•Chapitre 3 : De mon côté•

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« -Tu es blessée. Ta blessure s'est infectée. »

Merci, captain obvious. J'avais pas remarqué. C'est vrai que moi, Azul Gramp, ne ressens pas la douleur. Je suis un être surhumain avec des capacités hors-normes. Pouah ! Si seulement.

Je regarda Neih me faire un garrot pour que la plaie n'infecte pas l'entièreté de ma jambe.

« -Comment t'as fait ? »

Ah. Question fatidique. Je ne pouvais pas lui dire que je m'étais accrochée à une barrière en fer, et que j'ai réclamé une pause à ce moment là pour camoufler le fait que j'étais coincée. Non. Je peux trouver mieux.

« -J'ai trébuché sur un caillou. »

Arg ! Encore pire. Je passe encore plus pour une neuneu.

« -Quand ça ?

-Y a même pas deux jours.

-Pourquoi tu n'as rien dit ? Tu aurais pu attraper quelque chose de grave, vu comment c'était ouvert... »

Je ne peux pas lui avouer non plus que c'était parce que je ne voulais pas passer pour une faiblarde. Si je lui avais montré sur le moment, il aurait pensé que je ne sais que me plaindre. Je ne veux plus être un fardeau.

Il continua de me soigner.

Après un long blanc, Neih me lanca :
« -Tu n'a pas trébuché sur un caillou, pas vrai ? » dit-il avec un sourire en coin, sans pour autant lever la tête.

Punaise ! On peut rien lui cacher.

« -Azul, tu as un bout de métal dans la jambe... »

Sérieux ? C'est déguelasse !!

« -Azul ? Me lança Neih avec un regard que je connaissais très bien.

Ce regard qui signifiait : « J'attends ton accord. »

Neih demande toujours l'autorisation à la personne concernée avant d'entreprendre quoique ce soit. C'est de nature. Et il fait cela pour absolument tout. Depuis que je le connais, il a toujours été comme ça. Et c'est si adorable. Je hocha la tête pour lui dire « vas-y ».

Et là j'eus très mal.

« -Ça va ? Il était enfoncé vachement profond...Désolé si t'as mal. J'aurais dû être moins brutal...

Je me retenais de hurler. Arg... Fais chier...

-Ça va, ne t'inquiète pas. C'est moi, j'aurais dû te prévenir avant. »

À ces mots, Neih baissa le regard et termina mon bandage.

« -Il faudra le changer toutes les heures. »

Quoi ?!

« -Je ne ferais que vous ralentir.

-Tu nous ralentirais encore plus avec une jambe en moins. »

Ouais, pas tort. Un point pour toi, Neih. Je lui souris.
Les joues de Neih rosirent un peu, puis il parti rejoindre Beint.

Une fois remise de mes émotions, nous reprîmes la route. Je boitais, évidemment, mais Neih réussi sur le chemin à me fabriquer une « béquille ». Enfin, c'est un bien grand mot, c'était juste 3 bouts de bois assemblés avec une cordelette. Mais ça m'aida grandement a avancer.

Mais j'avais toujours l'impression d'être un fardeau. J'espère au moins ne pas attirer les pillards. Ou autre chose.

J'ai toujours grandi dans le mode d'esprit que je représentais un fardeau pour tout le monde. En tout cas, c'était ce que mon père me répétait, entre 2 coups de pied. Je dirais même qu'être rabaissée était mon quotidien, à vrai dire. À l'exception de mes moments avec Neih. Il était gros et boutonneux avant, apparemment il complexait beaucoup sur ça. Il avait peut-être pas le physique le plus attrayant, mais j'avais juste besoin d'une figure masculine dans ma vie, je crois. Pour compenser. Le physique des gens m'importe peu. Comment pourrais-je juger, ahah...

Mais j'étais contente quand il était là. Je le montrais pas, mais au moins, il était content d'être avec moi aussi. C'était la première fois que j'avais l'impression que quelqu'un tolérait ma présence. Et puis, il prenait en considération tout ce que je disais. Chaque parole, il l'écoutait avec attention. Il ne détournait pas les yeux en beuglant :

« On en a rien à foutre de c'que t'as à blairer, le chien! »

J'avais de l'importance. C'est tout ce qui comptait. Neih était et est désormais tout ce que je possède.

J'ai conscience que j'ai un caractère de merde. Je m'emporte sur tout le monde, même sur lui. Mais je pense pas souvent ce que j'aboie. J'ai juste besoin de crier. Impossible en ces lieux, sinon c'est un joli tir au milieu du front qu'on se récolte. Donc je m'énerve. En silence. Comme depuis toujours.

Our Last Day : How we survivedWhere stories live. Discover now