Les folies de l'amour [en pause]

Partie 1: A.A.S.V.S. 6

Nous fûmes invités par les Châtelains au Bal de Noël. Celui-ci exigeait une tenue impeccable et maman prit un plaisir fou à choisir des robes pour mes sœurs et un costume pour moi. Je ne m'intéressai au bal que quand je me rendis compte que ce serait à celui-ci que je rencontrerai Mathilde.

Tout le monde connaît la suite. Mathilde et moi avons dansé à ce bal, les yeux dans les yeux, puis nous avons échangé des lettres pendant quelques temps avant de nous revoir.

Je passais mes semaines à attendre qu'elle revienne, ce qu'elle ne pouvait pas faire tous les week-ends à cause de sa belle-mère, avec qui elle avait beaucoup de mal.

Nous avons attendu l'été, et les nuits à la belle étoile à parler de tout et de rien, pour commencer à sortir ensemble. Elle me racontait comment évoluait sa demi-sœur Iris, qui était née au printemps, ainsi que sa petite protégée Madeleine. Je compris vite que Madeleine était l'enfant née juste avant le décès de leur mère.

Cette peine, cette absence, se voyait d'ailleurs dans les yeux de Mathilde à certains moment. Elle ne parlait que très peu de sa mère. Celle-ci planait autour de nous sans jamais être nommée. Elle me montra comment monter à cheval. Il est vrai que Valentine avait fait de l'équitation très rapidement, alors que ça ne m'intéressait que moyennement. Nous fîmes de grandes balades à travers la propriété, à deux. Vianney s'accommodait, même si Mathilde passait encore beaucoup de temps avec lui.

Sidonie s'entendit tout de suite très bien avec elle. Mathilde nous présenta également Léo, son presque demi-frère, un garçon qui avait beaucoup souffert des situations instables de ses parents et qui compensait avec un humour toujours décalé, et une grande culture littéraire. Je me rendis rapidement compte qu'il était totalement fou amoureux de ma jumelle mais laissai faire sans problème. Sidonie était plus ou moins sensible aux remarques du garçon et il paraissait peu assuré. En fait, il perdait tous ses moyens quand ma sœur arrivait.

Valentine et Séraphine s'entendaient avec les petits frères de Mathilde, Mayeul et Marin. Au haras, Valentine passait du temps avec Vianney et Marin, qui était celui qui montait le plus à cheval de la fratrie, à cette époque. Mathilde et moi y allions aussi mais quand Vianney se rendit compte qu'il y avait plus entre son amie et moi, il se montra froid et distant et Mathilde, rapidement fatiguée par cette attitude qu'elle jugeait puérile, se délaissa du Haras.

Mathilde, pendant l'été, me fit découvrir un soir une vieille ferme abandonnée sur la propriété, loin de toutes les autres habitations.

- C'est ici que j'aimerais habiter, me confia-t-elle. Remettre à neuf toute cette bâtisse de mes mains, puis avoir de nombreux enfants pour l'égayer au quotidien.

- Il faudrait commencer les travaux rapidement, avais-je répondu.

Et elle m'avait regardé comme si j'avais accompli son rêve le plus cher.