Alex a une vie des plus monocordes.
Elle a un petit ami.
Elle a un travail.
Et elle n'a que vingt ans.
Si sa vie était un tableau, il serait tout en noir et gris.
Fade.
Morose.
Triste.
Mais un jour...
On lui rend ses couleurs.
Début de pub...
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Un vendredi sans drogue, alcool, ni rock, ni sexe.
Mon vendredi est une succession d'événements. Toujours la même. Sans surprise. Sans folie. Sans saveur.
Le réveil qui sonne. Ma paupière droite qui se soulève avant la gauche. Quelques secondes que je m'accorde dans l'obscurité, à écouter les légers ronflements de Connor, étendu à mes côtés. Ma paume qui caresse machinalement son avant-bras, paresseusement étalé sur ma taille. Mes pieds qui écartent les trous de ma petite culotte pour l'enfiler sans accroche. Mon corps tendu qui file sous le jet d'eau chaude de la douche. L'odeur du café qui se diffuse dans le petit appartement. Mon chat qui se glisse entre mes mollets pour me chatouiller. Mon regard qui se perd sur l'écran de la télévision. Connor qui m'embrasse sur le front avant de partir en cours. Mon trajet interminable en bus afin de rejoindre le boulot...
Puis, les mêmes perspectives de soirée, toutes dirigées vers mon canapé, un paquet de kit kat et la dernière émission du moment en attendant que Connor rentre de sa soirée « fléchettes et bières ». Après ça, je rejoins mon lit, toujours dans l'attente de mon petit ami qui ne rentrera pas car « beaucoup trop bourré pour faire deux pas ».
Mes vendredis se ressemblent tous. Fades. Insipides. Chiants à souhait et à mourir.
Le vendredi c'est le jour le plus terrible de la semaine. Car finalement, chaque jour est un vendredi. Et au bout du cinquième, c'est beaucoup moins facile à supporter. Parce que je n'ai que vingt-ans, et la routine a déjà pris possession de mon existence. Une routine où j'évolue seule, en parallèle, en décalage, en biais ou en cercle. Peu importe. Il y aura toujours un lendemain pour réfléchir à la direction que prend ma vie.
Un lendemain sans couleur.
Le nez enfoui dans mon écharpe en laine violette, je pousse la porte de la librairie. L'odeur des livres envahit mes narines et la chaleur de l'endroit réchauffe mes joues. Les ampoules agressent mes rétines, encore habituées à l'obscurité du petit matin. Une délicieuse senteur de thé flotte dans les airs, et je devine sans mal que Madame Twist a repris du service.
Monsieur et Madame Twist sont un charmant couple de sexagénaires, drôles, attachants, passionnés, mais terriblement têtus. J'ai beau travailler à temps plein dans leur librairie depuis presque deux ans, jamais ils ne m'y laisseront seule. Même si l'un deux est souffrant, l'autre reste à la boutique. Pas qu'ils ne me fassent pas confiance. Disons qu'ils cherchent à prouver qu' « avec des genoux tremblants, un dos en vrac et une paire de binocles, on est autant capable de charbonner comme les jeunes ! », oui, ils ont en fait un très gros esprit de compétition. Et le retour de Madame Twist en est la preuve, à peine deux semaines au lit après une opération de la hanche qu'elle est déjà de retour !
