Chapitre 19

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Lors de leur retour en avion, alors que Mathis dormait à poings fermés, fatigué par les derniers jours rempli d'activités, Abigail et Ivar restèrent silencieux. Ce dernier avait passé de bons moments avec la famille de la jeune femme, et ils l'avaient réciproquement apprécié. Abigail, elle, était triste de repartir, elle ne savait pas encore quand elle pourrait revenir les voir.

Un silence pesant s'était installé entre Abigail et Ivar après la nuit de Noël. Ils avaient sauvé les apparences les jours suivants, mais ils pensaient tous les deux sans cesse à cette fameuse soirée qui avait si bien commencé. Abigail était allée coucher Mathis tard dans la nuit. Une fois endormi, elle avait fini par sortir de la chambre pour rejoindre les autres, lorsqu'elle croisa Ivar.

- Vous allez déjà vous coucher ? Avait-elle demandé surprise.

- Oui, il se fait tard. Tout le monde est fatigué. Vous devriez aller vous coucher aussi.

Il avait raison, mais ils restèrent ainsi, l'un en face de l'autre au milieu du couloir sombre et silencieux. Ils avaient envie de se parler, mais ne savaient plus quoi se dire, gênés.

- Vous savez, vous n'étiez pas obligé pour vos poignards, c'est vraiment trop, dit-elle en se rapprochant de lui.

- Acceptez-le, cela me fait réellement plaisir, répondit-il en prenant ses mains dans les siennes.

Abigail sourit et baissa les yeux sur leur mains enlacées. C'était trop émouvant pour elle, elle ne savait pas comment le remercier. Elle agrippa son pull et s'approcha de lui, enfouissant son nez dans son cou. Elle resta là, à se blottir contre lui. Elle ne s'était pas sentit aussi bien depuis longtemps.

Il fallut quelques secondes à Ivar avant de sortir de sa torpeur et de la prendre dans ses bras. Jamais une femme n'avait un geste aussi affectueux envers lui.

- Merci, dit-elle en relevant son visage vers le sien.

Ivar lui sourit sincèrement. Il comprenait enfin ce que cela faisait d'offrir quelque chose à quelqu'un. Elle semblait vraiment touchée par son geste, et son cœur se gonfla. Il vit les yeux verts de la jeune femme briller dans la pénombre. Il ne voulait pas qu'elle pleure, il était réellement heureux de lui offrir ce présent.

Il posa son front contre le sien et observa son visage d'en haut. Il caressa sa joue du pouce en essayant délicatement les larmes qui coulaient.

- Ne pleurez pas, souffla-t-il.

- Je suis désolée... Personne n'a jamais eu une aussi grande attention à mon égard, dit-elle en reniflant doucement.

Ces mots firent chaud au cœur d'Ivar. Peut-être qu'il avait tort, qu'un cœur était bien présent derrière sa poitrine. Il respira plus bruyamment, touché par Abigail.

- Vous méritez toute mon attention.

Abigail ferma les yeux, respirant le parfum du viking, se délectant du contact de sa main sur sa joue. Elle respira plus rapidement et difficilement lorsqu'il releva son visage vers lui en tenant son menton. Ils plongèrent dans le regard l'un de l'autre. Abigail sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine, tellement qu'elle eut peur qu'il ne l'entende.

Ivar porta son attention sur ses lèvres, les caressant avec son pouce. Abigail ferma à nouveau les yeux et cette fois se laissa faire quand il se colla un peu plus contre elle, la tenant fermement. Il approcha son visage, enveloppant totalement Abigail de son aura.

Lorsque ses lèvres effleurèrent celles d'Abigail, le cœur de cette dernière rata un battement, et elle prit une grande inspiration, s'approchant un peu plus du visage d'Ivar, impatiente qu'il prenne ses lèvres entre les siennes. Mais Ivar se contenta d'un baiser au coin des lèvres, le visage déformé par la douleur.

- Embrassez-moi... Implora Abigail contre sa bouche.

- Je ne peux pas...

Le cœur d'Abigail se serra, elle garda les yeux fermés pour ne pas laisser sortir ses larmes. Elle mordit de frustration dans sa lèvre inférieure.

- Pourquoi ?

- Je... Je ne vous mérite pas, dit-il en resserrant son emprise sur elle, attrapant ses cheveux dans son poing. Je suis un monstre, il vous faut un homme qui sache vous aimer inconditionnellement...

Abigail se figea entre ses bras. Cette fois, elle ne put empêcher ses larmes de couler. Ivar serra son visage contre sa poitrine, humant le parfum de ses cheveux.

- Vous ne m'aimez pas ? Demanda Abigail d'une voix étranglée.

- Je ne sais pas faire ça.

- Ce n'est pas grave, je n'ai pas besoin d'amour, mentit Abigail en approchant ses lèvres de celles d'Ivar, espérant être convaincante.

Il la regarda intensément, il mourrait d'envie de la plaquer contre le mur derrière elle, de prendre ses lèvres avidement, de les meurtrir de ses baisers. Il voulait la déshabiller sur le champ et la faire sienne, elle était celle que son corps attendait pour fonctionner. Il caressa les lèvres d'Abigail avec les siennes, lui arrachant un délicieux frisson mêlé à une intense frustration. Il s'arrêta dans son geste le visage fermé, s'il allait plus loin, il ne pourrait pas se retenir.

- Je ne peux pas, je... je ne veux pas vous faire du mal.

Sur ces dernières paroles, Ivar était parti dans sa chambre, si rapidement qu'Abigail l'avait à peine vu en ouvrant les yeux. Elle s'était enfermée dans sa chambre à son tour et avait pleuré à chaudes larmes toute la nuit comme une adolescente après son premier chagrin d'amour.

Après cela, ils avaient évité tout contact physique. Ivar était terrifié, complètement perdu à nager au beau milieu de ses émotions. Ce qu'il avait ressenti lui faisait froid dans le dos. Il avait ensuite fait des efforts pour passer de bons moments avec la famille d'Abigail, faisant quelques blagues, mais toutes ses phrases avaient un goût amer. Il était fatigué, jamais une femme ne l'avait mis autant à rude épreuve. Il savait qu'il avait eu raison de la repousser, jamais elle n'aurait pu l'aimer, jamais il n'aurait été capable de la satisfaire, lui un infirme du cœur. Il ne voulait plus rien ressentir en cet instant.

Abigail, quant à elle, ne savait plus quoi penser, elle comprenait les intentions d'Ivar. Il pensait être un monstre qui ne la méritait pas, il ne voulait pas qu'elle souffre, pourtant elle souffrait déjà. Elle ne savait plus ce qu'elle ressentait, elle ne savait pas si elle l'aimait. La réponse était pourtant évidente, il fallait juste qu'elle l'accepte. Il fallait qu'elle accepte qu'elle était inconditionnellement amoureuse de lui.



Voilà pour ce nouveau chapitre, j'espère qu'il vous a plu ! Que pensez-vous de cette relation ?

Tout va commencer à s'accélérer et j'espère que la suite vous plaira ♥

Une seule foisWhere stories live. Discover now