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Abel


Qu'est-ce qu'il fout ! Il aurait déjà dû être là ! Je lui avais dit 21h, pas 22h. Moi, qui avais besoin de me changer les idées, ce n'est pas prêt d'arriver. Je lui envois un dernier message, et si je n'ai pas de nouvelles dans cinq minutes, je me casse !

Après ma journée de merde, j'ai donné rendez-vous à Marcio, dans notre bar, où l'on a nos petites habitudes, afin de me divertir un peu, mais il a décidé de jouer avec mes nerfs, comme tout le monde aujourd'hui.

Je ne comprends pas ! Tout avait pourtant si bien commencé, je me suis certes réveillé ailleurs que dans mon lit, mais cela n'était pas si désagréable. Le sourire des Martins en apercevant les sablés sur leur table à manger, m'avait rempli de joie. Mais tout cela s'est évanoui au moment où Inès a disparu comme une furie de la cuisine. Et mon désarroi n'a fait que s'amplifier au fil des heures, pour devenir complètement ingérable, quand j'ai reçu un appel de monsieur Martins m'annonçant que sa fille était dans l'incapacité de me recevoir ce soir, et que je devais la laisser se reposer, au moins le temps du week-end. Moi, qui me faisais une joie de passer du temps avec elle, me voilà contrains de changer mes plans.


— Eh ! Désolé du retard ! s'excuse mon ami en plongeant dans son siège. J'avais un client qui ne voulait pas me lâcher. Dis-moi qu'est-ce qui se passe ?

— Rien !


Je ne veux pas parler avec lui de mes problèmes, si je l'ai demandé de venir, c'est pour passer une bonne soirée et oublier mes soucis. Je n'ai nullement besoin d'un gars qui se moque de moi, car je suis préoccupé par une fille.


— Je ne pensais pas te revoir aussi vite ! Je croyais que ça marchait entre toi et la bête ? Je dois t'avouer qu'elle est monstrueusement belle ! Si tu ne comptes pas l'épouser, j'en ferais bien mon quatre-heures un de ses jours...


Il est sérieux ? Non ! Inès n'est pas une femme pour lui, elle nécessite beaucoup trop d'attention, ce qu'il ne sait pas offrir. Il y en a que pour lui !


— Jamais ! Tu m'entends ! Elle est bien trop intelligente pour tomber dans tes filets.

— C'est bon ! Pas la peine de t'énerver ! Je constate qu'elle ne t'est pas si indifférente ! Comment le pourrait-elle ? Elle est tout ce que tu désires !


C'est vrai ! Inès a tout pour me plaire ! Mais cela est-il suffisant à me faire chavirer de l'autre côté, celui des hommes amoureux, sages, fidèles... ? Je n'en suis pas si sûr ! D'ailleurs, c'est pour cela que je voulais avouer la vérité à mon sujet à Inès. C'était un moyen pour moi de savoir si ce que je ressentais pour elle, était bien plus qu'une simple attirance ou pas... Mais je vais devoir encore attendre !


— Et bien plus encore, tu n'as pas idée !

— Alors où est le problème ?

— Il n'y en a pas ! Je t'ai appelé à venir me rejoindre ici pour passer du bon temps, et non, pour parler de mademoiselle Martins.

— OK ! Tu ne veux pas me dire ce qui t'embête, c'est toi que ça regarde ! Mais je suis intimement persuadé que celle qu'on surnomme la bête, est responsable de ta mauvaise humeur.

— N'importe quoi ! Je ne suis pas de mauvaise humeur, je suis juste fatigué de ma journée !

Et déboussolé face au comportement étrange d'Inès, mais ça, il n'a pas besoin de le savoir.

ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant