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Inès (la bête)


— Inès ! Je peux entrer ?, me demande ma petite sœur, qui n'est pas coutume, l'autorisation d'entrer dans ma chambre, dans laquelle je suis enfermée, cogitant depuis un certain temps sur le bien fondé de tout cette histoire.


Cette rencontre ne m'annonce rien de bien ! J'ai l'impression que je fais une grosse erreur en acceptant de le recevoir. Il n'est pas du tout le genre d'homme à s'intéresser à moi, et encore moins, s'il découvre ce que je lui cache. Mon corps, ainsi que mon visage, sont recouverts d'une fine couche du produit miracle que m'a passé mon meilleur ami, et cela fonctionne, je croirais voir une autre personne. C'est étrange, j'ai l'impression de n'être pas moi, d'être une inconnue.  



— Tu es resplendissante !, me congratule Lili en entrant dans ma pièce, sans y être invitée.


Cela ne devrait plus m'étonner, après tout ce temps. Elle n'attend jamais que je l'y autorise, elle entre ici comme dans un moulin.


— C'est fou comme j'ai du mal à croire que c'est toi !


Si ma sœur s'y met aussi ! Je ne suis pas sûre d'arriver à faire bonne figure, face à mon père. Si nous deux ont a déjà beaucoup de mal à me reconnaître, j'imagine même pas la tête de mon cher papa en me voyant. Il va sûrement prendre peur !


— Tu crois qu'il est encore temps de tout annuler ?

— Tu veux enlever ton maquillage ? Pourquoi ? Tu es magnifique !

— Je te parle d'annuler ce dîner absurde avec Abel et son père !

— Non ! N'y pense même pas ! Papa est très heureux de les accueillir à la maison et en plus ils ne doivent plus tarder maintenant.

— Comment ça ? Il est quelle heure ?

— Bientôt 20 h ! Et David est déjà là !

— Déjà ? Tu as programmé le four comme je te l'avais conseillé ?

— Oui ! Ne t'inquiète pas pour ça ! Dis moi plutôt ce qui se passe avec toi ?

— Rien !

— Inès, tu as beau être ma grande sœur, je peux encore te tirer les vers du nez, alors raconte ?

— C'est une énorme bêtise tout ça !

— C'est ta nervosité qui te fait dire ça ?

— Non ! Enfin peut-être un peu, mais c'est surtout que ce rendez-vous n'a pas lieu d'être ! On sait tous comment cela va se terminer !


Moi, j'ai toujours rêvé du prince charmant, qui viendrait sur son cheval blanc, me sauver de cette vie plus que difficile et triste, pas d'un coureur de jupons qui couche avec tout ce qui porte une mini-jupe.

Même si je lui plaît, avec cette nouvelle figure, un jour où l'autre, il apprendra et verra mon vrai visage. Et ce jour là, je serai encore la seule à souffrir.


— Inès, tu vas montrer à ce dragueur de pacotilles, qui est la vraie et merveilleuse Inès Marins ! C'est lui le monstre, c'est lui qui se fait un malin plaisir de faire souffrir toutes les belles femmes du Portugal, pas toi ! Je ne connais pas meilleure personne que toi !

ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant