Chapitre 1

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Le ciel est bleu dehors et le soleil brille haut : bientôt midi, le cours se terminera bientôt. Malgré le fait que nous soyons au beau milieu de la journée, la lune est bien visible et parait gigantesque. J'étais en cours d'histoire, assise à une table du troisième rang et je regardais par la fenêtre. Le professeur me rappelle à l'ordre pour ma rêverie et je m'excuse.

Soudain, un terrible mal de tête me prend. Pas une simple migraine : j'avais l'impression que quelqu'un me transperçait le crâne avec une perceuse ou que l'on broyait mon cerveau avec un presse-purée. Alors, je demande au prof la permission de sortir et il accepte en demandant à quelqu'un de m'accompagner à l'infirmerie. Il désigne une fille, Johanna, une cheerleader au visage et au corps parfaits, cheveux châtains bouclés et brillants. Elle se lève en soupirant et m'accompagne. Au milieu du couloir, mon mal de tête s'empire. Un vertige me prend et je m'effondre sur le sol. Johanna a tout juste le temps de me rattraper, puis elle me relève en me tenant le bras jusqu'à l'infirmerie. Ensuite, elle me laisse et retourne dans le salle de cours. J'avais tellement mal à la tête que je n'arrivais plus à voir. On m'allonge en me disant que ça passera, puis je me retrouve seule et impuissante face à cette douleur, cette agression invisible.

La fenêtre était ouverte, ce qui permet à un courant d'air de traverser la pièce. Malgré la chaleur présente, mes poils s'hérissent et quand la sonnerie retentit, c'est exactement comme si elle résonnait juste à côté de mes oreilles, ou dans ma tête et que l'intensité en avait été décuplée. Je me recroqueville et des larmes de douleur coulent sur mes joues. Je voulais juste que la douleur s'arrête, je ne comprenais pas ce qu'il se passait, pourquoi ai-je autant mal ? D'où vient cette douleur inexpliquée ? L'infirmière entre dans la chambre et me voit. Elle s'assoit sur le bord du lit et pose une main compatissante sur mon épaule. La douleur s'évanouit peu à peu, je me redresse.

- Ça va mieux ? me demande-t-elle.

- Oui, je crois.

- Bien, tu peux aller manger si tu veux. Ton amie a déposé tes affaires. Tu reviendras me voir si ce mal de tête se reproduit ?

- Oui, bien sûr, réponds-je en prenant mon sac et séchant mes larmes, puis j'ajoute en quittant la pièce : au revoir.

Elle me répond par un sourire bienveillant et je me retrouve parmi la cohue des élèves affamés qui se précipitent vers le self. Je dépose quelques affaires à mon casier puis me rends dans les toilettes les plus proches. Je reprends mon souffle, observe mon reflet dans le miroir : mes yeux sont rouges, mes oreilles également. Je renifle bruyamment et m'essuie le visage, puis je tente de me redonner une attitude : je remets un peu de maquillage, mon mascara avait coulé, et je remarque que mon vernis bordeaux s'écaille. Satané vernis ! Je l'avais mis hier !

Puis je sors des toilettes et me rends au réfectoire. Je prends un plateau et me sers le plat du jour : une cuisse de poulet avec des haricots verts, et une pomme. Mais je n'ai pas très faim. Je m'installe seule à une table. Il y a des garçons au bout de cette table, ils me lancent des regards intrigués mais je les ignore. Johanna passe devant moi, avec son groupe d'amis, et me demande si ça va mieux, je réponds par la positive et elle s'éloigne en m'adressant un sourire gentil.

Je rechigne à manger mon plat, mais je me force car je ne veux pas faire un autre malaise, puis je prends la pomme et quitte la salle, je ne supportais plus la chaleur et l'odeur qui se dégageait dans la salle bondée. Le soleil dehors me fait du bien. Je respire à nouveau, l'air de la cantine était complètement saturé de sueur, et le mélange des odeurs des différents plats n'était pas vraiment appétissant ...

Puis quelque chose de bizarre se produit à nouveau. Les couleurs se mettent à me piquer les yeux. Elles me paraissent beaucoup plus vives, et m'agressent, puis me brûlent les yeux, je cours me réfugier à la bibliothèque, refuge de tous les nerds dignes de ce nom. La lumière artificielle me fait moins mal. La documentaliste me sourit, elle est habituée à mes visites ici. Je parcours les rayons, et m'arrête à celui des fictions. Je prends le livre que je lisais la dernière fois et m'assois à même le sol, je pourrais très bien aller sur des fauteuils, mais il y a toujours des gens là-bas, les geeks, en train de lire des BD et de parler de leur partie de jeu vidéo en ligne qu'ils ont joué cette nuit au lieu de dormir. Je préfère rester là, même si le sol comme siège et une bibliothèque comme dossier ce n'est pas très confortable, mais c'est plus calme.

A new werewolfWhere stories live. Discover now