Chapitre 41

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À la fin de ces quelques mots, je relevai la tête vers Juliette. Un énième silence s'installa entre nous. Je n'en revenais pas. Ma belle-mère, après des mois de mutisme, m'envoyait une lettre. Tout cela me semblait si irréel.

Juliette finit par se lever et se dirigea vers moi. Elle m'encercla de ces bras rassurants. Même sans paroles, elle savait me réconforter.

— Je dois recevoir une autre lettre dans peu de temps. Elle ne me dit rien de spécial dans celle-ci. Ne t'inquiètes pas, ça va aller, lui souris-je mécaniquement.

Je me levai, ayant la ferme intention de continuer. Ce n'était pas une petite lettre qui allait me mettre dans tous mes états. Non ! J'ai tourné la page.

Dans quelques heures, Maryse allait arriver, je comptais bien la recevoir comme il se devait. Je ne pouvais laisser mes idées vagabonder vers cette ancienne vie.

— Et si nous allions nous occuper des autres lettres qui nous attendent. Les soldats sont sûrement impatients d'avoir de nos nouvelles, me dit Juliette en me poussant vers le salon où tout le matériel était déjà prêt.

Nous étions occupés pendant toute l'après-midi à écrire ces fameuses lettres. J'avais essayé de me concentrer comme je le pouvais, mais j'avais tellement de choses dans mon esprit que je n'arrivais pas à me focaliser sur une seule activité. Je fourmillais vers d'autres événements.

La pendule du salon sonna 6 heures. Maryse n'allait plus tarder. J'avais tellement hâte, je trépignais d'impatience sur ma chaise.

— Bon sang, Lucile vas-tu arrêter de gesticuler ? Cela fait bientôt vingt minutes que j'essaie de construire une phrase correcte par ta faute. Vas donc t'asseoir sur un autre fauteuil ou que sais-je. Le grincement de ta chaise me rend folle, me dit-elle en levant les sourcils.

— Je m'excuse mais je suis tellement impatiente, que je n'arrive pas à m'arrêter.

— Cela ne la fera pas arriver plus tôt, si c'est ce que tu penses. Elle passe du temps avec son père. Ça fait plus de deux ans qu'ils ne se sont pas vu alors ça prend forcément du temps. Et puis, peut être qu'elle va préférer passer la nuit avec lui qu'avec nous. Ce n'est encore qu'une enfant.

Je me levai ne supportant plus de rester dans cette positon. Je fis les cents pas, prête à bondir vers la porte d'entrée.

— Je devrais peut être faire un gâteau ? Les enfants adorent les gâteaux. Je suis sûre qu'elle aura faim. Ou alors, j'attends et on le fera ensemble, paniquai-je.

— Lucile, dit-elle en plaçant ses douces mains chaudes de parts et d'autres de mon visage, elle sera sûrement fatiguée de cette journée. Elle voudra certainement aller se reposer. Elle va rester ici suffisamment de temps pour que vous fassiez un gâteau un jour.

Je soufflai, résignée à l'écouter. Elle ne pouvait avoir tort. Il fallait à tout prix que je trouve une solution pour me calmer sinon j'allais devenir folle.

Point de vue Benoît:

Quelques heures plus tôt.

Arrivé à la gare, j'essuyai une énième fois mes mains sur mon pantalon. Je tentais de rester calme mais à cet instant, autant la panique que l'excitation prenaient possession de mon être tout entier.

Un train s'approcha. Je me dandinais sur place, mal à l'aise. Bon dieu, ce n'était que ma fille, pas une vieille tante grincheuse avec de la barbe.

Allais-je la reconnaître? Deux ans s'étaient écoulés, pouvant changer considérablement l'apparence de quelqu'un, surtout à cet âge.

Je pris une grande inspiration, priant pour que je ne fasse pas une crise. Les minutes passèrent à une lenteur désespérante. Les passagers descendirent les uns après les autres. Des grandes corpulences passèrent à travers les portes des wagons. Puis, contre tout attente, une fine silhouette sortit de la pénombre.

Il me fallut une seconde pour la reconnaître. Elle se tenait là, ses tresses légèrement desserrées, laissant quelques mèches se balader le long de son visage d'ange. Elle ressemblait tant à sa mère que je ratai quelques battements de coeur. J'avais l'impression de voir Madeleine avec son beau regard, illuminé par les rayons du soleil.

C'était Maryse, ma Maryse.

Elle tourna la tête de droite à gauche, me cherchant sans doute. Je ne bougeai pas, je profitais de ce moment avec émotion. Je la détaillai de la tête aux pieds comme si une décennie nous avait séparé. Finalement, je me décidai à me mouvoir vers elle. Je m'approchai, encore chancelant par ce chamboulement dans ma tête. Elle tourna la tête vers moi. Ses yeux m'examinèrent sous toutes les coutures. Contre toute attente, elle courut dans ma direction et se jeta dans mes bras. Je la serrai fort et inspirai sa douce odeur qui m'avait tant manqué.

Elle se dégagea doucement, pour venir m'embrasser. J'en profitai pour la contempler. Elle était d'une beauté à couper le souffle.

Je goûtai avec délice ces retrouvailles si chères à mon coeur.

SUITE ALLEMANDENơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ