« Ce n'est pas un traître madame, c'est seulement un jeune. Il n'a simplement pas réfléchi avant de parler, voilà tout...

-Quand un chiot fait une bêtise, il faut le punir général. Sinon il grandira pour être un vilain cabot. »

Alix ne savait rien du sort qui allait être réservé à son subordonné, et il n'était pas assez imprudent pour demander. Malgré tout, il le fut assez pour tenter une nouvelle fois de le défendre ;

« Ce n'était qu'une erreur ! Monsieur, se reprit-il.

-Et il ne faudrait pas que vous ou le reste de vos hommes ne reproduisent une telle erreur, n'est-ce pas, général ? »

En comprenant la menace voilée derrière la voix mielleuse, le capitaine des Chiens se figea. Tous les yeux des dirigeants étaient maintenant braqués sur lui, attendant sa réponse. Alors, se soumettant et courbant l'échine, Alix inclina la tête.

« Non, bien sûr que non monsieur. Je vais me retirer.

-Faites. »

Et la mort dans l'âme, le jeune garçon retourna dans l'ascenseur pour sortir de la tour.

En bas, vêtus de leurs tenues militaires, Léa et Luc attendaient le brun. Aussitôt ils se jetèrent sur lui, pleins d'espoir.

« Alors ? Tu as réussi ? Il sera relâché quand ? »

D'une tape, Alix chassa la main de Léa et se dégagea de l'emprise de ses amis.

« Il ne sera pas relâché, mais puni. »

A la fois surpris et déçus de l'abandon si sec de leur général qui avait semblé tellement déterminé à sauver Louis, les deux soldats restèrent silencieux un instant. Alix, les poings serrés, commença à marcher à pas rapides, Léa et Luc devant presque trottiner pour le rattraper et le suivre.

« Attends, protesta le garçon, je vais y aller moi ! Je vais les persuader !

-Ça ne marche pas comme ça Luc, souffla son supérieur. Tu sais très bien que je suis le seul Chien à pouvoir y entrer.

-Alors prête moi ta veste ! Insistait le rouquin. Je me ferais passer pour toi !

-Ça ne marche pas comme ça ! »

Autoritaire, Alix avait haussé le ton en pilant net, se tournant vers eux. Luc s'arrêta, la bouche ouverte dans une protestation muette. Léa croisa alors ses bras sur son torse, parlant calmement et d'une voix froide ;

« Alors c'est comme ça ? Tu vas abandonner ce gosse à son sort ? Tu sais comme nous qu'il ne pensait pas à mal, ni à se rebeller ! C'est juste un gamin naïf Alix, tu ne peux pas l'abandonner comme ça en ayant à peine essayé !

-Vous ne comprenez pas ! Si j'insiste, c'est à vous tous qu'ils vont s'en prendre, pour je ne sais quel motif ! »

Désemparé par les accusations de la jeune fille, Alix avait laissé ses pensées prendre le dessus, et sa voix avait légèrement flanché à la fin de sa réplique. Le silence plana alors un instant entre le trio, seulement troublé par les lointains bruits de travaux. Le brun brisa la tension en se mettant à tousser brusquement, une main devant sa bouche et courbé en avant. Luc s'approcha alors de lui, posant une main sur son épaule en soufflant simplement ;

« Tu ne devrais pas crier comme ça. Avec les particules, ce n'est pas bon. »

Et lorsque le général fut redressé, Léa, impassible, avança vers lui et prit sa main dans la sienne.

« Allez, on rentre. On doit aller s'entraîner. »

Reconnaissant, Alix acquiesça lentement, et ils repartirent tous les trois vers leur caste. Ils restèrent silencieux ; il n'y avait plus rien à dire.

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