Chapitre 20

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Il ne restait que deux jours avant la fête du nouvel an. Abigail n'avait pas le cœur à fêter cette nouvelle année. Elle avait trop de choses à l'esprit, et la période de fêtes était devenue synonyme de catastrophes. Tout allait de travers, son exposition, sa vie amoureuse, sa situation financière. Un appel de son amie la fit sortir de ses pensées.

- Ah non Abigail ! On doit fêter le nouvel an, c'est un crime de ne pas le faire, avait rétorqué Kate quand elle lui avait annoncé ne pas vouloir faire la fête.

- Je préfère me reposer.

- C'est à cause de lui ?

- Qui ? Demanda innocemment Abigail sachant pertinemment à qui son amie faisait révérence.

- Ton magnifique danois.

Un long silence qui en disait long s'ensuivit. Abigail voulut parler mais sa gorge se serra tellement qu'elle n'arrivait pas à prononcer un seul mot.

- J'en étais sûre... Soupira Kate à l'autre bout du fil. Ça va s'arranger tu verras.

- Mais tu dois avoir d'autres amis qui t'ont invité et veulent passer une super soirée avec toi. Ils seront de meilleure compagnie.

- Mais moi je ne veux pas aller chez eux. Et ne prive pas nos enfants de se voir car tu as une peine de cœur.

- C'était fourbe ça Kate.

- Je sais, rigola-t-elle.

Abigail se mit à réfléchir à toute vitesse. Kate avait touché un point sensible, son fils, et elle ne pouvait plus reculer.

- Après tout, on peut quand même bien s'amuser, marmonna-t-elle peu convaincue.

- J'étais sûre que tu dirais ça !

Abigail était repartie travailler tandis qu'Ivar gardait Mathis à l'appartement. Ils faisaient des jeux toute la journée, et de la peinture alors que la neige tombait à l'extérieur. Quand Abigail rentra le dernier soir, son manteau était plein de neige et elle portait de lourds sacs de courses à bout de bras.

Ivar se précipita à sa rencontre, l'aidant à se débarrasser de ses achats. Il l'aida aussi galamment à enlever son manteau. Elle se crispa lorsque la peau de sa nuque entra en contact avec les doigts d'Ivar. Des frissons lui parcoururent le corps, l'électrisant. Elle le remercia timidement d'un sourire puis baissa rapidement la tête pour cacher ses joues rouges. Ivar porta les sacs jusqu'à la cuisine et commença à ranger les courses.

- Pourquoi avoir fait autant de courses ?

- Kate vient avec sa fille pour le nouvel an.

Mathis se leva du tapis sur lequel il jouait depuis un moment en silence alors qu'Ivar s'éclipsait.

- Diana elle vient à la maison demain ?

- Oui mon chéri.

Mathis tourna sur lui-même en souriant. Cela faisait plusieurs semaines qu'il ne l'avait pas vu.

- Elle t'avait manqué ?

- Oui, c'est mon amoureuse.

Abigail haussa un sourcil surprise, elle n'avait rien remarqué. Ils jouaient ensemble et s'appréciaient c'était certain, mais il ne se tenait pas la main, il ne lui disait pas de mots d'amour, pas même un bisou sur la joue. Pas de comportements amoureux digne de son âge.

- Je ne le savais pas.

- C'est normal, je te l'avais pas dit, répondit Mathis en rigolant.

- Il faut dire que ça ne se voit pas trop, rigola sa mère.

Abigail arrêta de rire quand elle vit la mine renfrognée de son fils. Elle voulut s'excuser et lui dire que ce n'était qu'une petite blague, mais il ne lui en a pas laissé le temps.

- Y a pas besoin que je lui fasse de câlin pour qu'elle sache que je l'aime, elle le voit dans mes yeux. Toi non plus tu ne fais pas de câlin à Ivar.

Abigail en resta bouche bée. Elle regarda silencieusement Mathis partir dans sa chambre en boudant. Son fils venait-il réellement de lui faire une leçon de moral à à peine cinq ans ? Elle trouvait Mathis trop petit pour comprendre ce qu'elle pouvait ressentir pour Ivar, pourtant il avait touché juste. Il n'y avait pas que de l'amitié, et pas besoin qu'elle l'embrasse pour que tout le monde sache qu'elle avait des sentiments pour cet homme.

Elle tourna son attention vers la salle de bain dans laquelle était rentré Ivar pour faire sa toilette. Il était à l'encadrement de la porte, jogging et tee-shirt faisant ressortir ses muscles. Il la regardait intensément. Elle sentit ses joues s'empourprer et son corps réagit instantanément à cette vue. Elle sentit une grande chaleur inonder toutes ses cellules. Elle n'avait jamais fait attention jusque-là de ses réactions physiques en sa présence, et elle se prenait la vérité de plein fouet. Elle espérait seulement qu'il n'ait pas entendu ce que Mathis avait dit. Elle détourna de nouveau le regard et se déplaça jusqu'à la cuisine.

- J'ai déjà préparé le repas, intervint Ivar en devinant son intention.

Abigail recula légèrement. Elle ne savait plus quoi faire de ses mains. Elle sentait qu'elle étouffait. Ivar ne parla pas de Mathis, il n'ajouta rien, elle en déduit qu'il n'avait peut-être rien entendu.

- C'est gentil... Merci.

Elle mit alors un peu de musique pour se détendre et se cala contre la fenêtre pour regarder la neige tomber. Elle se passa une main sur son visage et se massa la nuque à cause d'un mal de tête qui arrivait. Elle se laissa bercer par la musique quand elle sentit une présence derrière elle. La main d'Ivar dégagea les cheveux de l'épaule d'Abigail. Elle sursauta à ce contact, mais ne bougea pas. Elle se contenta simplement de détourner les yeux.

- Arrêtez de m'ignorer, dit-il d'une voix étonnamment douce, contrastant avec son ordre.

- Je vous assure que je ne peux pas vous ignorer.

Ivar essaya de capter son regard mais abandonna, comprenant qu'il n'y arriverait pas.

- Pourtant c'est exactement ce que vous faites.

Abigail planta enfin son regard dans celui d'Ivar. Comment lui faire comprendre qu'en regardant ses yeux elle perdait pied ?

- Vous voyez bien que non.

- Quelle mauvaise foi incroyable ! Rigola Ivar en reprenant les mots qu'avait déjà utilisé Abigail à son sujet.

Elle se pinça les lèvres en regardant de nouveau le paysage, se retenant de rire. Il l'avait bien eu, mais ça lui plaisait.

- Je... Commença Ivar. Je suis désolé de vous avoir blessé l'autre nuit.

- N'en parlons plus.

Ivar comprit que la discussion était close, sans appel. Cette femme était réellement têtue. Il ne voulait pas rester fâché avec elle, mais comprenait qu'elle avait besoin de temps. Il serra les poings pour se calmer, regardant son cou dégagé, magnifique, où il avait envie de déposer mille baisers avant de se détourner de cette vue.



Bonjour à tous, j'espère que vous trouvez nos tourtereaux toujours aussi chou ! Bientôt des choses sérieuses pour eux. Bonnes ou mauvaises... Comment va se passer cette soirée du nouvel an ?

A très vite pour la suite ♥

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