un personnage fictif pouvait compter beaucoup plus pour nous que quelqu'un de notre entourage. Le plus souvent, ils ouvraient tous les deux la porte de leurs jardins secrets et tout se mêlait : secrets, pensées noires, démons du passé, ombres du futur, incertitudes et rêves.

Ils comprennaient qui ils étaient réellement à travers l'autre.

Ces instants passés ensemble étaient aussi parfois de simples nuits passées enroulés dans des plaids, à boire un chocolat chaud, un café ou un thé. Des moments que Levi faisait passer en composant de nouveaux morceaux ou en écrivant des chansons et dont [t/p] profitait pour éplucher les offres de travail, à la recherche d'un boulot que sa condition ne l'empêcherait pas de faire.

Levi ne lui avait toujours pas parlé de l'appel. Il avait peur de sa réaction. Elle n'avait certes pas de raison de refuser, mais il savait qu'elle n'allait pas non plus accepter facilement. Mais le jeune homme s'en voulait tellement, tellement d'avoir ruiné sa vie qu'il s'était promis de se racheter par tous les moyens. Pour Furlan et Isabel, après l'accident, il n'avait pas pu faire grand chose, mais maintenant qu'il avait une chance même infime de corriger ses fautes, il allait la saisir.

Il se décida enfin à lui en parler un samedi, alors qu'il rentrait exténué d'une séance de répétition. S'il n'avait pas été autant fatigué et qu'il n'avait pas voulu à ce point se débarrasser de ce tracas supplémentaire, il ne l'aurait probablement pas fait, du moins, pas avant plusieurs semaines.

Levi sonna et attendit patiemment qu'elle lui ouvre. Il se passait sans arrêt la main dans les cheveux et jouait avec son zippo argenté. Trop fatigué, il commanda une pizza et s'assit sur le fauteuil, se massant les tempes. Il avait une migraine terrible depuis ce matin et il oubliait à chaque fois d'acheter quelque chose pour y remédier quand il passait près de la pharmacie du coin.

Il ouvrit les yeux qu'il gardait obstinément fermés, espérant atténuer la douleur, quand le tintement d'un verre le fit sursauter. [T/p] venait de poser un médicament devant lui et lui fit signe de voir le message qu'elle lui avait envoyé.

Prends, c'est hyper efficace pour les maux de tête.

-"Comment tu l'as eu ?" Demanda t-il en fronçant les sourcils.

Petra. Elle m'a laissé plusieurs médocs au cas où. Elle a vraiment pensé à tout.

Quand la pizza arriva, il se mirent à manger dans une atmosphère des plus pesantes. D'un coup, la [c/c] laissa tomber le morceau qu'elle tenait à la main et saisit son téléphone. Le mal de tête de Levi s'était un peu calmé entre temps mais au vu de son expression, elle était légèrement énervée et une querelle n'était pas ce dont il avait le plus besoin en ce moment.

Son téléphone vibra et il le déverrouilla en silence.

Tu as un problème.

-"Je sais pas si on peut appeler ça comme ça. Enfin, il revient à toi d'en décider."

Devant son regard interrogateur, il poursuivit.

-"Il faut que tu partes à Mitras."

Elle écarquilla les yeux. Mitras était un petit pays à plus de dix-mille kilomètres d'ici.

-"Tu sais ce qui caractérise cet endroit, non ?"

[t/p] commençait à comprendre, et elle ne savait pas si ce qui lui tournait en tête lui plaisait ou non.

-"Les meilleurs médecins du monde y bossent."

~Caporal Neko

No name ~levixreader~ Where stories live. Discover now