C'est impressionnant d'être face à une grande salle noire de monde, devant un amphithéâtre de personnes qui attendent notre discours, nos mots, nos conseils. Il y a d'abord la posture à trouver, quelque chose de ni trop sérieux ni trop décontracté, un bel équilibre difficile à saisir. Ensuite il faut parler, fort sans crier, mais de façon à être entendu de tous, laisser tomber son jargon, oublier ses tics de langage, écarter les raccourcis, tuer les parasites verbaux, et être juste. Raconter ce qu'on veut conter, répondre aux questions, donner de soi, de son âme, sans se perdre dans le personnage public, tout en se souvenant que les gens assis devant nous ont payé pour être là et pour entendre ce que nous nous apprêtons à articuler. Ils donnent de l'argent pour une rencontre impersonnelle dont le souvenir sera le même pour les centaines d'autres silhouettes inconnues installées près d'eux. Il faut réussir, ne pas décevoir ; les voir sourire pendant que nous parlons.
Elle sourira en prenant des notes dans son carnet. S'il la remarque, l'histoire sera différente pour cette femme-là.
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Derrière les Rosiers
Non-FictionExercice de style ; écrire comme Sei Shônagon Derrière les rosiers, j'avais caché tous les rêves que je faisais la nuit. Images terrifiantes, images idylliques et images sensuelles se confondaient jusqu'à s'oublier. C'est en allant cueillir les fleu...
