9 - Talkie-Walkie

Magsimula sa umpisa
                                    

Je suis partie vivre à Angers, en internat. Mon oncle m'envoyait des lettres toutes les semaines, que je brûlais toutes sans les lire à la fenêtre de ma chambre. Théo venait me rendre visite certains week end puisque je refusais de revenir sur Rennes. Mes parents ne m'appelaient pas, il avaient coupé les ponts à mon plus grand plaisir. Mon oncle m'envoyait de l'argent, que je dépensais un minimum. J'envoyais tout ce qui ne me servait pas pour des besoins de base comme la bouffe ou les produits d'hygiène à Théo. Il voulait faire de la musique et on était loin d'être riches, alors un peu d'aide ne se refusait pas. Notre oncle n'aimait pas Théo, il n'aimait personne à part moi, et j'ai mis du temps avant de comprendre pourquoi.

Puis mon oncle est décédé et je suis partie en prépa, et je n'ai plus vu personne, pas même Théo, avant maintenant. Ma mère avait déménagé sur Nantes, et mon père ne donnait aucun signe de vie. J'avais fait le deuil de ma famille pendant cette année d'absence, mais je regrettais chaque jour de m'être éloignée de Théo. Le décès de mon oncle m'a fait plonger pendant un an, mais c'est aussi ce qui m'a aidé à reprendre ma vie en main. Le plus important, aujourd'hui, c'était de me reconstruire, avoir de vrais amis et vivre auprès de la personne que j'aimais le plus au monde, mon grand frère.

Théo avait toujours été respectueux, il n'avait jamais essayé de me parler de nos parents, de mes troubles, de notre oncle. C'était surtout par pudeur entre nous. On avait toujours parlé de tout ce qui pouvait nous éloigner au maximum de notre famille, on ne se le disait pas mais c'était trop dur, alors on profitait de notre relation pour voir au delà des problèmes.

J'arrive a glisser lentement du lit sans réveiller Lucas, je mets ma couverture sur lui avant de sortir sur le balcon pour prendre un peu l'air.

Point de vue de Théo

9h47, appartement de Théo et Lucas

J'émerge difficilement, les yeux en feu. Je chancèle jusqu'à la cuisine pour me servir du café. En le buvant, je vois ma soeur assise sur le balcon, elle observe la vue. Elle est en pyjama, les cheveux emmêlés, toujours pieds nus alors qu'il faisait un froid glacial, et une cigarette entre les doigts.

J'étais heureux de la savoir ici, avec moi, où je pouvais la protéger, la percevoir, partager des choses avec elle. Elle m'avait terriblement manqué, et je m'en voulais de ne pas avoir pu la protéger. On n'avait jamais vraiment parlé de tout ce qui la troublait, mais je n'étais pas aveugle, et puis c'était ma petite soeur. Quand on était gamins, je ne comprenais pas pourquoi elle était si différente, puis tout s'est éclairé le jour où j'ai trouvé ses tests. Je cherchais simplement de quoi écrire quand je suis tombé sur une boîte à chaussures poussièreuse. Lila était partie depuis un an à Angers, à cette époque. Ma mère ne me parlait jamais de Lila, quand je lui demandais si elle savait pourquoi ma petite soeur allait si mal, elle esquivait la question. Je ne savais pas qu'elle avait passé ces tests. Les découvrir m'a bouleversé. Tout s'expliquait maintenant, elle ne pensait pas comme tout le monde et en souffrait, et personne ne l'avait aidée. Je lisais les résultats des tests en tremblant. Trouble de l'attention avec hyperactivité : positif. Syndrôme borderline : positif. Quotient intellectuel : estimé à 143. Plus tout un tas de détails psychologiques auxquels je ne comprenais rien. Cette découverte m'avait laissé sans voix. Je n'avais jamais dis à Lila que j'étais au courant, elle ne l'était peut être pas elle même, notre mère nous cachait tout. Lila s'est ennuyée pendant toute sa scolarité, la seule chose qui lui permettait de se défouler était l'art. Elle avait eu son bac avec un an d'avance. Quand elle a dit aux autres avoir tenté une année de prépa sans que ça lui plaise, c'était faux. Elle avait validé ses deux années en l'espace d'une seule.

Maintenant qu'elle était près de moi je faisais tout pour qu'elle aille bien, pour qu'elle soit à l'aise dans le groupe, pour qu'elle puisse se reconstruire. Quelque chose de plus fort que tous ses troubles avaient brisé une part d'elle. Elle a toujours été mature, bien plus que tous les adultes qui nous entouraient. Un événement qui m'est inconnu l'a privée de son enfance et de son innocence.

ᴄʜᴀᴛᴇᴀᴜ ᴅᴇ ꜱᴀʙʟᴇ | ʟᴜᴊɪᴘᴇᴋᴀTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon