Christmas Carole [TERMINE]

Chapitre 10

"J'en peux plus !"

Le cri du coeur de Valentine fut suivi d'une chute dramatique sur le lit, sous les yeux d'une Sabela qui n'avait pas le moins du monde l'air surprise. Autour d'elles le lit était jonché de leurs deux ordinateurs, de stylos et autres fiches bristols, classés selon une logique qu'elles seules pouvaient comprendre. Cela faisait bien une heure qu'elles étaient plongées dans le travail, et l'une comme l'autre avaient bien besoin d'une pause. Valentine se retourna pour regarder le plafond, jouant distraitement avec une des peluches de Sabela.

"J'y arriverai jamais, se lamenta Valentine.

- Mais tu vas te taire, oui ? On va faire une pause et voilà."

Valentine savait pertinemment qu'il était tout bonnement inutile de contredire son amie. Elle se contenta alors de soupirer en repoussant ses fiches. Elle s'attendait à une pause film - ce qui clairement ne la dérangeait pas - avec un chocolat chaud dans la main. Or, elle reçut un sms. Elle fronça les sourcils, et relut plusieurs fois le message. C'était Carole. Qui lui demandait si elle était libre en cette fin d'après-midi.

"Qu'est ce qu'il y a ? Questionna Sabela.

-C'est ma mère... Elle a besoin de moi à la maison."

Cette fois, Valentine savait pourquoi elle mentait. Elle n'avait pas hésité un instant en voyant le message, et elle ressentait une pointe de culpabilité à l'idée de laisser Sabela ainsi. Elle savait que sa meilleure amie comprendrait, mais une petite voix au fond d'elle lui murmurait qu'elle avait tort de partir. Elle rassembla ses affaires, rangeant à la hâte ses stylos et fiches tout en essayant de rester naturelle. Elle promit à Sabela de revenir le lendemain, puisqu'elles avaient prévu de travailler, et s'en alla, penaude.

Dehors, elle répondit au sms de Carole. Un instant plus tard, elle recevait un appel.

"Oui ?

- Hey ! J'ai une pause d'une heure dans dix minutes, ça te dirait un tour au marché de Noël ?"

Valentine hésita un instant. Elle repensait à toutes ces odeurs, toutes ces lumières, toutes ces musiques qui la rendaient malades depuis quelques jours. Était-elle vraiment prête à se rendre dans un endroit aussi saturé en magie de Noël ? Elle se raisonna, se sentant un peu bête.

"Bien sûr ! Je te rejoins au magasin ?

- Oui, c'est parfait ! J'ai des clients qui arrive, à tout à l'heure Valentine !"

La jeune femme raccrocha, plongée dans un mélange d'anticipation, de curiosité et de hâte. Quelque part, elle était flattée de voir qu'une personne aussi intéressante et cool que Carole voulait passer du temps avec elle. Elle n'était pas sûre de comprendre ce qui chez elle pouvait susciter un tel intérêt, mais elle n'allait certainement pas s'en plaindre. Elle qui était habituée à avoir une mauvaise tête dans la rue se surprenait à sourire bêtement en slalomant entre les passants. Elle pressait le pas, se dirigeant presque en courant vers le métro, de peur d'arriver après le début de la pause de Carole.

Le trajet en métro sembla long. Très long. Valentine vérifiait sa montre toutes les cinq secondes, calculant mentalement combien de temps il lui restait avant d'arriver devant la boutique. Pourquoi le métro allait si lentement, aujourd'hui ? Elle ne voulait pas faire attendre Carole pendant sa pause. Elle n'avait qu'une heure, après tout, et Valentine ne voulait pas qu'elle gâche ces précieuses minutes à attendre. Ou peut-être était-elle simplement pressée de la voir ?

Enfin, le wagon s'arrêta au centre commercial. Valentine fut la première à sortir. Elle gravit les marches quatre à quatre, le souffle court. Pourquoi ce centre commercial était-il si grand ? Pourquoi était-il si bondé ? Pourquoi les gens marchaient-ils si lentement ? Malgré tout, elle parvint à atteindre la boutique. Sur le seuil de la porte, un petit doute l'envahit. Et si elles n'avaient rien à se dire, pendant une heure ? Et si Carole se rendait enfin compte d'à quel point elle était banale ?

Puis, son regard s'arrêta sur les tresses de jais parsemées d'or. Elle resta là, bras ballants, jusqu'à ce que Carole se retourne. Que leurs regards se croisent. Et qu'elle lui adresse son fameux sourire flamboyant.