Angélus ne sera plus jamais le même après ce terrible soir où cet homme, Harvey, a abusé de lui.
Il devient un adulte séduisant, irascible, inquiétant et mystérieux.
Quand il rencontre Wallis, une jeune femme blessée par la vie elle aussi, Angélu...
— Jim Carrey pour le nom ! Quant au lieu, je ne m'en souviens pas vraiment. C'était quelque part sur le trajet entre l'hôpital et mon domicile, suggère-t-il. Avez-vous terminé détective ? J'ai des malades à voir.
Un détail me préoccupe, trois fois rien à vrai dire...
— Je me posais la question de savoir si cette maison possède un sous-sol.
Les pupilles mordorées de Kruger sont devenues aussi coupantes qu'une lame de rasoir.
— Non ! me renseigne-t-il laconiquement.
À ses côtés, Wallis a légèrement tiqué, mais elle se tait. J'en profite pour signifier à ce connard qu'il peut dégager quand ça lui chante.
— C'est parfait monsieur Kruger ! Je ne vous retiens pas plus longtemps loin de vos malades. J'ai encore quelques points à éclaircir avec mademoiselle de Vitto. Des détails dont elle se souvient peut-être ?
J'aurais apprécié qu'il pète un plomb et tente de m'éjecter de chez lui par la fenêtre la plus proche. Mais il se contrôle plutôt bien...
— Mon amie est très fatiguée, et elle doit reprendre son travail demain ! annonce-t-il. Je vous prie d'être bref, car je suis aussi son médecin.
Sans bien s'en rendre compte, Wallis intervient à mon profit :
— Ça ira ! lui confie-t-elle gentiment. Je souhaite aider le détective à faire incarcérer ces individus.
Kruger se barre, non sans avoir collé un bisou sur les lèvres de Wallis. Ils ont toutes les apparences du parfait petit couple, mais certains trucs me dérangent.
— Je ne serais pas long, mademoiselle de Vitto. Vous ne vous rappelez de rien d'autre à propos de ces brutes ? je lui ai servi ma frimousse de charmeur sur un plateau et elle a légèrement rosi.
— Je pense vous avoir tout dit ! Ils m'ont terrifiée et ils semblaient attendre mon passage, soupire-t-elle.
Je réagis au quart de tour :
— Pardon ? Vous avez eu la sensation qu'ils ne se trouvaient pas là par hasard ?
— Je ne sais pas ! Peut-être ?
— C'est vrai que d'habitude ce genre de gars ne traîne pas dans les beaux quartiers. Ils se contentent de tenir leur petit commerce sur leur territoire.
— Leur petit commerce ? s'étonne-t-elle.
— La drogue, les filles ! Ils ne sont pas très imaginatifs.
— Oh ! Je vois ! elle a esquissé un petit rictus chagriné, presque tourmenté, elle paraît réellement épuisée.
— J'en ai terminé, mademoiselle de Vitto, puisque vous êtes souffrante.
— Ce n'est pas exactement ça, proteste-t-elle en pâlissant, extrêmement fragile tout à coup.
— Pardon mademoiselle, si je me suis montré maladroit ou indiscret.
Elle hésite sans doute à me faire confiance, puis après quelques secondes de silence...
— Je suis en sevrage, confesse-t-elle d'un trait. Pas d'histoire de drogue, je suis alcoolique. J'ai passé le plus dur, mais ça reste difficile.
J'ai une féroce envie de la prendre dans mes bras pour la réconforter, mais je me contente de lui signifier ma sympathie, et plus si affinités.
— Ce doit-être particulièrement éprouvant et vous m'en voyez sincèrement désolé, Wallis ! Je peux me permettre de vous appeler pas votre prénom ? Et donc Kruger est votre médecin ?
Elle rit d'une manière un peu grave.
— Pas vraiment ! Il est surtout mon patron. Je suis résidente dans son service et il a proposé de m'aider...
— Un autre talent du docteur Kruger, je suppose ?
Elle m'observe sans comprendre où je veux en venir. Cette fille constitue un pur diamant d'innocence, intelligente et belle à couper le souffle. C'est l'évidence que Kruger n'est pas net. Mon instinct me dicte qu'il tient la petite sous sa coupe à cause de ce problème d'alcool. Mon sang royal s'enflamme au cœur de mes nobles veines, je lui tends une carte.
— C'est mon numéro personnel Wallis, vous pouvez m'appeler quand vous voulez. Si vous avez besoin de quelqu'un à qui parler ou n'importe quoi d'autre. Je vous connais à peine, mais je vous apprécie beaucoup.
Ces pauvres mots expriment de manière insuffisante mon grand intérêt pour elle. J'adorerai respirer de près le parfum de ses cheveux, de sa peau, admirer les courbes de son corps, et aussi boucler Kruger derrière de solides barreaux dans l'attente d'une injection mortelle dûment décidée par un juge. Je n'ai pas encore déterminé un ordre exact pour toutes mes priorités.
Mince ! Je crois bien que je suis amoureux !
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Pas sûr qu'Angélus apprécie les sentiments de monsieur sang royal pour Wallis.
