Chapitre 19

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« Si je commence une histoire avec toi, je te reprocherai un jour ou l'autre de ne pas être lui... d'être toi. Je ne veux pas de ça... Tu n'es pas ma béquille, ni un médicament, tu mérites d'être aimé sans condition, pour toi seul et non pour tes vertus curatives. Et je sais que... je ne t'aime pas comme il faut. »

Agnès Martin-Lugand, Les gens heureux lisent et boivent du café



De grosses rafales de vent s'abattent sur mes volets. C'est le déluge dehors tout comme dans ma tête et mon cœur. Impossible de fermer l'œil de la nuit. Trop de sentiments contradictoires et de questions sans réponse se bousculent dans ma tête. J'essaye de lister les pours et les contres, sans succès. Tout s'emmêle c'est l'horreur. Et si Maxens n'était jamais parti, serions-nous encore ensemble ? Et si Marc m'avait soutenue lors de son retour, aurais-je été moins réceptive à sa déclaration au pub ? Oh seigneur qu'est-ce que je dois faire ?

Allongée dans mon lit les yeux fermés, la soirée au pub revient me tourmenter...

Des cris hystériques. Des applaudissements. Des sifflements encourageants. Tous ont apprécié la chanson. Toutes ces personnes ne savent rien. Tout est brouillé autour de moi. Je ne vois que lui, je ne sens que son parfum. Le reste n'a pas d'importance. Le poids sur mon cœur disparaît quand ses bras me serrent fort contre lui.

— Merci, je lui dis au creux de son cou.

L'animateur appelle une autre personne pour une autre prestation. La foule nous a déjà oubliés pour chanter sur Claude François.

Cependant Max et moi restons encore blottis l'un contre l'autre. Je devrais reculer. Je devrais rester loin de lui. Je devrais penser à Marc. Je n'y arrive pas. Mon cœur n'y arrive pas. C'est trop dur de le laisser. Je m'empare de tous ces instants partagés avec lui. Je veux les garder pour moi, au cas où il repartirait. C'est surement égoïste, mais c'est comme ça, je n'y peux rien.

Maxens rompt notre étreinte en reculant pour lier nos regards. Que voit-il ? Peut-il y déceler mes doutes ? Peut-il y voir combien j'ai souffert de son absence ? Combien je lui en veux et combien je l'aime encore ? Combien c'est difficile de rester loin de lui ? Que c'est pour mon bien ? Je pense que oui, il voit toutes ces émotions. Ses iris flamboient de regret, d'amour, de jalousie aussi, de patience, de motivation.

— « Je serai là », répète-t-il en souriant.

Laeti frappe dans ses mains s'accaparant notre attention :

— Bon et si on programmait le surf de demain, s'enthousiasme-t-elle.


Plus nous passons du temps ensemble depuis son retour, plus je doute de mon amour pour Marc. Je ne devrais pas ressentir ça. C'est une idée invraisemblable. Non j'aime surement les souvenirs de Maxens, c'est tout. Non ? Moi je pense que tu l'aimes tout court...

Marc. S'il savait que Laetitia a invité Maxens au surf et à Center Parc, il me ligoterait dans la cave. Je ne compte pas lui mentir car l'honnêteté est, à mon sens, primordial dans un couple. Tu n'as jamais eu de doute sur la sienne Éva ? Si bien sûr, au début de notre relation. Mais plus maintenant. Je dois rester forte et ne pas succomber.

Lorsque Maxens a disparu, Marc a répondu présent pour me relever et m'accompagner comme on le fait avec les premiers pas d'un enfant. Il n'a jamais souhaité connaitre les raisons de l'abandon de Max, insinuant simplement que Maxens ne m'aimait pas assez pour rester auprès de moi. Pendant longtemps j'ai pleuré Maxens. Pendant longtemps Marc a grincé des dents.

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant