Un mois est passé, mais nous n'avons pas fait que tester des trucs, bien évidemment.

Durant cette période, nous avons aussi appris à bâtir les bases de notre couple, à être ensemble, à appréhender la vie deux.

Durant cette période, nous avons beaucoup discuté sans aborder sa maladie, son passé ou mon travail. Nous avons appris à nous connaître autrement. Nous avons échangé sur nos goûts, nos rêves, nos envies. Nous avons partagé, débattu sur de nombreux sujets. Nous nous sommes même disputés, une fois, pour une broutille. Je suis parti en claquant la porte pour revenir 10 minutes après, rempli de remords et malheureux comme les pierres. Gabriel s'est juste blotti dans mes bras et nous avons préféré laisser tomber, estimant que ça n'avait aucune importance. Et c'était le cas.

Durant cette période, nous avons appris à nous aimer de cette façon si absolue que tout disparaît lorsque nous sommes ensemble. Nous avons cette faculté de nous créer une bulle dans laquelle seul l'autre existe. C'est intense et inconscient, mais notre entourage s'amuse souvent à nous le faire remarquer. Ça peut être parfois gênant, mais je m'en moque. Parce qu'aujourd'hui, mon monde n'existe que dans les orbes émeraude de mon homme.

C'est mon téléphone qui vibre qui me sort de mes pensées. Je passe une main dans ma mèche pour la remettre en place et m'observe quelques secondes dans le miroir avant de quitter la pièce pour le récupérer. C'est un message de Gabriel qui m'indique qu'il est prêt et qu'il m'attend avec impatience. Je souris comme un idiot tout en lui répondant rapidement que j'arrive. J'enfile ensuite ma veste et récupère mes clés sur le meuble de l'entrée.

J'ai hâte de retrouver mon amour, de pouvoir goûter une nouvelle fois à ses lèvres et de me fondre dans la chaleur de ses bras lorsqu'il me serre contre lui. Depuis que je suis avec lui, je me découvre une âme de guimauve. Je deviens un tantinet niais, mais je dois avouer que j'aime ça. J'aime ce qu'il me fait ressentir, j'aime les changements qu'il opère en moi. Je me sens enfin entier, enfin vivant. Je suis fou de lui, de sa force, de sa façon d'avancer dans la vie, de franchir les épreuves avec autant de hargne.

J'aime voir l'admiration briller dans les yeux de mes amis lorsqu'il leur serre la main et qu'il se rapproche peu à peu d'eux. J'aime voir l'émotion pointer chez Elijah ou chez ses parents lorsqu'il les prend dans ses bras et leur donne des marques d'affection. J'aime voir le sourire de ma mère, lorsqu'il porte sur ses genoux Doris ou Ernest ou qu'il m'embrasse timidement la joue. J'aime voir le sourire attendri de ma sœur lorsqu'elle nous voit ensemble et j'aime les voir échanger longuement tous les deux, parce qu'ils se communiquent leur force.

Chaque jour qui passe est une nouvelle victoire, un nouveau pas en avant. Et ce soir ne fait pas exception.

Ce soir, pour la première fois, je l'emmène au restaurant.

Nous n'avons rien à fêter de particulier et tellement de choses en même temps. C'est une grande première pour lui depuis son agression que de se rendre dans un lieu public clôt. C'est aussi notre première vraie sortie de couple. Même si nous fréquentons un peu plus le parc et que nous aimons nous balader main dans la main dans la rue, nous n'avons jamais fait de restaurant ou de cinéma. Il se peut d'ailleurs qu'il n'y parvienne pas, mais je ne m'inquiète pas pour ça. Il a su se montrer fort dans bien d'autres circonstances, je suis certain qu'il y arrivera cette fois encore. Et puis dans le cas contraire, j'ai prévu un plan de repli à base de plateaux télé et de bières fraîches.

Je me gare en bas de chez lui et sors de la voiture. À peine ma portière a-t-elle claqué que Gabriel apparaît. J'ouvre de grands yeux en le voyant arriver tant je le trouve beau et élégant. Il est juste magnifique. Il porte une chemise noire avec deux boutons ouverts, un jeans serré de la même couleur et une veste ajustée qui lui va comme un gant. Je dois avoir la mâchoire qui tombe, car je le vois pincer les lèvres et baisser la tête brièvement avant de relever vers moi ses yeux qui brillent d'un éclat particulier se situant entre la gêne et la fierté.

Pour n'être qu'avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant