— Parce que personne ne l'aimait ici, Ezra. Moi la première : cette princesse a débarqué et a volé ton cœur. Je ne supportais pas le fait qu'elle ait eu le droit de profiter de toi et que derrière tout ça, vous faisiez semblant d'être une famille devant tout le monde !

Serait-ce de la jalousie...?

— Je rêve, tu es juste jalouse qu'elle ait eu de l'affection, chose que tu n'as jamais eu de ma part.

Outrée, Hélène tente de me gifler mais j'intercepte son mouvement avant et contracte ma mâchoire tout en contrôlant mon souffle demeurant lourd et rapide. Ses yeux s'écarquillent de surprise.

— Ne t'avise plus jamais de faire ce genre de geste avec moi, Hélène.

Je serre son poignet assez fort pour qu'elle comprenne et la vois grimacer.

— Tu l'aimes, n'est-ce pas ? dit-elle à mi-voix.

Incapable de lui répondre, je la regarde silencieusement, entendant la musique entraînante derrière moi.

— Dégage d'ici.

Elle ne cille pas, je serre les poings.

— Va-t'en ! hurlé-je, hors de mes gonds.

La soirée se passe chez moi, pour une fois.

Hélène s'éclipse et disparaît alors dans la masse humaine qui se dessine devant moi. Mon corps est secoué de tremblements dues aux nombreuses conneries que j'ai pris ce soir. Je pars dans la salle de bains et m'enferme à l'intérieur.

Mon reflet dans le miroir devant moi paraît si pathétique : mon teint est blafard, mes pupilles sont dilatées et la chair de poule recouvre ma peau. Je soupire et ferme les yeux durant quelques instants, juste pour me concentrer sur moi-même. Les battements de mon cœur sont irréguliers, la sueur qui recouvre mon front est due à la prise de stupéfiants.

Quelles merdes ces trucs là. Mais bordel, ce que ça fait du bien.

Je sors en trombe de la pièce et me dirige vers les étages supérieurs dont j'ai interdit l'accès : il y a une limite tout de même et vais dans la chambre de Bonnie.

J'ouvre la porte-fenêtre et pénètre sur le balcon. Je surplombe tout le monde et dirige la ville d'un regard ferme bien que fatigué. Je presse les paupières et l'imagine à mes côtés.

C'est alors que je sens ses doigts caresser ma peau, son doux souffle effleurer mes lèvres avides des siennes et de ses cheveux à la senteur fruitée irrésistible. J'imagine ensuite entendre sa voix faite de cette douceur extrême qui apaiserait une âme brisée comme la mienne.

Je sens sa chair se presser contre la mienne et sa chaleur m'irradier lentement, assurément. Je souris, repense à ses lèvres, à leur goût sucré si envoûtant.

Que ferais-je sans elle ?

La réponse est évidemment rien. Cette fille vaut tout l'or du monde pour moi. Encore deux semaines à tenir et je pourrais partir à Londres en m'aidant de l'argent que j'ai gagné.

J'ai prévenu Lois que j'arrêtais bientôt les combats : mon corps a assez trinqué pendant des années. Le gang n'était pas ravis, tant pis. Il ne me sera plus utile dans quelques semaines. Je vais enfin me débarrasser de tout ce qui m'a fait perdre Bonnie.

Je reviens auprès des autres et m'efforce de sourire sans que l'envie ne m'effleure. J'observe les gens, leur adresse de petits hochements de tête sans attendre quelque chose en retour. La musique continue d'être diffusée via les enceintes murales.

Des personnes sautent dans la piscine, d'autres se contente juste de jouer au billard autour de bières bien fraîches. Je ne peux pas arrêter de penser à ce que pourrais faire Bonnie en ce moment même : est-elle bien entourée ? Ce fameux Jason prend-il mieux soin d'elle que moi...?

Je suis détruit, perdu.

J'oriente ma tête vers le ciel aussi noir que les ténèbres eux-mêmes et étoilé comme les yeux scintillants de ce noisette mordorés de Bonnie et souris bêtement. Je peux presque sentir sa présence auprès de moi, comme tantôt. Et à ce moment précis, je sais pertinemment qu'elle pense également à moi.

Quelque part, je l'espère sincèrement comme si ce sentiment pouvait être partagé entre deux âmes séparées par deux foutus continents. Je voudrais pouvoir l'embrasser, lui dire à quel point je suis un con et lui murmurer un tas de choses douces bien que ça fasse niais.

Je m'en contrefiche : je l'aurais toujours si je n'avais fait l'idiot avec ma putain de vie.

Bordel, j'ai tout foutu en l'air.

Peut-être que si j'avais su quoi faire dès le début, je l'aurais gardé assez longtemps auprès de moi pour lui dire que je l'aimais de tout mon âme sans hésitation.

***

BONSOIR !!

Vos impressions sur ce chapitre ? 💙😘

Bonne soirée mes petites lunes <3

Nolwenn

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Paradoxe (Tome 2)Where stories live. Discover now