Chapitre 4

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À vingt-et-une heures, je pousse la porte de l'établissement et suis assaillie par les éclats de rire qui masquent en partie les notes d'une musique country. Ezra me repère et, d'un geste impatient de la main, il me fait signe d'avancer. La bonne humeur du lieu ne semble pas être contagieuse pour tout le monde !

Une fois que je suis devant lui, il attrape une clé derrière le comptoir.

― Suis-moi !

Je m'apprête à le rejoindre quand une voix énergique tonne derrière mon dos.

― Attention ! Chaud devant !

Je me recule sur le côté pour laisser passer un homme grand et du style gringalet. Il dépose un plateau rempli de verres vides sur le comptoir.

― Désolée !

― Il n'y a pas de mal !

Son sourire accentue les traits fins de son visage et met en valeur sa chevelure cendrée qui lui arrive jusqu'aux épaules. Une aura de sympathie se dégage de lui ; je lui souris en retour. Ses paupières s'étrécissent avant de m'interroger :

― Tu ne serais pas la nouvelle par hasard ?

― Les nouvelles vont vite.

― Tu n'as pas idée à quel point, s'esclaffe-t-il en m'adressant un clin d'œil. Moi c'est...

― Evan ! beugle le vieux râleur de service. Tu penses que je te paye à ne rien faire.

Je lève les yeux au ciel et me présente à mon tour.

― Et moi c'est June.

Nouvel échange de sourires. Nouveau bougonnement à nos côtés :

― Ça y est, les présentations sont faites ! On peut y aller !

Tandis que je le dévisage en me demandant quelle mouche l'a piqué, Evan préfère en rire et réplique :

― Oui, boss.

― Tu vas me remplacer le temps que je montre la chambre à la gamine.

Ma bouche se pince en une fine ligne d'agacement, mais je m'abstiens de lui répondre.

― À vos ordres, chef ! se marre-t-il en entendant mon surnom.

― À bientôt, lui chuchoté-je en passant à ses côtés.

― Rien ne pourrait me faire plus plaisir.

Nouveau clin d'œil enjôleur sous le regard menaçant de notre despote. Je dépasse une porte et me retrouve dans un minuscule couloir. Le vieux biker est tellement imposant que je dois me coller au mur.

― Tes valises ?

― Dans ma voiture. Et je ne suis plus une gamine !

― Ça. Ça reste à voir.

Son regard intimidant me rend confuse.

Il détache une clé de son trousseau et laisse choir le bout de métal dans ma paume. D'un ton bourru, il m'informe d'un signe du pouce :

― Elle ouvre cette porte qui a un accès direct sur le parking. Ce sera plus facile pour monter tes bagages.

― Merci. Mais t'es sûr que je ne dérange pas ? Je peux...

Il met un pied sur la première marche des escaliers et me jette une œillade par-dessus son épaule.

― La soirée a été mouvementée. Ne le prends pas pour toi.

― OK.

Il marmonne quelque chose dans sa barbe en rapport avec son fils, ce qui m'interpelle.

― T'as un autre fils ?

Le vent l'emportera (Sous contrat d'édition chez Shingfoo Editions)Where stories live. Discover now