Waiting for that day

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Plusieurs mois de ta modeste vie s'écoulent, chaque jour passant tel un infime grain de sable dans l'étroit conduit reliant les deux extrémités d'un sablier infini. Chaque nouvelle journée débutant est une nouvelle attente insatiable de revoir Georgios au bar.

Chaque fois que la porte s'ouvre, tu ne peux t'empêcher de ressentir une immense deception que tu as bien grand mal à cacher lorsque tu t'aperçois une fois de plus qu'il ne s'agit pas de l'objet de tes désirs, des plus futiles aux plus ardents.

Au bout de trois semaines à te morfondre de ne pas revoir son beau visage, tu commences à perdre espoir. Au fur et à mesure que passent les jours, les traits d'Andrew deviennent de plus en plus flous et brouillons dans ton esprit, tandis que ceux de Yog semble aussi nets et frais que la première fois que tu l'as vu.

Depuis le lendemain du jour où vous vous êtes rencontrés, tu t'apprêtes plus, mais aujourd'hui, tu n'as pas envie de soigner ton apparence pour un fantôme. Tu te sens profondément stupide de t'être accrochée de la sorte à un garçon dont le souvenir te rend à present presque honteuse.

Insoucieuse de ton image pour la première fois depuis de longues semaines, tu revêts un simple débardeur blanc avec un Levi's délavé. Tu ne passes pas par la case "maquillage", et ta coiffure ressemble à un semblant de chignon décoiffé. 

En arrivant au bar, tu es surprise par la chaleur torpide qui s'abat sur toi dès que tu mets un pied dehors. Tu remercies Dieu d'habiter si près du bar et de ne pas avoir à traverser tout Londres à pied. Il est très tôt mais la température est déjà horriblement haute, et tu sais qu'elle n'es pas encore à son apogée.

Tu ouvres la porte du bar. Comme d'habitude, tu es toute seule pour tout faire, tes trois autres collègues et Erin sont soi-disant trop "occupés" pour faire l'ouverture, la fermeture, bref leur boulot. C'est donc avec réticence que tu retournes le panneau "open" sur la porte, que tu déposes serviettes et menus sur les tables, que tu mets l'éclairage et la musique en route... et viens te poster derrière le comptoir, avec ennui, lassitude et quelques magazines sur les derniers gossip de stars, en attendant les rares clients assez stupides pour sortir de chez eux en plein caniar. 

Alors que tu t'es endormie en lisant une page dédiée à la mort de Grace Kelly, la sonnette prévenant de l'entrée d'un client retentit. Cela te réveilles brusquement. Ton choc est encore plus immense quand tu t'aperçois qu'il s'agit de Georgios. (Je ne suis pas du genre à abuser des majuscules, mais) tu ne t'es ABSOLUMENT pas préparée à sa visite. Tu t'essuies la joue au cas où un quelconque filet de bave aurait coulé de ta bouche, réajuste ton débardeur trop court, écarte de ton visage quelques mèches rebelles, envoie valser par terre les magazines, t'efforces d'avoir l'air cool et détendue, et enfin, lui sourit.

"Salut, toi." tu l'abordes.

Il fronce les sourcils, l'air amusé, témoin de la manière brutale dont tu as fait preuve avec les magazines, et répond naturellement, clairement, justement, espièglement, surement, juste parfaitement  : 

"Hey. 

 - Tout va bien ?

-Ouais. Tranquille. Et... pour... toi... ? Étrangement, à mesure qu'il parle, il semblait perdre ses moyens, comme s'il avait préparé son discours à l'avance et qu'il avait oublié la suite de ses répliques.

-Estoy bien, señor ! Qu'est-ce que je te sers ?

-Heu... Un coca light ?

-C'est tout ?

-Hmm... Oui...

-Attends, tu es venu juste pour un Coca ? Non, tu prendras aussi un sorbet. En plus, j'en ai quatre tonnes qui vont fondre, alors... Ça m'arrangerais.

Imagine George Michael...Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora