Partie 6 - Octogénaire

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Ma voisine est à nouveau secouée de contractions, je me soulève légèrement de mon siège et je fais des signes au docteur à l'arrière.

De nouveau, je me contorsionne pour passer au-dessus des genoux de Myriam. Celle-ci grimace comme si j'avais la peste. Je quitte les lieux pour retourner auprès du petit garçon en laissant libre cours au médecin.

C'est là que je la vois dans l'allée. La plus jolie jeune demoiselle de l'univers tout entier. Son corps bien galbé. Sa mini-jupe rouge. Son chemisier blanc légèrement transparent. Son sourire étincelant. Des cheveux noirs de jais. Elle exécute des gestes gracieux pour prendre quelque chose dans le porte-bagage au plafond. Je m'approche d'elle pour l'aider.

— Vous voulez celui-ci ? demandé-je en pointant un petit sac assorti à sa jupe.

— Oui, s'il vous plaît.

Je m'étire de tout mon long pour récupérer sa besace. Je la saisis et lui tends avant de refermer le compartiment.

— Merci !

— Il n'y a pas de quoi. Je m'appelle Sangdor ! Et vous ?

— Bianca, me susurre-t-elle en roulant des hanches.

Je lui adresse un sourire enjôleur, mais malheureusement pour moi, l'hôtesse vient nous indiquer qu'il est toujours strictement interdit de se lever.

Je fais un clin d'œil à Bianca et je m'éloigne vers l'arrière pour retrouver le siège du médecin.

Le petit garçon a fait plusieurs dessins du paysage extérieur ainsi que des passagers. Ils me les montrent les uns après les autres avec moult détails. Je voudrais me sauver de cette situation, mais je dois agir comme un être humain le ferait. Je ne dois en aucun cas attirer l'attention.

Je tente de contrôler mes paroles et mes gestes jusqu'à ce qu'un petit éclair rouge passe près de moi.

Je n'hésite pas une seconde et je suis le mouvement de déhanchement de Bianca vers les toilettes.

Lorsque celle-ci s'apprête à fermer la porte, je glisse ma main dans l'embrasure et m'invite en sa compagnie.

Bianca, légèrement surprise, ne dit pourtant pas un mot et me tend les bras. Je m'approche d'elle pour l'embrasser, mais dans un geste vif elle plonge ses canines dans mon cou.

— Hé, mais t'es folle ! lancé-je.

En s'apercevant qu'aucune goutte de sang ne parcourt ma chair, elle me repousse avec exaspération.

— Je pensais avoir trouvé un bon repas, mais t'es juste un vieux vampire pourri.

— Je pensais te savourer après t'avoir fait l'amour.

— Oublis ça, je ne fais pas dans les octogénaires, répond-t-elle avec un regard acide.

— Je n'ai que trente ans tu sauras.

— C'est ce que je disais.

De nouveau on frappe à la porte. Nous sortons l'un après l'autre sous le regard médusé d'une dame âgée visiblement choquée.

Je lui adresse un signe de tête et un sourire coquin qui ont pour effet de la perturber encore davantage.

Maintenant rouge écarlate, la femme entre dans la salle de bain à son tour à toute vitesse.

Sangdor - La ville sur la baieWhere stories live. Discover now