— Tu m'aimes réellement ?


Il intensifie son regard, et je découvre que oui. Il est bien amoureux de moi. Et je pleurniche encore plus, au point de ne plus arriver à m'arrêter.


— Inès, oui, je t'aime ! m'avoue t-il au bout d'un temps qui m'a semblé être une éternité. Je ne savais pas comment te le dire !


Puis sans m'y attendre, il m'embrasse d'un chaste baiser, puis il recule brusquement, certainement dû au fait, que je n'ai pas répondu, étant encore déboussolée par son aveu.


— Je suis désolé ! s'excuse t-il, alors qu'il n'a rien fait de mal.


C'est moi, qui devrais m'expliquer, mais je n'en fais rien et lui saute au cou. Il est surpris, mais se laisse aller à mon étreinte. Et pendant de longues minutes, nous nous bécotons avec passion.

C'est lorsqu'il veut approfondir notre baiser et m'allonger sur le grand canapé, que je me rappelle où nous sommes, et surtout pourquoi je suis venu ici...


— On devrait parler ? dis-je entre deux baisers ardents.

— Ça peut attendre ! repousse t-il ma proposition en m'embrassant avec encore plus d'ardeur.

— Non Abel ! On doit le faire maintenant, avant d'aller trop loin ! je m'écarte de lui à contre cœur, mais c'est nécessaire.

— OK ! Mais c'est pas la peine de t'éloigner à ce point de moi, si ? rouspète t-il alors que je mets un peu de distance entre nous.

— Je préfère ! Sinon, je serai incapable de m'excuser...

— Mais de quoi veux-tu t'excuser ma chérie ? s'approche t-il dangereusement de moi avec son sourire ravageur.


Il me fait perdre tous mes moyens. Alors qu'il me scrute de ses yeux rieurs, moi, je suis toute déboussolée.


— Je t'écoute ?

— Quoi ?

— Tu veux qu'on parle ? Alors vas-y !

— Je... je...

— Inès, tu es sûre que ça va ?

— Oui ! Mais arrête de me regarder ainsi !


C'est vrai quoi ! Il paraît être en rut, se léchant presque les babines devant mes yeux. Comment je peux me concentrer face à un tel prédateur ?


— Excuse moi ! Je ne te fixerais plus ! m'annonce t-il avant de partir dans un fou rire.

— Abel ! Je suis sérieuse ! Je voulais m'excuser mais comme ça, c'est impossible !

— Excuses acceptées ! On peut revenir là où on en était ? se précipite t-il sur moi.

— Non ! Sois un peu sérieux ! Tu ne veux pas savoir pourquoi je suis venue te voir, et pourquoi j'ai refusé de te parler pendant tous ces jours ?

— Non ! Tu es là, c'est tout ce qui m'importe !

— Abel ! J'étais persuadée que je te faisais peur. Que mes cicatrices te terrifiaient...

— Je t'avais pourtant dit que ce n'était pas le cas ! se lève t-il d'un bond s'éloignant de moi à toutes jambes. Alors il avait raison ! prononce t-il en faisant les cent pas et ne me regardant pas.


Il continue son petit manège de va et vient se parlant à lui-même, avant de percuter que j'étais toujours dans la même pièce que lui.


— Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Tu es bien là car tu ne crois plus à ces débilités, rassure-moi ?

— Marcio !


Il me fixe comme s'il ne croyait pas que son ami lui est venu en aide. Il est sous le choc ! Vraiment ! Il s'assied près de moi, sa tête dans les mains.

Je me risque à mettre ma main sur ses cheveux et attends une réaction de sa part, qui ne vient pas, alors je lui dis tout.


— Il est venu chez moi me dire que tu n'allais pas bien et que ce que j'ai pris pour de la peur envers moi, n'était autre que ta crainte d'aimer.

— Et tu l'as cru ? se tourne t-il pour m'avoir face à lui, un peu dérouté, ou peut-être énervé.


Je n'ose plus affirmer quoi que ce soit venant de lui, de peur de me tromper encore...


— Je n'aurais pas dû ?

— Oui, j'ai paniqué quand je me suis aperçu que j'étais amoureux de toi, mais pourquoi ne pas m'avoir écouté. Je t'aurais tout expliqué.

— Je ne voulais plus souffrir par ta faute Abel ! Et je savais, que je ne pourrais pas te résister, si tu me disais que tout ce que je me suis imaginée était faux.

— Alors tu préfères croire un inconnu que moi ?

— Dit comme ça, ça semble étrange, mais oui ! Je suis désolée !


Il ne réagit pas. Il est ailleurs, semble décontenancé par ce que je viens de lui dévoiler. Je suis paralysée, de peur qu'il ne me pardonne pas. Il était si heureux de me revoir et maintenant il est indifférent, du moins, c'est la sensation qu'il me donne. Je me trompe peut-être, j'espère...


— Abel, dis quelque chose ?


Il se remet sur ses pieds et me scrute avant de me crier son amour.


— Je t'aime Inès !

— Moi aussi, je t'aime Abel !


Je me lève à mon tour. On se retrouve face à face, les yeux dans les yeux, mains dans les mains, nos cœurs battant la chamade... lui, très sérieux, et moi, effrayée par ce qu'il va décider...


— Abel ? Tu me pardonnes ?


Les secondes s'écoulent et rien ne se produit. On reste statique, nos regards fixés l'un dans l'autre. Je ne sais plus quoi faire pour qu'il accepte mes excuses... J'aurais peut-être dû me laisser aller à la frénésie de tout à l'heure, ça m'aurait évité tant de tourments. Je suis la reine du gâchis, j'ai le don pour gâcher les merveilleux moments à deux.

Et quand je m'y attends le moins, il me sourit et me tire à lui.


— Je suis ravie, que pour une fois, mon soit disant meilleur ami m'est rendu un service. Je lui serais éternellement reconnaissant de t'avoir ramené à moi. Mais tu dois faire un grand effort sur toi-même ma chérie, tu dois me faire confiance ! Je sais ce n'est pas simple, mais je te promets que tu n'as aucune raison de douter de moi et de mon amour !


Et sur ces mots, il m'embrasse amoureusement.

Il m'a pardonné, et j'en suis ravie. Mais je n'oublie pas que je quitte le pays dans moins de vingt-quatre heures maintenant... En serai-je encore capable ? Partir ? Oui ! Mais sans lui ? Rien n'est sûr... 





Publié le mercredi 9 octobre 2019

ABEL ET LA BÊTEWhere stories live. Discover now