Chapitre 1 (Version Édité)

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Pour Maman.

Pour moi.

Pour lui.

— Ça va aller ?

La voix douce et mélancolique de ma mère me tire de mes pensées.

Je hoche la tête.

— OK. Finissons-en au plus vite, alors. Les déménageurs viennent chercher toutes les boîtes dans..., elle prend une pause, scrutant sa montre du regard : cinquante-cinq minutes !

***

Papa a dû répondre à nos prières, car nous bouclons les derniers paquets alors que le camion se gare devant la maison.

Hier, nous avons passé la soirée à faire nos adieux à cet endroit. Ce dernier renferme mes plus beaux souvenirs d'enfance, mais je suis fin prête à changer d'air. Le destin m'appelle ailleurs, j'y vais la tête haute. Ce que j'ai accompli ici, dans ce quartier modeste de Portland, restera à jamais gravé dans ma mémoire. Même si je quitte ce lieu, les sentiments qui bercent ces murs ne me déserteront pas. Ils sont là, bien au chaud dans le creux de ma poitrine. Et puis, si jamais je sombre dans la nostalgie, j'aurai toujours mes albums photo.

— Stefen !

Maman hurle en se jetant dans les bras de son copain. À ses yeux, c'est un jour très émotif. Non seulement ma mère laisse derrière elle notre « chez nous », mais elle recommence à zéro. Une nouvelle vie, un nouveau départ. Voilà ce que le vingt-deux septembre représentera à jamais dans sa mémoire. Cette matinée, plutôt ensoleillée pour un début de journée si près de l'automne, signe le commencement d'un second chemin qui se trace devant elle. Et tout cela, nous le devons à Stefen.

Après l'avoir enlacée, il s'avance vers moi. Fidèle à son habitude, ses cheveux grisonnants sont impeccablement domptés par du gel, et sa chemise blanche n'arbore pas un seul pli, mis à part sur son bras gauche, là où ma mère a déversé un torrent de larmes. Dans un geste à mi-chemin entre la familiarité et la gêne, il pose une main sur mon épaule.

— Tu es prête, Eliza ?

Je fais volte-face pour jeter un dernier coup d'œil à la devanture bleue et jaune de mon foyer. Même si j'ai toujours détesté cette couleur, elle va tout de même me manquer. Ça me fait bizarre... si bizarre. Pourtant, tout au fond de moi, je sais qu'il s'agit de la meilleure décision que Maman et moi n'ayons jamais prise depuis que nous sommes seules.

— Oui, allons-y, acquiescé-je en me retournant vers lui, un sourire triste aux lèvres.

Il me dévisage longuement, l'air compréhensif. Son côté paternel me fait penser à Papa. Maman ne pouvait pas trouver un meilleur homme pour la combler de bonheur.

— Liam n'est pas en mesure d'aider, alors ? lâche cette dernière avant d'appuyer les doigts devant sa bouche, réalisant l'horreur qu'elle vient de dire.

C'est bien du Anastasia Bright, ça. Ai-je dit qu'elle était tête en l'air ? Eh bien, voilà que sa maladresse sans nom – dont je n'ai pas hérité, à mon plus grand bonheur – revient à la charge aussi vite qu'un taureau.

— Chérie, tu sais bien qu'avec son bracelet électronique, il ne peut s'éloigner à plus de cinq cents mètres de la maison...

Chaque fois que Stefen parle de son fils, Liam, il a cet air mécontent placardé sur le visage. Crispés par ses sourcils froncés, ses traits en disent long sur ce qu'il ressent. Cela ne doit pas être facile d'avoir un rejeton sorti tout droit de prison. Pourtant, selon ma mère, il garde son calme. Peut-être est-ce parce qu'il ne veut pas laisser transparaître ses émotions et plomber davantage l'ambiance. Ou alors, il a peur de laisser libre cours à sa fureur.

À Jamais Plus De Cinq Cents Mètres T1 & 2 - Publié Chez Butterfly ÉditionsWhere stories live. Discover now