Chapitre 2

215 60 155
                                    

Au moment où Eva mit le pied sur la dernière marche la séparant de l'étage du lycée, elle sentit une incroyable envie de rentrer chez elle la submerger. Elle se força à penser à autre chose, même si elle rêvait d'aller dormir, et de se réveiller deux ou trois jours plus tard, voire une semaine. Ou pourquoi pas deux ?


Avec un soupir de résignation, la jeune fille s'avança dans le couloir, jusqu'à atteindre une porte métallique, manifestement semblable à toutes celles qui bordaient les couloirs de la Ville. La seule différence réellement notable était la présence de dizaines d'adolescents regroupés en petits groupes, qui semblaient attendre. À leur instar, Eva se cala contre le mur et attendit.

Si il y avait bien une chose qu'elle détestait plus qu'arriver en retard, c'était croire qu'elle était en retard pour au final arriver en avance.

Tout en grommelant, elle alluma sa tablette d'une légère pression sur le côté de l'appareil. L'écran s'alluma immédiatement d'une lumière blanche, faisant cligner Eva des yeux. Elle y fit glisser son index jusqu'à une petite icône, sur laquelle elle cliqua. La lumière blanche laissa place à une série de chiffres et de lettres qui donnèrent immédiatement la migraine à la jeune fille. Sérieusement, qui avait inventé les mathématiques ?

Il n'y avait que très peu de livres, dans la Ville. Ils étaient tous regroupés dans la petite bibliothèque du troisième étages, où tout le monde pouvait les empreinter. Autrefois, les feuilles des plantes étaient utilisés pour fabriquer du papier, mais bien vite, les tablettes électronique les avaient remplacé. Elles demandaient bien moins de ressources. Eva ignorait comment elles fonctionnaient, car elles avaient été fabriqué bien avant qu'ils ne quitte la Terre — du moins, c'est ce qu'on disait.

Avec un profond soupir, elle essaya tant bien que mal de comprendre les exercices sur lesquels ils avaient travaillé la veille durant le cours, en vain. Les nombres qui défilaient devant ses yeux étaient aussi compréhensible qu'une langue parfaitement inconnue. Elle avait beau se concentrer, elle ne comprenait rien.

— Eva Andson qui révise les math, si c'est pas un scoop ! Rigola une voix derrière elle, l'arrachant à ses pensées.

Elle se retourna brutalement, évitant de justesse de rentrer en collision avec le garçon qui venait de parler.

— Chris, regarde où tu marches ! s'exclama-t-elle en levant les yeux au ciel, sans pour autant retenir le sourire qui se dessinait sur ses lèvres.

Le garçon se contenta de s'écaffer doucement, allumant une étincelle d'amusement dans ses yeux verts moqueurs, avant de passer une main dans ses cheveux aux pointes blondes, contrastant avec ses racines bien plus foncées.

— Désolée, Ev', répondit-t-il finalement, d'un air qui semblait tout, sauf réelement navré. Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?

Eva arqua un sourcil d'étonnement. Qu'est-ce que quoi lui était arrivé ? Elle suivit du regard le doigt de son meilleur ami, pointé vers ses yeux. Ses cernes...

— J'ai juste eu du mal à dormir, répliqua-t-elle, gênée qu'il ai remarqué les ombres laissées par la fatigue. Et toi, tes cheveux sont toujours aussi blonds...

Elle avait lancé ça pour changer de sujet, mais ce détail ne cessait de la perturber.
L'histoire ne remontait qu'à quelques jours. Chris avait soudainement eu l'envie de s'introduire dans l'hôpital, en plein milieu de la journée. Eva ignorait comment les infirmiers avait pu ne pas le remarquer, à croire qu'il était discret... Quelle blague.
Chris, dans une poussée soudaine de débilité, avait donc eu l'excellente idée de voler — enfin, d'emprunter, selon lui — un flacon d'eau oxygénée, pour se décolorer les cheveux.

Certes, Eva lui avait peut-être fourni un badge pour débloquer la porte de l'hôpital. Peut-être même bien qu'elle savait que son ami voulait y prendre quelque chose... Mais jamais elle n'aurait pu imaginer qu'une idée aussi insensée puisse se failler un chemin dans son esprit !

Eva sourit, malgré elle. Elle connaissait Chris depuis une éternité, et pourtant, il arrivait toujours à la surprendre. En fait, il devenait de plus en plus idiot, au fil des années.

— Et tes parents ? Demanda-t-elle soudainement. Tu ne pas pas dit comme ils avaient réagis.

Un sourire s'étira sur les lèvres du garçon.

— Bah, tu sais comment ils sont ! Ma mère m'a dit que c'était totalement ridicule, et qu'il valait mieux que je me coupe les cheveux immédiatement, avant que quelqu'un me voit. Mais elle a fini par se faire à l'idée, et elle a enfin accepté de me laisser sortir. Honnêtement, je ne me souvenais même plus de la couleur des couloirs.

— Et en vrai ? Soupira son amie en levant les yeux au ciel.

Chris grimaça.

— Ils m'ont dit que personne ne me prendrait au sérieux. Mais ils ont tort. J'ai croisé deux gamins en descendant, tout à l'heure. Ils étaient éblouis.

— Tu rigoles ? Répliqua une voix masculine, où tintait la moquerie. Personne ne te prenait au sérieux avant, mais alors maintenant ! Dis adieu à ta crédibilité !

Eva leva une nouvelle fois les yeux au ciel. Entre Chris et Jayden, elle n'aurait su dire lequel était le plus désespérant.

Le nouveau venu se cala prêt d'elle, avant de jeter un coup d'œil à sa tablette, toujours allumée.

— T'y comprends quelque chose, toi ? S'étonna-t-il en reconnaissant les exercices. Ce professeur est clairement le pire que j'ai jamais eu !

— Tu dis la même chose chaque année, lui fit remarquer Chris. Mais tu n'as pas tord.

Jayden lui lança un clin d'œil. C'était un garçon brun à peine plus grand qu'Eva, les yeux noisettes, et le même air moqueur qu'affichait souvent le visage de Chris.

Ce n'était pas pour rien si ils étaient tout deux meilleurs amis.

— Au fait, Jay, tu n'aurais pas vu Megan ? Lui demanda-t-elle, réalisant que la sonnerie allait bientôt retentir. Elle jeta un regard autour d'elle, mais aucune trace de leur amie.

— Elle doit être en retard, comme d'habitude... Soupira le garçon brun. Je me demande si elle arrivera à l'heure un jour. Ce serait incroyable.

Eva sourit. Megan n'était pas ce qu'on pouvait appeler "respectueuse des horaires imposés". La discipline était considérée comme essentielle et primordiale dans la Ville, pourtant elle ne semblait pas ressentir de culpabilité à arriver toujours de justesse. Megan et elle étaient amies depuis plusieurs années déjà, mais elles ne formaient un groupe avec Jayden et Chris que depuis l'année précédente. Leur amitié à tous les quatre avait débutée en plein milieu d'un cours, lorsqu'ils s'étaient tous retrouvés exclus en même temps. Ils avaient alors été forcé de rester pendant plus d'une heure dans le couloir, et s'ennuyaient d'un pied ferme. Puis, prit d'un élan d'ingéniosité, Chris avait proposé de jouer à un jeu... Eva sourit. Cette histoire lui semblait dater de plusieurs siècle.

Elle fût brutalement arrachée de ses pensées lorsque la sonnerie stridente retentit en résonnant entre les murs métalliques, annonçant le début des cours. En grimaçant, elle ne put s'empêcher de penser qu'elle ressemblait à s'y méprendre à un cris d'agonie.

— Allons assister à nos heures de torture quotidienne que le gouvernement ose appeler "étude"! Lança joyeusement Chris, avant de pénétrer dans la salle dont la porte venait de coulisser. J'ai trop hâte !




—————————

(1204 mots)


Here's the chapter two bitcheeeeees

Vous en avez pensé quoi ?


N'hésitez pas à voter si vous avez aimé, et à mettre un max de commentaires (Je me prends peut-être pour une youtubeuse bôté, qui sait ?)


Love

Memoriae - Tome 1 : No man's landWhere stories live. Discover now