Chapitre 5- 122,1 kg

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—Décidément, vous n'arrêtez pas de grossir. C'est carrément 500 grammes que vous venez de prendre en même pas un mois ! Que dis-je ? En quelques jours !

Je lève les yeux au ciel pour signifier à Ulrich que je me fous de ce qu'il peut penser. Je me contente de remettre mon survêt, survêt que j'ai eu un mal fou à trouver à ma taille dans les magasins de la ville. Même si je ne le vois pas car je m'échine à défaire le cordon de mon pantalon pour le remettre, je sens le regard d'Ulrich sur moi. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi. En même temps que ma tenue de sport, je suis passée à la boutique de Davina pour y prendre deux ensemble soutifs et culottes de sport. Ok, ce n'est pas très sexy mais au moins, je n'ai pas à en rougir comme la dernière fois avec mes loques.

— Ce n'est pas la peine de vous rhabiller, lâche-t-il alors qu'il inspecte désormais les résultats de mes analyses.

Quoi encore ? Cette fois, je n'arrive pas à retenir le soupir d'agacement qui me brulait la gorge. Je relève les yeux vers lui pour lui demander à quoi il joue quand je m'aperçois qu'il porte des lunettes de vue. Leurs montures noires soulignent les mâchoires anguleuses tandis qu'une mèche rebelle s'amuse encore à danser au rythme des petits hochements de tête de leur propriétaire. Je déglutis. Je ne sais pas pourquoi mais de le voir aussi sérieux face au document que je lui ai fourni me fait tout drôle. Ulrich ne s'aperçoit pas de ma gêne soudaine ni même de mon observation discrète et plie la feuille qu'il lisait en opinant du chef.

— C'est bien ce que je pensais. Vos résultats sanguins ne sont pas top. Vous êtes anémiée par-dessus le marché.

Ulrich s'approche de moi de son air bizarre, celui qui fait que je me déstabilise quand il l'adopte.

— Et...euh...ça veut dire quoi ?

C'est à lui cette fois de lever les yeux au ciel d'agacement, geste qui réactive un peu et fort heureusement mon hostilité habituelle à son contact.

— Je dois vous faire un dessin ? Vous êtes en manque de fer et votre IMC est trop élevé ! Donc, il est inutile de mettre votre survêtement que je devine tout neuf ! Ce serait de la folie de vous faire courir !

Il a parlé de sa voix forte coutumière, faisant claquer son très léger accent germanique. Je pourrais rire de son semi-pétage de plomb mais il est trop près. Je ne peux pas me défendre comme il faut quand nous sommes aussi proches surtout que je suis encore en culotte et soutif. Cette fois, je déclare forfait face à son regard inquisiteur et d'un bleu que je n'ai jamais vu ailleurs. Je me recule légèrement pour reprendre mes esprits et retrouver ma colère si rassurante.

— Et...euh...on va faire comment ?

Je me foutrais des baffes de m'associer par ce « on » à ce mec dans mon processus d'amaigrissement mais ma langue est alourdie par la gêne. Ulrich baisse à son tour le regard et je note que c'est bien la première fois. Il se retourne en un éclair pour ouvrir derrière lui une armoire.

— Et bien, on va essayer la méthode douce pour commencer. Il ne faut pas traumatiser votre corps de grosse obèse.

Sa vanne me fait l'effet d'un coup de fouet qui ravive à l'instant ma hargne à son égard.

— Méfiez-vous, cette fois sur l'étagère, c'est une altère qu'il y a !

Ulrich relève la tête en éclair, les yeux ronds, ne s'attendant visiblement pas à ma punchline. Il ne relève donc pas pour une fois et choisit de retomber dans la froideur stérile des débuts :

— Pour aujourd'hui vous allez faire une petite dizaine de longueurs de piscine. Autant y aller doucement.

— Pourquoi y aller doucement ? Je suis une excellente nageuse contrairement à ce que votre esprit étriqué pense !

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