La jeune fille brune glissa une mèche brune derrière son oreille et se frotta les yeux, qui à l'instar de Megan, étaient embués de sommeil. Elle était totalement épuisée, et la perspective de courir sur un tapis était loin de l'enchanter. Elle se laissa glisser par terre et ferma les yeux un instant. La lumière vive du ciel lui faisait mal à la tête, et l'air stagnant était loin de l'apaiser.

— T'endors pas, Ev', souffla Megan. On va encore se faire réprimander.

— C'est pas toi qui voulait faire semblant le travailler, il y a environ deux secondes ? Répliqua-t-elle sans ouvrir les yeux.

— Peut-être. Mais sincèrement, tu n'es pas très discrète, là.

À contre cœur, l'adolescente se releva. Elle jeta un rapide coup d'œil vers les adultes censés les encadrer, et se rendit vite compte qu'ils étaient trop occupés à récolter les légumes pour les surveiller.

— Pas de panique, déclara-t-elle avec un sourire en coin.

Elle chercha ensuite Jayden et Chris du regard, mais ils travaillaient à l'autre bout de la Serre, hors de son champs de vision. Ce n'est pas plus mal, songea-t-elle, consciente que la présence des deux garçon aurait amplifié sa migraine.



L'heure finit par s'écouler, laissant Eva encore plus fatiguée. Elle ne se fit pas prier pour quitter la Serre, et partit avec Megan vers un des escaliers, qu'elles empruntèrent pour rejoindre le quatrième étage. La jeune fille monta les marches à une lenteur calculée, s'arrêtant toutes les secondes - ou presque - pour reprendre son souffle.

— Selon une étude très sérieuse menée par moi-même, commença alors la jeune blonde, et d'après ta vitesse actuelle, tu atteindras ta destination d'ici environ quelques siècles. Aller, grouille toi !

— Deux secondes, souffla-t-elle en guise de réponse. Je suis fatiguée, moi !

Megan lui lança un regard dubitatif, puis monta un étage de plus. Elle y attendit son amie en tapant du pied tel un professeur agacé par un élève.

— Moi aussi je suis crevée, tu sais ?

— Alors explique-moi où tu trouves la force de monter ses marches, soupira-t-elle.

Comme pour la narguer, Megan répéta le manège une seconde fois, en pouffant de rire lorsque Eva rata une marche et tomba face la première sur le sol.

— Aïe, répliqua-t-elle. C'est pas drôle.

— Si, très. Aller, dépêche-toi !

Enfin, elles atteignirent l'étage où se trouvaient une vaste salle de sport, avec vue sur les champs de maïs. La plupart des machines étaient déjà occupées, Mais Megan trouva un coin vide où elle s'installèrent, en attendant que Jayden et Chris les rejoignent. La pièce était lumineuse, grâce aux grandes vitres remplaçant les habituels murs métallique, et le sol recouvert de bois lui donnait une atmosphère chaleureuse. Dommage qu'une si belle salle sèvre à torturer des gens. Enfin, à faire du sport.

Des citoyens de tous âges pédalaient sur les vélos fixes, trottinaient sur les tapis ou sautaient à la corde. Un groupe d'enfants riait, courant à travers la pièce ; un homme plus vieux se reposait sur un épais tatamis. L'ambiance était reposante, chacun vacant à ses activités en veillant à ne pas déranger les autres. C'était toujours ainsi : ils étaient contraints de vivre ensemble, il n'était donc pas question de faire preuve d'incivilité. N'importe qui serait prêt à aider son concitoyen, à donner un peu de sa ration de nourriture pour un enfant affamé, à tolérer les cris des nouveaux nés.

Il n'y avait pas de crimes, pas d'entorse au règlement. Du moins, aucune qui vaille un procès. Ces gens vivaient ensemble depuis ce qui leur semblait être toujours, et ne s'imaginaient pas vivre autrement.



— Tu crois qu'on y arrivera ? Souffla Eva du bout des lèvres.

Sa meilleure amie tourna la tête vers elle, un air interrogateur sur le visage.

— De quoi tu parles ? On arrivera à quoi ?

— À tenir jusqu'à ce qu'on arrive.

Une ombre passa sur le visage de Megan, qui ne répondit pas tout de suite. Le sujet était délicat pour tout le monde.

— Ouais, on va y arriver, déclara-t-elle finalement. Ça fait longtemps qu'on tient le coup. Il n'y a aucune raison pour qu'on baisse les bras.

Eva tiqua. Il y avait un nombre incalculable de raisons pour lesquels ils pouvaient tout abandonner.

— On ne sait pas où on va, dit-elle seulement.

Megan choisit de ne rien répondre.




————————

(1428 mots)

J'aime trop l'ambiance de ce chapitre, je sais pas trop pourquoi ^^

La première fois que je l'ai écrit, j'étais pas trop convaincue, pourtant.

Enfin bref ; vous en avez pensé quoi, vous ?


(encore une fois, si ça vous a plu, vous pouvez mettre un vote et une masse tellement énorme de commentaire que je vais être obligée de sourire pendant toute la journée tellement ça m'aura fait plaisir)


Love

Memoriae - Tome 1 : No man's landDonde viven las historias. Descúbrelo ahora