Partie 4 - Charme

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Je me plonge dans les pages qui défilent devant mes yeux les unes après les autres. Plusieurs passagers sont retombés dans le sommeil, y compris mon voisin de siège.

Une odeur de sang emplit mes narines. Mes yeux perçants trouvent tout de suite la source. Une femme dans une autre rangée s'est coupé le bout du doigt avec une feuille.

Mes instincts me crient d'attaquer. Je passe la langue sur mes lèvres sèches. Puis, je reçois un coup de coude lorsque le garçon à mes côtés tente de se pencher pour ramasser un crayon. Ce simple geste me ramène à la réalité.

J'aide le petit à trouver sa proie à nos pieds et je me cale à ma place. Les effluves métalliques ont disparu, grâce à un antiseptique et un pansement.

Je me concentre de nouveau sur mon bouquin. Je tourne une des pages minces lorsqu'un coup de canne sur le tibia me tire de mes pensées.

— Les contractions ont cessé. Vous pouvez retourner à votre siège.

— Bien monsieur.

Je me lève et je me dirige encore vers la salle de bain en quête de quelques minutes de paix.

Alors que je viens à peine de m'y engouffrer, j'entends déjà toquer à la porte.

Je pousse un soupir d'exaspération et je sors de ma cachette. Une petite fille aux cheveux bruns se tient devant moi. Je lui fais signe d'entrer puis je retourne à ma place.

Je trouve la femme enceinte, assoupie sur son siège. Je ne peux passer sans la réveiller.

Je résiste à l'envie de la déplacer et je me dirige vers l'avant ou l'hôtesse est occupée à remplir son chariot.

— C'est encore moi. Dites-moi, est-ce que vous auriez une autre place pour moi ? La dame avec qui je suis s'est endormie et je n'ose pas la réveiller de nouveau... avec toutes ces contractions, vous comprenez ?

Je lui lance un sourire charmeur en prenant une pose décontractée sur le pas de porte coulissante.

Celle-ci m'adresse un regard mauvais.

— Aucun changement de siège n'est toléré dans cet avion.

— Très bien. Merci quand même ! Si jamais vous êtes disponible après le travail, on pourrait se faire un dîner.

— Ça suffit monsieur !

— Ne le prenez pas mal, vous êtes tout simplement jolie.

J'avais eu bon espoir de la déguster après le vol, mais devant son ton décidé et son air offusqué je m'éclipse et retourne à ma place.


Sangdor - La ville sur la baieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant